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Actualités - CHRONOLOGIE

Cette affaire a envenimé les relations entre Beyrouth et Amman Le directeur jordanien du Marriott a retrouvé la liberté

Le Jordanien d’origine palestinienne, M. Darrar el-Karmeh, directeur financier de l’Hôtel Marriott-Beyrouth, «retenu» depuis le 3 janvier par une faction indéterminée, a été libéré «en bonne santé», selon des sources concordantes.
Cette libération est intervenue hier, quelques heures après l’expulsion par les autorités libanaises de trois diplomates irakiens impliqués dans le meurtre, en 1994, d’un opposant au régime du président Saddam Hussein, Taleb Souheil el-Tamim, qui était détenteur d’un passeport jordanien. Ces deux affaires ont envenimé les relations entre Beyrouth et Amman qui a vivement condamné la relaxation des trois diplomates qui ont regagné Bagdad via Damas. Le Liban a qualifié la protestation jordanienne d’«inacceptable sur le fond et la forme» (VOIR PAGES 4 ET 7).
La libération de M. el-Karmeh a été annoncée par sa famille à Amman et confirmée à Beyrouth par la direction de l’établissement situé dans la région de Jnah. Les informations étaient contradictoires tard en soirée, sur le lieu où il s’est rendu après sa libération.
M. el-Karmeh a retrouvé sa femme et ses quatre enfants, a refusé de répondre aux appels téléphoniques ou de recevoir les journalistes et ses proches observaient la plus grande discrétion.
«Il se repose, il dort», a déclaré sa fille au téléphone. «Il est parti pour Amman», a affirmé son épouse. «Il est extrêmement fatigué et ne souhaite parler à personne», a indiqué un de ses proches.
A Amman, sa mère contactée a affirmé ne pas savoir quand son fils viendrait en Jordanie. «Rien n’est clair pour le moment. Il est avec son épouse et ses enfants au Liban», a-t-elle dit.
De sources proches de la direction du Mariott à Amman, on avait imputé sa disparition à un problème de «voisinage» avec l’armée syrienne, stationnée près de cet hôtel cinq étoiles, ouvert il y a près d’un an à Beyrouth.
La direction de l’établissement avait démenti cette thèse, affirmant entretenir d’«excellentes relations» avec l’armée syrienne qui occupe un bâtiment attenant à l’hôtel.
De source libanaise autorisée, on avait indiqué le 19 janvier que M. el-Karmeh avait été arrêté par trois hommes en civil des services de renseignements syriens, et que cette affaire pourrait être liée à de récents attentats antisyriens, au Liban et en Syrie.
Le 18 décembre, le chauffeur d’un minibus syrien a été tué lors du mitraillage de son véhicule à Tabarja, et 13 personnes ont trouvé la mort dans un attentat à la bombe contre un autobus à Damas le 31 décembre.
Le procureur général, Adnane Addoum, a déclaré mercredi, après avoir dans un premier temps affirmé n’être au courant de rien, que M. el-Karmeh avait été «arrêté de la part du commissaire du Tribunal militaire», sans autre précision.
A Amman, l’entourage de la famille de M. el-Karmeh privilégiait hier la thèse du différend de «voisinage» pour expliquer son «rapt».
«Sa libération sans que des charges n’aient été retenues contre lui prouve qu’il s’agit d’un problème de «voisinage» entre le Mariott et l’armée syrienne», a indiqué la même source citée par l’AFP.
Vengeance
La disparition de M. el-Karmeh et la libération des trois diplomates irakiens a provoqué une tension dans les relations entre le Liban et la Jordanie.
«La libération des criminels est une violation de l’engagement du Liban à combattre le terrorisme et de son attachement à la justice», avait estimé Amman.
Pour bien marquer son irritation, la protestation a été transmise à l’ambassadeur du Liban à Amman, non par le chef de la diplomatie jordanienne mais par le propre chef du Cabinet royal Aoun Khassawneh.
Beyrouth a réagi très vivement en qualifiant la protestation jordanienne d’«inacceptable sur le fond et la forme».
Le gouvernement a rejeté comme «nuls et non avenus» les arguments jordaniens et estimé qu’il n’avait «pas de leçon à recevoir en matière de justice», indique la lettre de protestation libanaise remise samedi à l’ambassadeur de Jordanie au Liban, M. Fakhri Abou Taleb, par M. Zafer el-Hassan, secrétaire général du ministère des A.E.
Le Liban, qui avait rompu ses relations diplomatiques avec l’Irak à la suite de l’assassinat de Taleb Souheil, s’étonne que la Jordanie n’ait rien fait «à l’époque des faits et se manifeste seulement aujourd’hui».
La famille de l’opposant irakien a protesté dimanche contre l’expulsion des trois diplomates irakiens impliqués dans son meurtre, qu’elle a promis de venger.
Dans un communiqué, la famille s’interroge «si l’immunité diplomatique des trois hommes, qui ont avoué leur crime, couvre des actes sans lien aucun avec leur statut, telle l’atteinte à la stabilité et à la crédibilité» du Liban.
La famille de Taleb Souheil estime que «le Liban pourrait avoir conclu un marché politico-économique».
Dans ce contexte, elle accuse Beyrouth d’avoir «violé l’alinea 32 de la résolution 687 qui met l’Irak en garde contre tout acte terroriste».
La famille rend «hommage» à la justice libanaise, qui est «parvenue à soutirer des diplomates l’aveu de leur crime», et «promet à tous ceux qui l’ont aidée et au peuple irakien que le sang de Taleb Souheil n’aura pas été versé pour rien», formule utilisée pour appeler à la vengeance.
Le Jordanien d’origine palestinienne, M. Darrar el-Karmeh, directeur financier de l’Hôtel Marriott-Beyrouth, «retenu» depuis le 3 janvier par une faction indéterminée, a été libéré «en bonne santé», selon des sources concordantes.Cette libération est intervenue hier, quelques heures après l’expulsion par les autorités libanaises de trois diplomates irakiens impliqués dans le...