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Liban - Éclairage

Le Liban, caisse de résonance des clivages interpalestiniens

La crise de Gaza et la guerre qui s'ensuivit contre sa population a laissé des séquelles bien plus profondes que celles que l'on a pu comptabiliser sur le plan purement humanitaire ou même militaire. En effet, la guerre sans merci menée par Israël contre des Palestiniens pris en étau sur une superficie de 360 km2 a eu des répercussions autrement plus lourdes au plan interpalestinien, en multipliant notamment les germes de clivage qui minent ce peuple à l'intérieur comme à l'extérieur.
Sans pour autant rentrer dans le débat infructueux consistant à déterminer si le Hamas a gagné ou perdu dans ce bras-de-fer des plus absurdes, il reste que les images véhiculées et les déclarations publiques à ce propos illustrent, d'une part, la faiblesse de la position ou plutôt l'absence de position de l'Autorité palestinienne au cours de cette guerre, et d'autre part, la sympathie populaire dont a bénéficié le Hamas à cause même de l'impuissance du Fateh mais aussi des suites des drames humains renvoyés par nos écrans de télévision.
Comme le veut la tradition, le Liban - caisse de résonance par excellence - n'a pas tardé à répercuter les conséquences des clivages interpalestiniens dont les effets ont commencé à se faire ressentir dans les camps dès les premiers jours de l'agression contre Gaza.
En effet, les appels à la « victoire » lancés par le Hamas dès la troisième semaine des hostilités ont conforté, du moins dans un premier temps, le groupuscule islamiste qui a vite cru pouvoir inverser l'équilibre des forces prévalant dans les camps de réfugiés palestiniens, tenus à ce jour - politiquement et militairement - par le Fateh, la formation principale de l'OLP.
Les derniers incidents survenus à l'intérieur des camps du Sud entre les partisans de l'une et l'autre factions - incidents somme toute isolés - ont fini par braquer la lumière sur ce nouvel enjeu, le Hamas ayant d'abord haussé le ton à l'encontre des factions de l'OLP qu'il entend récupérer pour son compte, puis il a mis de l'eau dans son vin en parlant de simples réformes au sein de cette organisation.
Certes, le Hamas ne bénéficie pas d'un poids militaire suffisant lui permettant de revendiquer « sa part », voire même « une plus grande part » dans l'équilibre des forces en présence. Tout au moins, pouvait-il aspirer à l'élargissement de sa base en termes de popularité à l'intérieur des camps, sans pouvoir prétendre à une prééminence sur le plan militaire. À moins qu'il ne décide de s'allier avec les branches encore plus islamistes que lui dans les camps des réfugiés qui, elles, détiennent effectivement des armes et ont leurs propres méthodes d'action.
C'est d'ailleurs le scénario que craignent les forces de l'ordre libanaises qui estiment qu'« un éventuel accord entre le Hamas et les groupuscules extrémistes est à craindre, notamment au cas où le Hamas tenterait de réaffirmer sa prééminence politico-militaire au sein des camps de réfugiés, aujourd'hui aux mains du Fateh et de ses alliés ».
Un scénario que réfute une source du FDLP, qui estime qu'une alliance entre le Hamas et des groupuscules tels que Fateh-el Islam ou Isbat el Ansar est à écarter, comme cela avait été le cas durant les combats de Nahr el-Bared.
Certes, indique la source, le Hamas a récemment tenté de s'appuyer sur les factions plus à « gauche » au sein des « forces de l'alliance palestinienne » (Saïka et FPLP-CG) mais également sur l'aile islamiste libanaise, notamment sur la Jamaa islamiya qui, pour des raisons principalement électorales, a retourné sa veste pour se placer dans l'axe des résistants arabes, dont elle s'était quelque peu distancée au lendemain de l'assassinat de Rafic Hariri.
Quand bien même Khaled Mechaal aurait annoncé à cor et à cri que l'on assiste désormais « à la fin de l'OLP », le Hamas sait pertinemment qu'il n'en sera rien, puisqu'au Liban aussi bien qu'en Palestine, les factions des deux bords sont condamnées à s'entendre et ont besoin l'une de l'autre, souligne un observateur. En effet, les destructions et les pertes humaines à Gaza sont telles que le Hamas ne s'en sortira jamais tout seul.
D'ailleurs, le Fateh ne se laissera certainement pas faire sur le plan des équilibres militaires. On pourrait tout au plus s'attendre à une sorte de rééquilibrage au sein même de l'OLP, relève un observateur.
C'est ce que laisse entendre en outre le chef du Kifah el-Moussalah, proche du Fateh, Mounir el-Makdah, qui appelle le Hamas à venir rejoindre les rangs de l'OLP, « quitte à opérer certaines réformes au sein même de cette organisation », dit-il.
Qui plus est, les camps palestiniens sont désormais une ligne rouge et « doivent être épargnés de tout conflit, quel qu'il soit, à la lumière notamment de l'expérience douloureuse de Nahr el-Bared », affirment à l'unanimité les représentants des deux factions.
Mais quel que soit l'aboutissement de ce nouveau réajustement au sein de l'équilibre des forces palestiniennes, il reste que l'énigme des tirs de roquettes contre Israël est aujourd'hui d'autant plus entier que le scénario semble se répéter avec la découverte, hier, d'un nouveau lot de roquettes.
Concernant le second jet de tirs de roquettes en direction d'Israël, les premières indications montrent clairement l'implication d'un groupuscule islamiste sunnite « qui n'est pas nécessairement palestinien », se contente d'affirmer une source sécuritaire.
Plus directe, la réponse d'un responsable palestinien à cette question pointe un doigt accusateur vers les sunnites libanais, affirmant que les « Palestiniens n'ont pas besoin d'un tracas de plus en s'enlisant dans les labyrinthes de la bataille électorale libanaise ». En bref, dit-il, les informations montrent clairement que le second tir de roquettes contre Israël est bel et bien « l'œuvre d'un groupuscule sunnite libanais qui cherche à marquer des points auprès de sa base à la veille de la bataille électorale ». Personne ne semble vouloir en dire plus sur cette brèche sécuritaire majeure qui aurait pu coûter au Liban un prix exorbitant.
La crise de Gaza et la guerre qui s'ensuivit contre sa population a laissé des séquelles bien plus profondes que celles que l'on a pu comptabiliser sur le plan purement humanitaire ou même militaire. En effet, la guerre sans merci menée par Israël contre des Palestiniens pris en étau sur une superficie de 360 km2 a eu des répercussions autrement plus...
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