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Actualités - REPORTAGE

Socio-culturel et un zeste de politique Déferlante de nouveaux périodiques francophones (photo)


«L’Orient-Express», «Chronique», «Spécial», «Hyde Park», «Déclic»... Et ce ne sont là que les titres les plus récents: cette même semaine un nouveau bébé est attendu. On observe depuis quelques mois une déferlante de magazines locaux en langue française. Une fringale subite; on publie à tout vent. Pour ne pas dire à tout venant. Petit tour d’horizon du côté des nouvelles publications. Qui font, souvent, la part belle à la rubrique mondanités...
Les Libanais et les Libanaises sont, comme on sait, de grands consommateurs de revues occidentales et spécialement françaises. On connaît leur penchant prononcé pour les revues légères, féminines et «people» comme on dit dans le jargon journalistique. Ceci d’une part. D’autre part, il y a le légendaire goût de la fête de nos compatriotes et leur non moins carcatéristique goût de la parade: toutes considérations qui n’ont pas échappé à certains esprits vifs. Qui ont vite fait le lien entre ces constatations et l’avantage que l’on pouvait en tirer sur le plan de la presse périodique: un créneau qui leur a paru assez large car il n’était encore occupé que par cinq ou six feuilles, dont la moitié d’ailleurs avait pris corps après la guerre.
Depuis, les publications ont proliféré: des mensuels pour la plupart, qui présentent des pages savamment dosées d’actualité locale, apolitique en général, socio-culturelle plutôt, à l’exception de «L’Orient-Express», mensuellement distribué par «L’Orient Le-Jour» et du «Hyde Park» qui, en tant que supplément hebdomadaire de notre confrère de langue arabe «An-Nahar», peut toucher au sacro-saint domaine politique.
Abstraction faite de la quasi-impossibilité d’obtenir aujourd’hui une licence de périodique politique, un responsable de la revue «Chronique» constate que «les gens qui s’intéressent à la politique lisent habituellement des quotidiens». Et de souligner qu’«un lecteur de mensuel recherche plutôt l’évasion, le divertissement. C’est en général quelqu’un qui feuillette la revue, plutôt qu’il ne la lit de bout en bout. D’où la part belle qui est dévolue aux photos dans les revues et magazines».

Grand Public

Ces revues se veulent grand public. Mais chacune prend pour cible une tranche d’âge déterminée. Les plus «mondaines» («Prestige», «Spécial» et bientôt «Mondanités») s’adressent surtout aux 25-35 ans. Nabil Chaîa, responsable de la rédaction de «Spécial», «une revue de divertissement sans aucune prétention intellectuelle et culturelle» (qui en est à son troisième numéro) explique que «Spécial couvre beaucoup de soirées beyrouthines. Les noctambules, une majorité de 25-35 ans, sont heureux de voir leurs photos dans un magazine, tandis que le reste des lecteurs se met au courant de la vie nocturne». Il révèle du reste, qu’en guise d’étude de marché, l’équipe de «Spécial» a laissé traîner chez des amis diverses revues, et a pu constater que «les pages sur lesquelles tout le monde s’arrêtait en premier étaient celles de la rubrique mondanités». D’où conclusion futée. Même son de cloche du côté de «Mondanités» que Ghassan Omeira, un des trois jeunes propriétaires, présenté comme étant un mensuel de mondanités locales ou concernant les Libanais à l’étranger. «Pour lancer ce périodique, nous sommes partis d’une constatation très simple», déclare Ghassan Omeira. «Les lecteurs étant le plus attirés par les rubriques de mondanités locales, nous avons décidé de leur en servir à profusion dans une bonne moitié de la revue. Le reste étant consacré aux diverses autres rubriques: cinéma, musique, art, dossiers sociaux, Internet».
Parmi toutes ces jeunes publications mondaines aux dents longues, «Prestige« fait figure de pionnier, car il a été lancé voici quelques années, au sortir de la guerre. Marcelle Nadim, la propriétaire, refuse de voir évoquer sa revue dans le cadre de ce panorama!
Dans un registre plus généraliste, «Chronique» un magazine grand public, lancé il y a un peu plus d’un an, ratisse large en n’excluant aucune frange de lecteurs et table sur un certain métissage des sujets. Dossiers sérieux (problèmes de société, rubrique environnement), actualité internationale (événements culturels, un peu de politique «soft») mais aussi mode, musique, cinéma et... mondanités. «C’est quand même la rubrique parent-pauvre du magazine», signale la rédaction. Qui soutient par ailleurs que les mondanités seront progressivement traitées dans le cadre d’événements sociaux et culturels. «Nous cherchons à faire de «Chronique» un moyen terme local entre le principe du Figaro Magazine (trop de textes alors que les Libanais ne lisent pas) et Paris Match (trop de photos)», indique-t-on au siège de ce mensuel.

