Les collectionneurs Samir Zehil : les cannettes pour l'amour de la bière (photo)

Pour Samir Zéhil l’orge et le houblon ont une saveur particulière. La bière est sa passion. Pas un parfum nouveau qu’il ne connaisse, pas une marque étrangère qu’il ne veuille goûter. A tel point que ne se contentant plus du contenu, il en est venu à collectionner les contenants. C’est ainsi qu’en sept ans il a réuni quelque deux cents cannettes de bière — différentes — provenant des quatre coins du monde.
Samir Zéhil est un jeune «marketer» qui voyage beaucoup. Il en profite pour amasser frénétiquement les cannettes et il ingurgite systématiquement toutes les informations concernant sa boisson préférée. Il lit tout ce qui s’écrit sur le sujet. C’est donc en véritable connaisseur qu’il entreprend sa collection, née à la fin de la guerre. En 1990, lorsque les brasseries locales s’arrêtent provisoirement de produire, l’importation de bière étrangère s’accroît. Samir Zéhil, amateur de malt parfumé au houblon, se met alors à explorer les goûts et les saveurs de chaque marque fraîchement débarquée sur le marché. Entre deux gorgées, son regard s’attarde sur le «packaging» d’une bière allemande, la «Tiger». Le déclic se produit et de simple buveur de bière, Samir devient collectionneur de cannettes.
Il commence donc par rafler les différentes marques qui se trouvent sur le marché local avant de s’attaquer aux rayons des supermarchés à l’étranger. Ses nombreux voyages aidant, il rapporte, à chaque fois, dans ses valises des lots de cannettes vides. Et, met également à contribution parents et amis, qui ne rentrent plus désormais sans bière dans leurs bagages.
Au hasard de ses recherches, il lui arrive des aventures amusantes. Ainsi, le jour où retournant de l’étranger, la valise pleine de cannettes vides, il se fait arrêter à l’aéroport de Beyrouth où après une longue discussion avec les douaniers sur l’utilité d’une telle collection on finit par le laisser partir en le considérant finalement comme un illuminé inoffensif. Une autre fois en Suède, il tombe en arrêt devant une cannette, mais les poches vides il ne peut se l’offrir. Qu’à cela ne tienne... il fait le mendiant pour se l’acheter...
Samir Zéhil s’enorgueillit aujourd’hui de posséder des cannettes rares provenant de destinations aussi éloignées que le Japon, la Scandinavie ou l’Australie. Sans oublier les éditions spéciales. Comme la bière de Noël de Heineken (Pays-Bas) ou celle du festival de Suède. Il a aussi des cannettes de bière sans alcool fabriquées aux Philippines spécialement pour les pays arabes. Et d’autres très connues dans leur pays d’origine mais qui s’exportent peu, comme la «Coors» américaine ou la «Skane», une suédoise qu’on ne trouve que dans le pays des rennes. Et, qui est d’ailleurs une de ses pièces préférées avec l’«Alsbrö», une alsacienne dont il adore la nuance particulière de bleu. Parmi ses autres élues: il y a une cannette islandaise ramassée sur la route en… Suède, ainsi qu’une brésilienne, «Antarctica», qu’il a également trouvée dans la rue mais dans un piteux état. Ecrasée, elle était devenue extraplate et c’est à l’aide d’une pompe dans une station d’essence que Samir l’a regonflée! D’où, la valeur sentimentale qu’il y attache...
Quant à la valeur pécuniaire de cette collection, si elle ne représente de prime abord pas une fortune, elle réserve quand même des surprises. Ainsi, un monsieur frappe un jour à la porte de notre collectionneur et lui propose une bonne somme pour se départir d’une centaine de pièces. Refus de l’intéressé qui explique que le but ultime de sa collection est de figurer dans le Livre (Guinness!) des records. «Il y a déjà eu un record enregistré par un collectionneur de bouteilles de bières. C’est une des raisons pour lesquelles», dit-il, «outre les côtés esthétique et pratique de l’objet, j’ai choisi la cannette».
Samir Zéhil, un nom qu’on retrouvera donc peut-être dans une prochaine édition du Livre des records. Prosit!
Zéna ZALZAL