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Actualités - ANALYSE

L'opposition entame un travail de sape à l'intérieur même du gouvernement

Un ministre opposant — mais oui, on en trouve de nouveau, comme dans le premier Cabinet Hariri... — se lance à son tour dans la campagne (la cabale disent les loyalistes) contre le chef du gouvernement, qu’il accuse de «fuite constante en avant». D’autant, ajoute ce politicien, qui sous-estime apparemment l’importance de la communication, que M. Hariri passe beaucoup de temps loin de nous, en visite officiel ou de travail à l’étranger. Sans craindre la contradiction, le ministre se plaint tout de suite après «de la présence envahissante de M. Hariri qui veut traiter tous les dossiers, tout trancher sans consulter personne, intervenir dans tous les départements en nous contournant sans vergogne, sans aucun respect pour nos responsabilités, comme s’il détenait à lui tout seul tous les portefeuilles».
Et d’affirmer voir dans cette boulimie décisionnelle «le signe d’un certain désarroi, une volonté de jeter, par une agitation aussi fébrile que factice, de la poudre aux yeux du public pour lui faire oublier que tous les rêves promis naguère se sont évaporés et que toutes les belles promesses sont restées lettre morte».
«Aujourd’hui, poursuit cette personnalité que la gratitude ne semble pas étouffer, les grands projets sont bloqués, à cause de l’exacerbation de la crise régionale. M. Hariri qui, à ses débuts, ne savait pas, faute d’expérience, que gouverner c’est prévoir et même prévoir le pire, avait misé sur une paix relativement rapide. Le blocage du processus a brisé son élan et le plan Solidere mis à part donné un coup d’arrêt à ses projets grandioses de reconstruction et de développement. Il n’y a pas de crédits et personne ne veut en avancer avant qu’on ne sache où va la région. Trois mois après le forum de Washington, les «amis» qui y avaient fait des promesses mirobolantes s’esquivent l’un après l’autre et l’affaire des Japonais n’arrange pas les choses... Ce qui est regrettable, souligne cette source, c’est que M. Hariri et son équipe continuent à s’en tenir aux mêmes options somptuaires, alors que le Trésor est exsangue, au lieu de se rabattre par réalisme sur des projets plus modestes mais plus utiles, sur tous les plans. Contre toute logique, M. Hariri semble toujours croire en un rapide dénouement positif au plan régional. Les événements lui donnent chaque jour tort, aussi bien en Israël, dans les territoires palestiniens qu’au Liban-Sud mais il ne veut pas en démordre et cette obstination peut nous coûter cher en fin de compte».

Le jusqu’auboutisme
hargneux de Netanyahu

Cette approche de l’attitude haririenne est de toute évidence subjective car en réalité le chef du gouvernement ne cache pas, surtout après sa visite au Caire, qu’il est pessimiste quant aux perspectives régionales et qu’il y a même de bonnes raisons de voir l’avenir en noir, du moins en ce qui concerne le processus de paix, en grand danger de liquidation du fait du jusqu’auboutisme hargneux de Netanyahu et de ses provocations multipliées, qui sont autant d’appel d’air pour la violence tous azimuts.
Selon un autre ministre, moins aveuglé par le ressentiment, «le président du Conseil serait disposé à revoir ses calculs et à infléchir sa politique globale, en modifiant l’ordre de priorités au profit des projets à caractère plus social que de reconstruction-développement». D’après ce ministre, «les grands projets dont la déclaration ministérielle avait fait état, malgré les objections et les objurgations de M. Walid Joumblatt, vont être remisés au rancart, car la crise socio-économique devient trop préoccupante et il faut dès lors s’atteler de toute urgence, en toute priorité, à la traiter à travers diverses mesures concernant les différents domaines d’activité ou de production du pays. Il faut donc procéder à un réexamen de toutes les données et organiser une sorte de séminaire ministériel à cet effet», conseille en conclusion ce ministre.
Mais M. Hariri se résoudra-t-il vraiment à changer son fusil d’épaule? «Il n’en a pas envie, affirme un député qui croit savoir que M. Hariri paraît un peu découragé et certains de ses proches laissent entendre qu’il a comme des envies de démissionner». Si c’est vrai (et la rapidité de ses réflexes en ce qui concerne la patate laisse penser que ça ne l’est pas) il faut espérer que le printemps lui redonnera le moral...

Ph.A-A.
Un ministre opposant — mais oui, on en trouve de nouveau, comme dans le premier Cabinet Hariri... — se lance à son tour dans la campagne (la cabale disent les loyalistes) contre le chef du gouvernement, qu’il accuse de «fuite constante en avant». D’autant, ajoute ce politicien, qui sous-estime apparemment l’importance de la communication, que M. Hariri passe beaucoup de temps loin de...