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Actualités - ANALYSE

Nouvelle tentative de réunification des rangs maronites

Nombre de notables venus saluer le patriarche Sfeir à son retour du Brésil l’ont pressé de se mettre en campagne pour réunifier les rangs maronites, rabibocher les différents leaderships, canaliser les différents courants vers une plate-forme commune des intérêts bien compris de la communauté. Cela afin d’offrir au pape, lors de sa visite en mai, le tableau d’une collectivité assez soudée pour exiger qu’on remette sur le tapis le projet d’entente nationale contenu dans Taëf et qui est resté lettre morte.
Dans cette optique, le président du Conseil central maronite, M. Raymond Raphaël, a suggéré au prélat de réunir à Bkerké les leaders des formations maronites, pour ouvrir une nouvelle page fondée sur la solidarité. Cette idée de rassemblement avait déjà été défendue voici quelque temps par le président de la Ligue maronite, M. Ernest Karam, qui, après avoir multiplié les contacts à cet effet, avait cependant dû baisser les bras, les diverses parties campant sur des positions inconciliables, refusant de se rencontrer ou pinaillant sur les noms de personnalités qu’il conviendrait de convoquer.
Le cardinal patriarche répète pour sa part qu’il encourage tout effort déployé en vue de rapprocher les chefs de file politiques de la communauté, qu’il n’a aucune objection à ce que Bkerké leur serve de lieu de rencontre, mais qu’il ne peut en aucun cas effectuer des démarches pour organiser un tel congrès, car le rôle du patriarcat en matière publique est de défendre les principes sans s’engager dans une action politicienne.
Bkerké, précisent les cercles ecclésiastiques, garde ses portes ouvertes à tous, spécialement à ceux qui souhaitent unifier les Libanais, mais ne peut lancer des invitations générales et cela pour des raisons qui sont également d’ordre pratique. «En effet, souligne une source de l’Est, le fiasco est garanti d’avance. Le seul projet de congrès aurait pour effet, dans la situation présente, de raviver les querelles intestines, les «petites haines» si l’on peut dire au lieu de les apaiser. Les clivages d’ordre personnel ne sont surmontables, comme on l’a vu pour les élections de 92, que lorsqu’il y a ponctuellement une position de défense commune qui s’impose d’elle-même. C’est d’autant moins le cas aujourd’hui qu’aux dernières élections il n’y a pas eu la même recollection que quatre ans auparavant, beaucoup ayant choisi de participer cette fois. Et puis, qui va représenter les exilés, s’ils devaient accepter de coopérer entre eux comme avec les résidents, ce qui n’est pas du tout acquis...»

Les risques de friction

«Et puis, poursuit cette personnalité, comment regrouper les «centraux», dont bon nombre d’opposants, installés à l’Est et les «périphériques» qui comptent de solides figures de proue du loyalisme bon teint? Quel ordre du jour, quel document de travail pourraient recevoir l’agrément de tous? Les risques de friction sont si considérables qu’il faut pratiquement faire tout le travail avant même que la réunion se tienne, afin qu’elle puisse déboucher à coup sûr sur un communiqué de résolutions communes. Cela ne pourrait se faire qu’en base de critères tellement minimaux qu’un tel manifeste n’aurait qu’une valeur symbolique, si tant est qu’il puisse être publié».
De fait, ce n’est pas l’harmonie qui règne en ce moment à l’Est et encore moins au sein de l’ensemble de la communauté maronite, où qu’elle se trouve. Ainsi, des différends ont éclaté récemment au sein de la Ligue dont certains veulent réformer les statuts tandis que d’autres estiment qu’il faut avant tout en redéfinir le rôle général. Face aux multiples divisions au sein de la communauté, Bkerké évite évidemment de prendre parti et répète inlassablement, mais sans grand succès, des conseils de concorde et de désintéressement. Ce qui semble bien au-dessus des forces des formations politiques, de leurs chefs ou même des associations civiles, bien que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’à cause de mesquines considérations de vanité ou de rancœurs personnelles, cette communauté n’a plus beaucoup de poids sur la scène politique locale.

E.K.
Nombre de notables venus saluer le patriarche Sfeir à son retour du Brésil l’ont pressé de se mettre en campagne pour réunifier les rangs maronites, rabibocher les différents leaderships, canaliser les différents courants vers une plate-forme commune des intérêts bien compris de la communauté. Cela afin d’offrir au pape, lors de sa visite en mai, le tableau d’une collectivité...