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Actualités - CHRONOLOGIE

Budget 97 : évitera-t-on le recours à de nouvelles taxes ?

Cette dernière semaine du mois de janvier sera axée principalement sur l’examen et l’approbation du projet de budget 1997. Réuni en séance extraordinaire au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui, le Conseil des ministres a avalisé l’octroi de crédits supplémentaires de 233 milliards de livres libanaises à certains ministères, conformément à une recommandation en ce sens adoptée par la commission parlementaire des Finances (VOIR PAGE 2). Le débat parlementaire sur le budget sera entamé mercredi prochain à la Place de l’Etoile et s’étendra jusqu’à la fin de la semaine.
Dans la soirée de samedi, la commission des Finances avait tenu une réunion extraordinaire en présence du chef du Législatif Nabih Berry afin de prendre note de l’approbation des nouveaux crédits par le gouvernement. Pour ne pas accroître le déficit budgétaire (qui devrait atteindre théoriquement 35,94% en 1997), le Cabinet a décidé de puiser dans le chapitre des réserves afin de couvrir les crédits supplémentaires susmentionnés. L’Exécutif a notamment décidé de lever sa politique de soutien à l’EDL.
En clair, cela signifie que sur les 233 milliards de L.L. de crédits supplémentaires, 200 milliards seront équilibrés en utilisant le montant équivalant qui était prévu dans le chapitre des réserves afin de financer les achats de fuel destiné à la production d’électricité. L’EDL devra par conséquent financer elle-même les achats de fuel, ce qui implique qu’elle devra nécessairement mettre un terme au vol du courant électrique, c’est-à-dire à l’usage des branchements illicites auxquels a recours la population de plusieurs régions périphériques et de la banlieue.
Selon les sources de l’EDL, près de 35% de la production d’électricité est volée par le biais de ces branchements illicites. Cela constitue une perte sèche de 350 milliards de LL par an. Un projet de loi avait été transmis à la Chambre, prévoyant que de lourdes sanctions seraient imposées à toute personne qui ne paierait pas les factures d’électricité ou qui s’approvisionnerait en courant d’une manière illégale. Ce projet de loi est toutefois «gelé» par certaines
hautes sphères pour des considérations politiciennes évidentes. Ceux qui ont recours aux branchements illicites sont en effet considérés comme des «déshérités» ou comme faisant partie de la population qui est soumise aux attaques israéliennes. Il reste que si la loi en question est votée, l’EDL bénéficiera de recettes supplémentaires estimées à 200 milliards de LL, soit exactement le montant dont a été privée, samedi, l’EDL.
Qu’adviendrait-il, dans un tel contexte, si l’Etat ne parvient pas, malgré tout, à collecter d’une manière normale et régulière les montants des factures d’électricité? Les milieux officiels tentent d’écarter cette éventualité en soulignant que des démarches seront entreprises afin d’amener certains responsables politiques à lever leur couverture à toute personne qui refuserait de déconnecter les branchements illicites. Mais les résultats de telles démarches ne sont évidemment pas garantis. Il n’est donc pas exclu que les tarifs d’électricité soient augmentés afin de compenser les 200 milliards de LL qui étaient consacrés, dans le chapitre des réserves budgétaires, à l’achat de fuel pour l’EDL. Il serait également question dans certains milieux loyalistes d’une augmentation du prix du bidon d’essence.
D’une manière générale, le projet de budget 1997 prévoit clairement l’imposition de nouvelles taxes au cas où des charges supplémentaires apparraîtraient dans le budget. Le gouvernement tente en effet de réduire progressivement le déficit budgétaire, d’autant que la part des dépenses publiques portant sur les salaires et les prestations sociales des fonctionnaires ainsi que sur le service de la dette publique, demeure considérable. Les salaires et le service de la dette publique représentent, en effet, 74,2% des dépenses globales. les salaires des fonctionnaires absorbent à eux seuls près de 35% du total des dépenses. Quant au service de la dette publique, il représente, dans le budget 97, un peu plus de 42% du total des dépenses. Il a atteint 2700 milliards de LL dans le budget 97 (contre 2600 milliards de LL en 1996). Le Liban arrive à cet égard en deuxième position, après le Brésil, dans le classement des pays dont la proportion des intérêts de la dette publique par rapport aux dépenses globales est jugée particulièrement élevée. En 1995, le Liban occupait la cinquième place dans ce classement mondial.
Pour atténuer quelque peu le poids des dépenses non productives (salaires + intérêts de le dette publique), le texte du projet de budget 97 souligne que le taux de croissance de la dette publique est en baisse, et, de plus, la dette externe ne représente que 18% seulement du service de la dette publique. Reste à savoir si le gouvernement parviendra à aller de l’avant dans une politique de baisse des taux d’intérêt afin de relancer les investissements et la croissance économique, seul moyen de résorber sérieusement les effets du déficit budgétaire et de l’accroissement de la dette.

M. T.

Michel TOUMA
Cette dernière semaine du mois de janvier sera axée principalement sur l’examen et l’approbation du projet de budget 1997. Réuni en séance extraordinaire au palais de Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Elias Hraoui, le Conseil des ministres a avalisé l’octroi de crédits supplémentaires de 233 milliards de livres libanaises à certains ministères, conformément à une...