Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

La menace d'asphyxie d'Achrafieh écartée Les ponts qui devaient couper en deux le secteur est de la capitale abandonnés au profit d'un tunnel sous Tabaris (photo)


Plus de pont, plus de voie rapide. Achrafieh est sauvé. C’est du moins ce qu’a assuré le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, samedi, à une délégation de ce quartier de la capitale, venue débattre avec lui de projets de substitut à une autoroute sans feux qui menaçait de couper Achrafieh en deux et dont l’exécution était imminente. A la place du viaduc qui devait relier le pont Fouad Chéhab à l’avenue Charles Malek en enjambant l’avenue Georges Haddad, il faut s’attendre à un tunnel qui passera sous la place Tabaris et débouchera sur l’avenue Charles Malek (voir schéma).
Mais pour être certain que le danger est passé, il faut attendre que les plans du nouveau projet soient achevés. Pour le moment, ils sont sous étude à Dar el-Handassah. Il faut préciser aussi qu’ils concernent seulement la place Tabaris. En ce qui concerne les quartiers intérieurs d’Achrafieh, sur l’axe St-Nicolas-Fassouh, rien ne devra changer, a promis solennellement le chef du gouvernement. Dans le cadre du projet initialement envisagé, il était question d’une succession de viaducs au niveau des nombreux carrefours sur cet axe. Aujourd’hui, on songe à installer à chaque croisement des feux de signalisation. Leur mouvement synchronisé assurera une circulation optimale.
«Il n’y aura plus de voie rapide à Achrafieh pour des raisons d’ordre social et écologique», a affirmé M. Raffoul Sabbagha, représentant du waqf grec-orthodoxe au sein du conseil d’administration de Solidere, à sa sortie, samedi, de Koreytem. M. Sabbagha avait rendu visite au chef du gouvernement en compagnie du vice-président de Solidere, M. Maher Beydoun, et de plusieurs notables d’Achrafieh, notamment Mmes Liliane Tyan, rose Gharzouzi et Colette Haddad et MM. Antoine Wakim, Nicolas Sehnaoui, Serge Kassatly, le Dr Loutfallah Melki et M. Béchara Gholam, moukhtar de Rmeil.
M. Sabbagha a rejeté la thèse selon laquelle le percement d’une voie rapide à Achrafieh aurait une dimension politique, affirmant que c’est en raison d’un «problème technique», en l’occurrence les multiples problèmes de la circulation automobile, qu’une autoroute sans feux avait été envisagée. Cette voie aurait relié directement les deux parties est et ouest de la capitale sans passer par son centre.

Deux projets
de substitut

De sources proches de la délégation, on apprend que M. Sabbagha a soumis au chef du gouvernement la mouture d’un projet de substitut. Il s’agit, rappelle-t-on, du deuxième après celui que les riverains de Tabaris avaient présenté au Conseil de développement et de reconstruction (CDR). Le premier prévoit le percement d’un tunnel entre le pont Fouad Chéhab et l’avenue Charles Malek et le deuxième propose l’élargissement du tunnel de la rue Georges Haddad. Lorsque le «ring» avait été construit, vers la fin des années soixante, un tunnel perpendiculaire au pont Fouad Chéhab avait été percé à l’époque sous cette avenue, dans la perspective d’un développement du réseau routier à l’avenir. Cette voie souterraine qui avait été fermée aussitôt après son établissement peut être facilement dégagée, nous déclare M. Georges Moawad, ingénieur du groupe «Moawad», la société d’entreprise en charge des travaux d’infrastructure au centre-ville.
Le vice-président de Solidere ainsi que M. Moawad confirment à «L’orient-Le Jour» que les travaux de construction du pont — qui étaient supposés commencer cette semaine — ont été suspendus en attendant que Dar el-Handassah achève son étude. Celle-ci porte non seulement sur le projet de percer un tunnel sous Tabaris, mais sur l’opportunité d’en percer deux superposés ainsi que sur le coût précis d’une telle opération. M. Maher Beydoun souligne à son tour que l’étude portera aussi sur le nombre de voitures qui passent aujourd’hui par Tabaris et sur une estimation du trafic automobile dans le même secteur à l’avenir.
M. Moawad se prononce sans détour pour l’option-tunnel, qui présente de nombreux avantages, selon lui: non seulement elle permet d’éviter les innombrables nuisances que provoque l’édification d’un pont en plein quartier résidentiel, mais elle présente de surcroît de nombreux avantages financiers et pratiques.
Selon M. Moawad, il faut plus de temps pour construire un pont que pour percer un tunnel sans compter que le premier projet est plus coûteux que le deuxième. Une voie souterraine à Tabaris serait réalisée en six mois, précise-t-il, et coûterait «moins que les 1 million 500 mille dollars» prévus pour le pont. Au cas où l’idée d’un tunnel superposé serait retenue, les travaux s’achèveront dans un an, ajoute-t-il, et coûteraient peut-être autant que la voie souterraine. Un tunnel superposé serait perpendiculaire à celui qui doit relier le pont Fouad Chéhab à l’avenue Charles Malek et constituera le trait d’union entre la route du port et la rue de Damas. Pour lui, l’établissement de deux tunnels qui se superposent constitue «une solution idéale pour le problème du trafic routier» à l’avenir dans la mesure où ils permettent aux Libanais de traverser la capitale d’un bout à l’autre dans tous les sens, sans avoir à passer par son centre. Toutefois, ce projet suppose des travaux qui s’effectueront en dessous du niveau des nappes phréatiques...

