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Actualités - DISCOURS

Au cours d'un vaste meeting organisé par ses amis Hobeika appelle les chrétiens à renoncer au désenchantement

Après des années de profil bas, comme s’il voulait se donner le temps de changer d’image, en se concentrant sur une activité ministérielle technique, le ministre des Ressources électriques et hydrauliques a fait hier sa véritable rentrée politique. C’est un Elie Hobeika décidé à aller de l’avant — après le test des élections législatives de l’été dernier —, appelant à la participation et à la reconquête de soi et du pays, qui est apparu dans le cadre du gigantesque meeting organisé «par ses amis» au Beirut Hall de Sin el-Fil.
Les calicots accrochés sur la plupart des grands axes routiers du Mont-Liban avaient d’ailleurs déjà donné le ton: Elie Hobeika y était présenté comme «le rêve qui arrive», «le chef attendu» etc... Même si le principal concerné avait donné l’ordre de retirer ces banderoles, ceux qui les avaient lues sentaient que ce meeting n’était pas une simple réunion d’amis, pour célébrer une victoire électorale.
De fait, bien que le rendez-vous ait été fixé à 11h, dès 9h, hier, les routes de Sin el Fil étaient littéralement prises d’assaut par des centaines de voitures ayant collé sur leurs vitres des portraits du ministre ou des extraits de ses discours. Une unité des FSI avait été d’ailleurs mobilisée pour assurer la circulation et tenter d’éviter les gros bouchons. Mais il y avait une telle foule (l’ANI évalue le nombre des présents à 15.000 personnes) que l’unité des FSI semblait plutôt dépassée.
De prime abord, des drapeaux libanais flottant au vent et des haut-parleurs diffusant une musique variée accueillaient les multiples «amis» du ministre. Et à l’intérieur de l’immense salle — qui abrite généralement le salon du Livre avec ses multiples stands « les chaises étaient littéralement happées par l’assistance; une assistance bigarrée, où les anciens membres des FL côtoyaient des villageois druzes ou chiites de la banlieue sud et où des vieux du Kesrouan et de Jbeil étaient assis à côté de jeunes à l’enthousiasme délirant..;
Ainsi, le premier message est déjà lancé: si le ministre a remporté une victoire électorale dans la circonscription de Baabda, il entend étendre son influence sur tout le Mont-Liban, pour commencer.
Au premier rang trônaient les anciens, les nouveaux et les futurs alliés de M. Hobeika: le ministre Assaad Hardane et les députés Ghassan Achkar, Jean Ghanem et Zaher el-Khatib, ses colistiers: le ministre Bassem Sabeh et les députés Ayman Choucair et Salah Haraké et ceux qui pourraient se rallier à son bloc: Mme Nouhad Souaid, M. Emile Naufal, M. Mansour el-Bone, le Dr Mahmoud Awad, ainsi que de nombreuses autres personnalités, telles que le député Antoine Haddad représentant le vice- président du Conseil, Michel Murr, les députés Nabil Boustany, Habib Hakim, Sebouh Hovnanian et Georges Dib Nehmé, le directeur démissionnaire de l’EDL Mouhib Itani, M. Gilbert Merheb, représentant le ministre Frangié etc...
Après l’hymne national, M. Georges Kfoury a pris la parole aux noms «des amis d’Elie Hobeika». Un peu ému, il a exposé les qualités du ministre, qui a poussé ses proches à dépasser «les maladies du passé» pour regarder avec confiance vers l’avenir.
Pour bien montrer que l’heure était désormais à l’unité et à l’intégration positive, trois des colistiers de M. Hobeika, les députés Salah Haraké, Ayman Choucair et Jean Ghanem ont ensuite pris la parole. Si les deux premiers ont prononcé des discours politiques, le Dr Jean Ghanem, un vieil ami du ministre Hobeika, a plutôt axé le sien sur la relation qui le lie à Hobeika et sur les qualités de ce dernier.
Le ministre a pris la parole en dernier et son long discours ressemblait plus à un programme politique qu’à une célébration d’une victoire électorale. Fort de l’appui manifesté par ses électeurs au cours des législatives de l’été dernier, Hobeika adressé les grandes lignes de son action future, en tant que responsable, politicien et représentant des aspirations d’une partie de la population.
Dressant un constat réaliste de la situation actuelle avec ses multiples échecs, notamment sur le plan de l’édification d’un Etat et d’une nation, M. Hobeika a précisé qu’il était temps de faire face à la réalité pour tenter de guérir les maladies qui la grippent. «Il est temps de sortir du pseudo-Etat vers l’Etat véritable», a encore déclaré le ministre qui a ajouté que selon lui, l’accord de Taëf était la solution à la situation de sécurité mais qu’il ne peut consttituer un régime véritable pour créer une nation.
Selon lui, les crises actuelles entre les responsables sont justement dues au fait que l’on considère un compromis ponctuel comme une Constitution stable.
M. Hobeika a appelé à des réformes radicales et au dépassement de tout le confessionnalisme. Reconnaissant que le désenchantement des chrétiens a certaines raisons d’être, le ministre a rappelé l’histoire de cette communauté qui a joué un grand rôle dans l’édification du Liban et il a ajouté qu’il ne fallait pas «brader ce passé et le patrimoine laissé par nos ancêtres en nous laissant aller au désenchantement». «Le véritable danger, a-t-il repris, est de laisser le désenchantement se transformer en idéologie. Ce qui aboutira forcément à l’isolement total et à la démission».
M. Hobeika s’est donc déclaré en faveur de la reprise des chrétiens de leur rôle dans l’édification du pays et de l’abandon du confessionnalisme négatif, en faveur d’un projet positif, qui prévoit une véritable assaut administratif, économique, politique et culturel des insitutions et du pays en général.
Rappelant que l’Etat a échoué à transformer l’entité libanaise en nation, il a précisé que les projets de reconstruction resteront creux s’ils ne s’accompagnent pas d’un plan général.
En conclusion, M. Hobeika a affirmé qu’il n’avait pas la nostalgie du passé, parce qu’il ne regarde que vers l’avenir et qu’il a le courage d’affronter la réalité. «Il est temps de réagir et d’avoir foi dans l’avenir, a-t-il dit. Le passé est mort, ainsi que la guerre. Nous vaincrons si nous trouvons en nous la force du changement».
M. Hobeika est ensuite reparti sous les applaudissements et les vivats d’une foule enthousiaste, qui, elle, avait peut-être la nostalgie d’un certain passé. Mais M. Hobeika, lui, s’est résolument tourné vers l’avenir. Avec en vue, l’échéance présidentielle de 1998?

S.H.
Après des années de profil bas, comme s’il voulait se donner le temps de changer d’image, en se concentrant sur une activité ministérielle technique, le ministre des Ressources électriques et hydrauliques a fait hier sa véritable rentrée politique. C’est un Elie Hobeika décidé à aller de l’avant — après le test des élections législatives de l’été dernier —, appelant...