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Actualités - CHRONOLOGIE

Semaine sainte en Espagne : sous le signe des effets spéciaux

MADRID, 26 Mars (AFP). – Un Christ découpé en morceaux, des flagellants qui enduisent leurs plaies de verre pilé, un Judas en chair et en os pendu à un olivier: en marge des grandes processions de Séville ou de Cordoue, la Semaine sainte est prétexte dans d’innombrables villages de l’Espagne profonde à la résurgence des traditions les plus étranges.
A San Vicente de la Sonsierra, près de Logrono (nord), aura lieu vendredi l’effrayant rituel de la «pica»: le visage masqué par des cagoules blanches, jusqu’à cinquante pénitents se fustigeront le dos à l’aide de fouets en lin de cinq kilos, sous les encouragements ou les cris d’horreur de la foule.
Soutenus par un membre de leur «confrérie», les flagellants anonymes, agissant par vœu ou par simple bravade, presseront ensuite douze fois sur leurs plaies une éponge de cire truffée de bouts de verre. Le lendemain, après s’être enduits d’un onguent à la formule secrète, ils retourneront travailler aux champs.
Moins douloureux mais pour un résultat également spectaculaire, les «effets spéciaux» plusieurs fois centenaires imaginés par les habitants du village de Riogordo, en Andalousie (sud), pour recréer les scènes de crucifixion et la pendaison de Judas sans faire de blessé.
Tout au long de la Semaine sainte, le village se transforme en gigantesque théâtre pour reproduire avec un réalisme surprenant la Passion du Christ, de l’entrée dans Jérusalem à la résurrection le dimanche de Pâques. La mise en scène pousse le perfectionnisme jusqu’à pendre un véritable Judas à une branche d’olivier.
Après s’être passé la corde au cou, le «traître» grimpe à l’arbre et, au dernier moment, parvient grâce à un trucage à accrocher discrètement le filin à un corset de cuir dissimulé sous sa tunique, ce qui lui permet de se jeter dans le vide sans se briser la nuque. Plus tard, un Jésus crucifié se fait percer le cœur par la lance d’un soldat romain. Le sang qui jaillit de sa poitrine n’est autre que de l’encre rouge contenue dans un sac.

Statues amputées

Des dizaines d’autres villages espagnols s’enorgueillissent de posséder des traditions insolites pour la Semaine sainte. A Puente Genil (province de Cordoue, sud), des personnages vêtus de costumes bibliques défilent dans les rues en portant chacun un morceau amputé d’une statue du Christ: pieds, mains ou tête badigeonnés de sang.
Le Samedi saint à Orihuela (province d’Alicante, sud-est), une statue de «diablesse» nue est promenée dans la ville, une tête de mort entre les jambes, pour être conspuée par la foule qui la couvre de toute sorte d’immondices. Dans le village de Verges, en Catalogne (nord-est), cinq squelettes parcourent les rues pour se livrer, le soir du Jeudi saint, à une ténébreuse «danse de la mort» dont la tradition remonterait à l’an mil.
A Bercianos de Aliste, dans la Sierra de la Couleuvre (nord-ouest), un Christ est descendu de sa croix le Vendredi saint pour être enterré par des dizaines de «croque-morts» en robe blanche et au visage masqué, dans une atmosphère fantomatique.
Dans un autre registre, et comme chaque année depuis un édit du roi Charles III, au XVIIe siècle, un détenu de la prison d’Alhaurin de la Torre (sud) sera grâcié le Mercredi saint à l’issue d’une procession dans la ville de Malaga.
Pedro Jimenez Rubi, condamné à quatre ans et deux mois de prison pour un cambriolage, a été choisi parmi trois candidats par la confrérie «Nuestro Padre Jesus el Rico». Incarcéré depuis seulement quelques semaines, il verra sa grâce notifiée personnellement par le ministre de l’Intérieur, et retournera dans sa famille après avoir fait pénitence en portant la statue du Christ.
MADRID, 26 Mars (AFP). – Un Christ découpé en morceaux, des flagellants qui enduisent leurs plaies de verre pilé, un Judas en chair et en os pendu à un olivier: en marge des grandes processions de Séville ou de Cordoue, la Semaine sainte est prétexte dans d’innombrables villages de l’Espagne profonde à la résurgence des traditions les plus étranges.A San Vicente de la Sonsierra,...