«Une question
de droit»

Aussi, pour l’heure, les autorités ont donné leur feu vert au tunnel de Tabaris seulement. Mais il a d’abord fallu les sensibiliser au problème. N’était la mobilisation des habitants d’Achrafieh contre ce projet et leur détermination à le combattre par «tous les moyens démocratiques et civilisés», et en l’absence d’une solution de rechange, les autorités seraient allées de l’avant dans la construction d’un pont qui aurait asphyxié Achrafieh, pour n’évoquer que cet inconvénient.
Mme Liliane Tyan nous précise que M. Hariri s’est engagé à donner suite aux revendications des habitants d’Achrafieh et à dissiper leurs craintes parce qu’il s’agit, a-t-il précisé, d’une «question de droit». Rappelons que lorsqu’il avait été relancé il y a quelques mois au sujet de cette affaire, le chef du gouvernement avait exprimé son étonnement devant le projet envisagé pour le développement de l’infrastrucure routière dans le périmètre du centre-ville et avait demandé au présidentdu CDR, M. Nabil el-Jisr, de reconsidérer le projet, mais il n’en a rien été.
Après s’être solennellement engagé à obtenir la révision du projet, M. Hariri a exprimé sa satisfaction devant «l’ordre» qui a caractérisé, selon lui, le mouvement revendicatif des habitants de ce quartier, a ajouté Mme Tyan.
Depuis qu’on avait annoncé dans nos colonnes, le 4 courant, l’imminence de la construction d’un pont à Tabaris, des riverains du quartier de Tabaris se sont mobilisés pour exprimer leur opposition au projet. Ils ont adressé, par le truchement de la presse, une lettre ouverte au chef du gouvernement. Deux jours plus tard, ce sont les commerçants, les chefs d’entreprise et les représentants des écoles et des universités d’Achrafieh qui ont adressé directement une lettre ouverte au chef du gouvernement pour exprimer leur opposition au projet. Dans le même temps, un comité groupant des habitants et des différentes forces actives du quartier a été formé. Selon les explications de Mme Tyan, il prenait contact avec les différents responsables, ministres ou députés de Beyrouth, pour les sensibiliser à leur cause. Des délégations de commerçants, de chefs d’entreprise et d’institutions pédagogiques relançaient M. Hariri quotidiennement.
La réunion de samedi était l’ultime entretien avec le chef du gouvernement. La délégation a insisté pour savoir quel sera le sort de Tabaris et par conséquent de tout Achrafieh. Par son engagement à veiller à ce que les projets d’infrastructure ne défigurent pas ce quartier, le chef du gouvernement a mis fin à une affaire qui risquait de dégénérer. Le comité des habitants de Tabaris envisageait de recourir à l’escalade. Si M. Hariri avait opposé une fin de non-recevoir à leurs revendications, ils auraient tout de suite réagi. Des banderoles et des tracts ont été imprimés depuis quelques jours. Les textes dénonçant le projet auraient été distribués hier dans les nombreuses églises de ce quartier où des centaines de calicots hostiles à l’exécution d’une voie rapide devaient être aussi accrochés. Un sit-in aurait été ensuite organisé à Tabaris.



Plus de pont, plus de voie rapide. Achrafieh est sauvé. C’est du moins ce qu’a assuré le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, samedi, à une délégation de ce quartier de la capitale, venue débattre avec lui de projets de substitut à une autoroute sans feux qui menaçait de couper Achrafieh en deux et dont l’exécution était imminente. A la place du viaduc qui devait relier le pont...