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Actualités - CHRONOLOGIE

Les milieux politiques, économiques et syndicaux critiquent les décisions gouvernementales

Aussi bien dans les milieux politiques et économiques que syndicaux, les mesures décidées par le gouvernement le mardi 10 juin concernant la hausse des taxes douanières sur les voitures et l’interdiction d’importer un grand nombre de produits agricoles ont été vivement critiquées
La CGTL-Zoghbi, le Hezbollah, le syndicat des importateurs et exportateurs d’agrumes et de légumes et les députés Michel Pharaon, Tammam Salam et Moustapha Saad, ont appelé hier le gouvernement à revenir sur ces décisions qualifiées de protectionnistes et ont mis en garde contre les retombées de cette politique sur l’économie nationale.
La CGTL reconnue par le pouvoir a dénoncé la hausse des taxes douanières sur les voitures en l’absence d’un plan de développement des transports en commun. Une délégation de la centrale conduite par son vice-président, M. Georges Hajj, a été reçue hier par M. Sélim Hoss, ancien chef du gouvernement. Dans un communiqué publié après la réunion, la CGTL a aussi critiqué les restrictions imposées à l’importation «qui interviennent alors que le calendrier agricole n’a toujours pas été adopté ce qui risque de favoriser l’émergence de monopoles».
Le secrétaire général de la CGTL, M. Saadeddine Hamidi Sacre, s’est élevé contre «la décision du gouvernement d’imposer de nouvelles taxes qui touchent en premier la majorité des Libanais aux revenus limités».
Dans une déclaration à la presse hier, M. Sacre a appelé le Conseil des ministres à «réviser d’une manière radicale sa politique de taxation» et a demandé aux députés de «rejeter les dernières mesures prises par l’Exécutif».
Le syndicat des importateurs et exportateurs de légumes et d’agrumes a de son côté exhorté le gouvernement à revenir sur ses décisions d’autant plus que celles-ci sont en contradiction avec plusieurs accords arabes et internationaux signés par le Liban. Dans une lettre adressée au premier ministre, M. Rafic Hariri, le syndicat s’est demandé comment le gouvernement pourra concilier entre ses récentes mesures et la signature le 11 avril 1985 de l’accord de développement des échanges commerciaux entre les pays arabes qui vont faire tomber les barrières douanières le premier janvier 1998 et son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (anciennement Gatt).
Le syndicat s’est aussi interrogé sur le sort du surplus des productions locales de pommes, de poires et de raisin au cas où les mesures adoptées le 10 juin seraient mises en application à partir du premier octobre 1997 comme le prévoit le gouvernement. «Ne pensez-vous pas que les pays arabes vont prendre des mesures de rétorsion similaires au cas où le Liban fermerait ses frontières devant leurs produits?», s’est demandé le syndicat en s’adressant à M. Hariri.

Improvisation et
précipitation

MM. Mohammed Raad et Ammar Moussaoui, membres du bloc parlementaire du Hezbollah, ont également dénoncé «les méthodes utilisées par le gouvernement pour faire face à la crise économique qui secoue le pays». M. Raad, président du conseil politique du parti islamiste, s’est élevé contre la hausse des taxes «qui aggrave le chômage et prive des milliers de libanais de leurs emplois». Il a par ailleurs avancé le chiffre de 200 milliards de livres qui sont gaspillés tous les ans à cause de la mauvaise gestion.
M. Moussaoui a de son côté appelé le gouvernement à revenir sur ses dernières décisions, précisant que «la protection de l’agriculture libanaise ne peut pas se faire en fermant les frontières devant les produits importés». Lors d’une conférence de presse organisée hier au Parlement, le député du Hezbollah a déclaré que «le meilleur moyen pour développer le secteur agricole est de soutenir la production en offrant des facilités financières à travers les crédits, en améliorant l’irrigation et en assurant des engrais à des prix raisonnables».
M. Tammam Salam, député de Beyrouth, a indiqué que la hausse des taxes douanières et les restrictions imposées à l’importation sont le fait de la «précipitation du gouvernement», estimant que ces mesures auront des répercussions négatives.
M. Moustapha Saad, député du Liban-Sud, a pour sa part déclaré que «la politique économique et sociale du gouvernement est basée sur l’improvisation et non pas sur des études précises et scientifiques».
M. Michel Pharaon, membre du bloc parlementaire de M. Hariri, a souligné que les mesures de l’Exécutif ont suscité de nombreuses interrogations chez certains organismes économiques, notamment chez les commerçants. Dans une déclaration à la presse hier, M. Pharaon a exprimé ses «réserves» à l’égard des décisions gouvernementales. «Bien que le Conseil des ministres ait réaffirmé son attachement à l’économie libre, a-t-il dit, ses dernières décisions ont suscité de nombreuses interrogations (...). Le règlement de la crise doit se faire à travers des études scientifiques préparées en coopération avec les organismes économiques dans le respect des principes de l’économie libanaise».

Les agriculteurs
satisfaits

Devant cette campagne de protestation, les quelques voix satisfaites par les décisions du gouvernement passent presque inaperçues. Plusieurs syndicats et rassemblements agricoles ont envoyé des télégrammes hier au ministère de l’Agriculture exprimant leur soutien aux mesures imposant des restrictions à l’importation de certains produits.
La Fédération générale des syndicats agricoles au Liban (section Baalbeck-Hermel) a tenu hier une réunion élargie en présence de représentants des différentes régions de la Békaa. La Fédération a envoyé un message de soutien au ministre de l’Agriculture, M. Chaouki Fakhoury.
Les syndicats des produits agricoles ont aussi tenu une réunion à Rmeilé (Iqlim el-Kharroub) et a exprimé son appui à M. Fakhoury.
Aussi bien dans les milieux politiques et économiques que syndicaux, les mesures décidées par le gouvernement le mardi 10 juin concernant la hausse des taxes douanières sur les voitures et l’interdiction d’importer un grand nombre de produits agricoles ont été vivement critiquéesLa CGTL-Zoghbi, le Hezbollah, le syndicat des importateurs et exportateurs d’agrumes et de légumes et les...