Les suppléments

Supplément du «Nahar al-Chabab», lui-même supplément du quotidien arabe, le Hyde Park version française (saupoudré d’un zeste d’anglais) est une tribune libre ouverte au lecteur. Frère jumeau du Hyde Park en langue arabe, il permet aux «franco-anglophones» d’avoir eux aussi droit à la parole...écrite. Grâce à cette initiative du directeur général du Nahar, Gebran Tuéni, les jeunes et moins jeunes peuvent faire part de leur opinion sur divers sujets de l’actualité, politique ou socio-culturelle. Alain-Michel Ayache, le rédacteur en chef estime que cette formule «qui ciblait à la base les universitaires (professeurs, chercheurs, étudiants) s’est étendue à toute personne qui a envie d’exprimer ses idées». L’équipe du Hyde Park sélectionne les textes «sur une base de sujet ou de qualité». Alain-Michel Ayache estime par ailleurs que ce supplément «est un baromètre de l’opinion publique et, à ce titre il est très lu dans les chancelleries...»

Cela dit, parmi les (plus ou moins) récentes publications en langue française, il faut signaler «Touristica», un magazine de tourisme (qui fête sa première année) dont la majeure partie est en français avec quelques pages anglaises. Paraissant tous les deux mois, ce périodique vient combler une lacune puisqu’il serait, selon son directeur-propriétaire, Georges Kahy «le seul magazine de tourisme international publié localement». S’adressant principalement aux professionnels, (hôtels, agences de voyage, restaurants, compagnies d’aviation) «Touristica» ne néglige pas pour autant le touriste. Des articles de présentation d’un pays ou d’un site archéologique (signés de correspondants du monde entier) ainsi que des guides en tous genres côtoient une kyrielle d’informations sur les événements, les nouveautés, et les affaires pouvant intéresser de près ou de loin le domaine touristique.

Il y a aussi en vrac: «Safari», une revue «écoliers-ados» lancée il y a bientôt deux ans et qui se place dans la droite lignée de feu «Flash». «Pleine Forme» (deux ans également), un «Santé-Beauté». Et, ... «Vision», (à peu près le même nombre d’années) un hebdomadaire, guide télé-satellite de petit format qui comprend également de petits articles (non signés) sur la mode, le cinéma, la cuisine et la beauté ainsi que plusieurs pages jeux. Edité par une société familiale, ce guide qui s’adresse aux jeunes et aux mères de famille se veut le «Télé-Sept Jours» libanais. Seul périodique à but non lucratif, «Déclic», créé il y a un an par des jeunes pour des jeunes (18-25 ans) est distribué gratuitement tous les deux mois dans les universités: mêmes rubriques que celles des revues pour «aînés», mais les sujets sont adaptés au monde univesitaire: «carrière de demain», «activités jeunes», «jeunes talents» et bien sûr les photos des noctambules en jeans et casquette. Les principaux centres d’intérêt des étudiants sont ainsi traités par des pigistes de leur génération...
Dans cette profusion de presse francophone, chaque périodique semble avoir trouvé sa frange de lecteurs. Avec des tirages qui généralement tournent, nous assure-t-on, autour de 8000 exemplaires (à l’exception bien-entendu des suppléments) les initiateurs de ces projets se basent sur la pub — à long terme — pour faire de ces publications des affaires rentables. En attendant, la plupart y vont de leur poche. C’est normal, car il faut en général, dans le domaine de la presse, trois ou quatre ans avant de décoller... Si l’on trouve la pub et le lectorat requis, ce qui n’est pas garanti. Il n’en demeure pas moins que le nombre croissant des publications va, sans doute, engendrer une concurrence salutaire. Quels magazines en sortiront vaingueurs. Qui vivra verra!...

Zéna ZALZAL
«L’Orient-Express», «Chronique», «Spécial», «Hyde Park», «Déclic»... Et ce ne sont là que les titres les plus récents: cette même semaine un nouveau bébé est attendu. On observe depuis quelques mois une déferlante de magazines locaux en langue française. Une fringale subite; on publie à tout vent. Pour ne pas dire à tout venant. Petit tour d’horizon du côté des...