Rechercher
Rechercher

Liban

La Fondation pour les droits de l’homme au Liban publie son rapport annuel

C'est un livret en noir et blanc, imprimé avec les moyens du bord. En couverture, un portrait de Charles Malek, le visage libanais de la Déclaration universelle des droits de l'homme. À l'intérieur, une liste consternante de réalités sociales et politiques plus ou moins connues du public : page après page, sont répertoriées les atteintes portées aux droits de l'homme au Liban, ainsi que les défis qui restent à relever pour améliorer l'application de ces droits.
Ce rapport annuel, publié par la Fondation pour les droits de l'homme et le droit humanitaire au Liban, est une mine d'or pour les journalistes et les militants de tous bords, qui cherchent une nouvelle cause à défendre. Il suffit de le feuilleter pour tomber sur un scandale humanitaire ou sur une autre série d'injustices : entre les employées de maison maltraitées, les prisons surpeuplées, les journalistes menacés et les enfants privés de nationalité, il y a de quoi s'inquiéter - et surtout de quoi agir.
La fondation avait convié les journalistes dans ses locaux du centre de Beyrouth, hier, pour la présentation officielle du rapport. Son porte-parole, Pierre Atallah, lui-même collaborateur du quotidien an-Nahar, a une nouvelle fois tiré la sonnette d'alarme : « Cet état des lieux ne laisse rien présager de bon, je peux vous l'assurer. » Rappelant que son organisation a pour simple rôle de dresser un bilan de la situation, il a énuméré les différents problèmes mentionnés dans le rapport, en toute impartialité. Ainsi, il a dénoncé les atteintes faites aux médias en évoquant des contraintes subies aussi bien par Future TV que par al-Manar.
Élections obligent, les lois électorales et le respect de la liberté de la presse occupent une place importante dans le rapport, dans le cadre d'un vaste programme de surveillance du scrutin. Autre sujet brûlant : l'état des prisons libanaises. De Roumieh à Kobbé, une vraie réforme est nécessaire pour que l'incarcération des condamnés cesse de se transformer en torture. Plusieurs solutions sont suggérées pour désengorger les prisons, comme la transformation de certaines peines en travaux d'intérêt public.
Deux autres membres de la fondation, Jean-Pierre Katrib et Melkart Khoury, étaient là pour compléter la présentation du rapport en analysant ses dimensions politiques. Ils ont mis en avant des propositions destinées à régler diverses inégalités de la vie politique - notamment l'insuffisance de la représentation féminine au gouvernement et au Parlement, qui peut être modulée grâce à une discrimination positive temporaire. Ils ont également évoqué les événements violents du 7 mai dernier, condamnant fermement les attaques contre des structures civiles et médiatiques par les militants de l'opposition.
Vers le milieu de la miniconférence de presse, trois hommes en noir viennent se poster derrière les cameramen. Invités à se présenter, ils font signe que ce n'est pas nécessaire, et demandent à Pierre Atallah de poursuivre son exposé. Celui-ci se lève toutefois pour vérifier leur identité, puis retourne à son bureau d'un air las ; les services de renseignements ne sont pas près de laisser les droits de l'homme s'exprimer sans surveillance. Quelques minutes plus tard, sans doute rassurés de voir qu'aucune révolution ne se prépare, les trois hommes finissent par quitter la salle. Ce petit groupe de journalistes n'ont sans doute pas l'air dangereux, avec leurs rêves un peu naïfs de démocratie et de liberté d'expression, et ils peuvent donc être laissés tranquilles. Pour l'instant.

C'est un livret en noir et blanc, imprimé avec les moyens du bord. En couverture, un portrait de Charles Malek, le visage libanais de la Déclaration universelle des droits de l'homme. À l'intérieur, une liste consternante de réalités sociales et politiques plus ou moins connues du public : page après page, sont répertoriées les...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut