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Actualités - INTERVIEWS

Eddé : Netanyahu désire accorder la priorité au volet libanais

Le ministre d’Etat Michel Eddé a affirmé, dans une interview accordée samedi à «Radio Liban libre», que le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu désire accorder la priorité au volet libanais dans les pourparlers de paix, de manière à aboutir à un accord séparé avec le Liban. M. Eddé a souligné à ce propos que l’option «Liban d’abord» préconisée par le Cabinet Netanyahu est «pire que l’accord du 17 mai». Evoquant, par ailleurs, la conjoncture présente dans le pays, M. Eddé a déclaré que le président de la République a entièrement le droit de proposer des amendements constitutionnels et qu’il est inconcevable qu’une telle démarche de la part du chef de l’Etat suscite un tollé. Le ministre d’Etat a rappelé dans ce cadre que la formule libanaise est, de par son essence, de nature consensuelle.
Commentant l’évolution du processus de paix et son impact sur le cas du Liban, M. Eddé a mis en garde contre l’option «Liban d’abord». «Elle est pire que l’accord du 17 mai, a-t-il affirmé, car elle implique que nous devons désarmer le Hezbollah et lui porter un coup militaire. Ils (les Israéliens) souhaitent provoquer une conflagration et une guerre civile au Liban. Ils désirent démembrer le Liban. Nous savons tous que lorsque l’occupation disparaîtra, le Hezbollah se transformera automatiquement en parti politique. Les Israéliens savent que lorsque la paix sera signée, il n’y aura plus d’opérations menées par le Hezbollah, et l’armée libanaise sera responsable (de la sécurité). Il ne faut plus évoquer l’éventualité du recours à des armées étrangères» (au Liban-Sud, en cas de retrait israélien).
M. Eddé s’est d’autre part déclaré confiant quant à la capacité du nouveau secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright, de réussir dans sa tâche. «Je pense qu’il faudrait éviter de critiquer, d’emblée, Mme Albright, a notamment souligné M. Eddé. Elle a une forte personnalité et, à mon avis, elle réussira pour deux raisons. D’abord, c’est la première fois qu’une femme prend en charge le département d’Etat aux Etats-Unis. Ensuite, Mme Albright n’est pas Américaine de naissance. Elle a été naturalisée. Elle essaiera donc de prouver qu’elle est soucieuse, plus que d’autres, de préserver les intérêts des Etats-Unis. Je mise beaucoup sur elle, et la déclaration qu’elle a faite hier (vendredi) est fondamentale car M. Netanyahu s’est livré à une nouvelle hérésie en soulignant que MM. Pérès et Rabin, et avant eux M. Shamir, ont commis l’erreur de négliger le Liban et de limiter les pourparlers à la Syrie. M. Netanyahu a déclaré qu’il désirait inverser les choses, et au lieu de commencer avec la Syrie, il souhaite résoudre d’abord le problème du Liban, ce qui faciliterait un accord avec la Syrie. M. Netanyahu désire ainsi aboutir à un accord séparé avec le Liban. J’ai donc été soulagé par la déclaration de Mme Albright qui a mis l’accent sur la nécessité d’une paix globale. Contrairement à M. Netanyahu, les Etats-Unis désirent un accord global».

L’accord surHébron

M. Eddé a par ailleurs affirmé que le nouvel accord israélo-palestinien sur Hébron «porte en lui les germes de nombreuses crises aiguës». «Même M. Yasser Arafat a indiqué qu’il y avait encore 34 points en suspens», a souligné M. Eddé qui a déclaré dans ce cadre qu’il serait erroné de penser que les Israéliens ont cédé quelque chose ou ont fait des concessions en signant l’accord sur Hébron. «Ils ont confirmé leur mainmise sur les principales positions d’Hébron, dont notamment le Caveau des Patriarches, a précisé M. Eddé. Ils ont imposé leur contrôle définitif sur 20.000 Arabes palestiniens. Ils ont cédé 20 pour cent d’Hébron alors que 20.000 Palestiniens vivent dans cette localité, contre 400 colons israéliens».
M. Eddé a ajouté dans ce cadre qu’à la suite de l’accord sur Hébron, des voix se sont élevées au sein du lobby israélien dans le monde, soulignant que «c’est maintenant au tour des Arabes de faire des concessions parce que M. Netanyahu a fait beaucoup trop de concessions» (dans l’accord sur Hébron). «En réalité, a souligné le ministre d’Etat, M. Netanyahu n’a rien cédé. Au contraire, il a consolidé son point de vue». M. Eddé a, par ailleurs, fait état de «contradictions entre le gouvernement israélien et l’Administration américaine, ainsi qu’entre les juifs d’Israël et la diaspora juive américaine». «Toutes ces contradictions apparaîtroint à la surface», a affirmé le ministre d’Etat.
Abordant, en outre, le volet interne, M. Eddé a déclaré que «le président de la République a le droit de proposer des amendements constitutionnels». «Il est inconcevable que certains protestent lorsqu’il préconise de tels amendements, a souligné le ministre d’Etat. La Constitution lui donne le droit de saisir le Conseil des ministres de n’importe quel sujet». En conclusion, M. Eddé a rappelé que «la formule libanaise est une formule qui est, par essence, consensuelle». «Le Liban est fondé sur une telle formule consensuelle», a-t-il précisé en conclusion.
Le ministre d’Etat Michel Eddé a affirmé, dans une interview accordée samedi à «Radio Liban libre», que le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu désire accorder la priorité au volet libanais dans les pourparlers de paix, de manière à aboutir à un accord séparé avec le Liban. M. Eddé a souligné à ce propos que l’option «Liban d’abord» préconisée par le...