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Culture - Rencontre

Betty Taoutel parle de ces années-là...

À partir du 5 février, le Madina présente « Ayyam Btiswa Franco », une pièce écrite par Oussama el-Aref et réadaptée par Betty Taoutel. Une  relecture satirique de l'histoire, teintée d'un humour noir et  grinçant, mêlant fiction et réalité.
Betty Taoutel Sfeir ne chôme jamais. Quand elle ne joue pas dans des pièces (rappelez-vous Matar Charles de Gaulle de Joe Kdeih) ou à la télévision (la série Tlet Banet où elle campait la peste « Tante Mimi »), elle adapte des textes (Les trois sœurs de Tchekhov, Le journal d'un fou ou Lettres d'amour). Elle peut tout autant se glisser dans la peau d'une professeur à l'université (USJ), comme à la Star Academy  où, durant deux saisons, elle prodiguait amicalement, mais sérieusement, des conseils aux académiciens. De l'interprétation à la mise en scène, il n'y a qu'un pas qui n'est certainement pas « faux ». Betty Taoutel le franchit en toute aisance. Elle dirige des ateliers, monte des pièces, comme Claire Zahnassian, en 2007. Elle est partout : sur scène, avec les acteurs et entre les lignes. Infatigable artiste qui arrive même à allier sa vie professionnelle à la vie familiale (elle est mère de deux enfants). Infatigable, mais aussi passionnée car cette détentrice d'une licence en études scéniques, d'une maîtrise en dramaturgie et d'un DEA en études théâtrales avoue, sans la moindre hésitation, sa passion inaltérable  pour le théâtre tout en acceptant parfois certaines expériences télévisées qui ne sont pas négligeables. «Car toute expérience, même mauvaise, est bénéfique, dit-elle. L'essentiel est de ne pas être surexposée.»
Lorsque le romancier Oussama el-Aref (auteur de divers ouvrages, notamment d'œuvres théâtrales)   contacte Betty Taoutel pour lui proposer la mise en scène de sa nouvelle pièce, cette dernière est à la fois surprise et flattée. « Imaginez mon étonnement, dit-elle. J'étais étudiante quand je voyais toutes les pièces de cet auteur : Idrab el-Haramieh, signée Roger Assaf et Nidal al-Achkar, Pension Sitté Naïmé  de Jalal Khoury et Ya Iskandaria, Bahrek 3ajayeb de Yaacoub Chedraoui. Et me voilà maintenant confiée la mise en scène de son dernier ouvrage, Hayat wa Alam al-Général Franco (titre remanié par la suite). J'en étais fière.»  «Pendant deux mois, poursuit-elle,  nous avons eu de longues séances de réflexion sur le texte.»
Après avoir lu le texte et douté de l'intérêt que susciterait la guerre civile espagnole, Taoutel se met à élaborer le côté romanesque, alterner les scènes comiques et dramatiques et ajouter l'aspect théâtral et fictif aux personnages , «que j'ai trouvés très vite bouleversants», dit-elle. «Il fallait, dès le départ, ne pas tomber dans le réalisme. Comme l'histoire était fictive (avec des références historiques), il était important d'écarter le réalisme, même au niveau du décor et des costumes», souligne-t-elle.

Entre rires et larmes
L'intrigue se passe certes dans l'Espagne des années 39, mais elle pouvait se dérouler à Beyrouth en 75, ou encore à Gaza car, finalement, toutes ces guerres civiles se ressemblent. «C'est surtout les raisons de l'engagement de ces combattants qui m'intéressaient, leur persévérance ainsi que leur naïveté de croire qu'ils peuvent changer les choses. Pour eux, il importait peu de gagner ou de perdre, l'essentiel était d'essayer.» «Ce sont ces modifications que je désirais effectuer, poursuit-elle, et que j'abordais  avec Oussama el-Aref lors de nos discussions, et quelles étaient ma surprise et ma joie de percevoir une totale compréhension de sa part.»
L'échange s'est établi, suscitant très vite une réécriture de certains extraits. Pour sa part, l'auteur avoue qu'il a choisi Betty Taoutel pour le regard nouveau et jeune qu'elle apporte au théâtre: «Ma dernière œuvre remonte à treize ans. Je suis donc un dramaturge d'une autre époque, avoue Oussama el-Aref. Il m'intéressait de voir comment une jeune artiste comme Taoutel pouvait percevoir et illustrer mon texte. J'avoue que le résultat était positif, voire exaltant.» Et de poursuivre: «J'aime donner une certaine liberté au metteur en scène afin qu'il me livre sa propre vision des choses.»
Ayyam Btiswa Franco met donc en scène neuf personnages engagés dans une guerre civile, parfois pour des raisons personnelles. Ayant séquestré le dictateur espagnol, ils se trouveront très vite dans une impasse lorsqu'ils réaliseront que la défaite est imminente. «Des caractères en suspension, en attente, dit Taoutel, et qui peuvent être intemporels.» Des acteurs professionnels et semi-professionnels qui ne se connaissaient pas au préalable et qui apprendront à se connaître comme à découvrir les caractères qu'ils campent.
«Faire rire, pleurer et pousser à la réflexion, le tout porté par ma passion pour le théâtre: c'est ce que j'aimerai communiquer au public, celui à qui revient la touche finale. Car si l'auteur, le metteur en scène et par la suite les acteurs finissent tous ensemble à créer une œuvre collective, c'est ce même public qui donnera le ton final.»
Betty Taoutel Sfeir ne chôme jamais. Quand elle ne joue pas dans des pièces (rappelez-vous Matar Charles de Gaulle de Joe Kdeih) ou à la télévision (la série Tlet Banet où elle campait la peste « Tante Mimi »), elle adapte des textes (Les trois sœurs de Tchekhov, Le journal d'un fou ou Lettres d'amour). Elle peut...
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