Fahd : le vote US sur Jérusalem , une entrave à la paix

Le roi Fahd d’Arabie Séoudite a estimé hier que la résolution de la Chambre des Représentants américains reconnaissant Jérusalem comme «capitale unifiée» d’Israël entravait les efforts visant à sauver le processus de paix au Proche-Orient.

«La résolution est de nature à entraver les efforts déployés par la communauté internationale pour sauver le processus de paix de l’impasse provoquée par les obstacles posés par le gouvernement israélien», a déclaré le roi Fahd qui présidait la réunion hebdomadaire du cabinet séoudien.

Cité par l’agence officielle séoudienne SPA, le souverain séoudien a estimé que cette résolution reflétait «une attitude hostile empêchant l’instauration d’une paix dans la région».
Le roi Fahd a toutefois salué l’«Administration du président américain Bill Clinton pour s’être opposée à la résolution de la Chambre des Représentants, qui est en contradiction avec les principes de la paix».
Le ministre séoudien de la Défense, le prince sultan Ben Abdel Aziz, a affirmé lors d’un entretien dimanche à Djeddah (ouest) avec son homologue américain William Cohen le «rejet par l’Arabie Séoudite de la résolution de la Chambre des Représentants».
La presse séoudienne, qui reflète généralement le point de vue officiel, avait appelé dimanche à ce propos les pays arabes à se préparer à la guerre contre Israël et dénoncé la politique américaine envers les Arabes.
La Chambre des Représentants avait voté mardi dernier une résolution non contraignante qui prévoit d’allouer 100 millions de dollars pour transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Les Etats-Unis, comme la plupart des pays, n’ont jamais reconnu l’annexion en 1967 par Israël de Jérusalem-Est.
Le département d’Etat a violemment réprimandé jeudi dernier la Chambre des Représentants, affirmant que les Etats-Unis n’avaient pas à interférer dans la dispute israélo-palestinienne concernant le statut de Jérusalem.
Cette question va sûrement être au centre des entretiens de M. Arafat en Arabie Séoudite. En effet, le président de l’Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat, est attendu à Djeddah pour des entretiens avec les dirigeants séoudiens, a annoncé hier le représentant palestinien à Ryad.
Selon M. Mustapha Cheikh Dib, M. Arafat, dont la dernière visite dans le royaume remonte à décembre 1996, doit examiner avec le roi Fahd et le prince héritier Abdallah les développements du processus de paix israélo-palestinien, gelé depuis la mise en chantier du quartier juif de Har Homa à Jebel Abou Ghneim le 18 mars.

Sit-in devant le consulat U.S. à Jérusalem

Par ailleurs, une cinquantaine de Palestiniens ont tenu un sit-in devant le consulat américain à Jérusalem-Est pour protester contre le vote de la Chambre des Représentants à Jérusalem.
Le responsable du dossier de Jérusalem à l’Autorité palestinienne, Fayçal Husseini, et d’autres personnalités, faisaient partie des manifestants et ont remis à un employé américain une lettre de protestation.
«Une telle résolution ne sape pas seulement la crédibilité des Etats-Unis comme parrain du processus de paix, elle risque de torpiller le processus lui-même» a déclaré aux journalistes M. Husseini.
«J’appelle l’administration américaine à ne pas réviser sa position traditionnelle sur Jérusalem», a ajouté le responsable palestinien rappelant que les Etats-Unis, à l’instar de la communauté internationale, ne reconnaissent pas l’annexion de la partie orientale de la ville par Israël, après la guerre de juin 1967.
Plus incisif, le mufti de Jérusalem, cheikh Akram Sabri, a qualifié la résolution de «déclaration de guerre aux musulmans, aux Arabes et aux Palestiniens».
Les manifestants surveillés par un important service d’ordre policier israélien ont déployé des pancartes portant des inscriptions «Pas de paix sans Jérusalem», «Américains: nous ne sommes pas des Indiens» et «Jérusalem n’est pas seulement chère à certains groupes (en allusion aux Juifs) mais à deux milliards de musulmans et de chrétiens».
La lettre, lue aux journalistes, accuse les Etats-Unis de «contribuer activement à la destruction du processus de paix» déjà miné par «la politique d’expansion colonisatrice du gouvernement» israélien.
Une délégation des manifestants n’a pas été autorisée à pénétrer dans l’enceinte du consulat. La manifestation s’est achevée sans incident.
Le congrès avait déjà voté une loi sur le transfert de Tel-Aviv à Jérusalem de l’ambassade américaine d’ici 1999, laissant toutefois au président américain le droit de reporter au besoin cette échéance. Ces résolutions sont restées jusqu’à présent lettre morte.