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Diaspora - WASHINGTON - Irène MOSALLI

José Zaglul, fils de Hasroun, défenseur des équilibres de la planète Terre

Cet émigré libanais est le président et fondateur de la Earth University au Costa Rica
L’histoire de la diaspora libanaise dit qu’il y a un Libanais sous chaque étoile… Et il en est aussi un qui œuvre pour le devenir de la terre entière. Il se nomme José Zaglul et, depuis 1989, il est le président de la Earth University, (ou université de la terre », dont il est aussi l’un des fondateurs ), qui se trouve au Costa Rica, plus précisément à Guacimo (province du Limon). Dans cette université, la première et la seule du genre, on approfondit les sciences de l’agriculture et des ressources naturelles afin d’établir un équilibre entre la production agraire et la protection de l’environnement. Le but est d’amener les zones tropicales, en particulier celles de l’Amérique latine, à se doter d’un système de développement adéquat. Le campus a été sciemment installé dans la province du Limon qui échappe encore au bruit et à la pollution, et dont la proximité avec une luxuriante forêt tropicale en fait un terrain propice aux travaux de recherche écologique prévus dans le cursus.
Contacté par téléphone au Costa Rica, José Zaglul, originaire de Hasroun, nous a conté son périple qu’il a mené du Liban- Nord jusqu’en Amérique du Sud et son souhait « de former des leaders capables de promouvoir une meilleure vie sociale, économique et environnementale pour leurs communautés. L’une des stratégies de la Earth University étant de diminuer la pauvreté dans la région et d’offrir des opportunités aux étudiants ayant peu de moyens financiers. Plus de 50 % des étudiants sont boursiers et 30 % bénéficient de bourses partielles ». Et s’il parle un arabe parfait, c’est qu’il n’a jamais coupé les ponts avec son pays d’origine.
José Zaglul est né le 24 août 1947 au Costa Rica où son père, Wajih Zaglul, avait émigré et où il s’était marié avec Carmen Slon. Les deux époux étaient originaires de Hasroun où Wajih avait exercé le métier de maître d’école. Un an plus tard, Wajih Zaghlul (qui avait passé 14 ans au Costa Rica) décide de rentrer au pays avec sa femme, leurs trois filles et leur fils. Là, la chance ne lui sourit pas. L’affaire qu’il monte ne s’avère pas rentable. Il reprend alors le chemin du Costa Rica avec un enfant de plus, né au Liban. Là aussi, la chance ne sourit pas facilement à la famille qui travaille dur pour boucler les fins de mois. Même les enfants, après l’école, mettent la main à la pâte dans le magasin de tissu tenu par les parents. Néanmoins, ils sont tous heureux et l’atmosphère à la maison est chaleureuse. « Je n’ai rien d’autre à vous laisser qu’un nom respectable, l’honnêteté et le dur labeur », était le seul legs du père aux membres de la famille.

« Mon père, ce poète… »
« De plus, explique José Zaglul, mon père était un magnifique poète et il était resté constamment en contact avec la mère patrie. Il s’était lié d’amitié avec plusieurs poètes et écrivains libanais vivant en Amérique du Sud, notamment Choukrallah el-Jerr qui, lui, venait de Byblos. »
Un jour, après un court séjour au Liban, Wajih demande à son fils José (qui a alors 17 ans) s’il a envie de faire des études à l’American University of Beirut (AUB). Ce dernier n’hésite pas à s’immerger dans la culture libanaise : d’abord au collège Haïgazian pour apprendre l’anglais puis à l’AUB où il obtient un BA en économie agricole et un MA en sciences animales. Suivra une thèse de doctorat en nutrition défendue à l’Université de Floride. De l’expérience au pays de ses aïeux, il dit : « Ce que je pensais être une année d’aventure a fini par être huit années passées dans un lieu inoubliable qui ont changé ma vie. Là, j’ai découvert l’existence des conflits sociaux et religieux, et je me suis dit que quelle que soit la voie que je suivrai, j’essayerai de faire changer les choses pour promouvoir la justice et la paix. »
Telle a été donc l’aspiration de la Earth University qui cible un meilleur rendement dans les tropiques pour l’établissement d’une société juste et prospère. Jusqu’à présent, plus de mille diplômés sont sortis de cette université et ont contribué à l’amélioration économique de 20 pays d’Amérique latine.
Aujourd’hui, la Earth University sert de modèle, partout dans le monde (notamment en Afrique et en Asie), pour des programmes d’études axés sur l’agriculture tropicale.
José Zaglul, quant à lui, est marié à une costaricaine, Maria del Rosario Ruiz, qui lui a donné trois enfants : Joumana, 26 ans, qui se spécialise en cardiologie, Samir, 25 ans, qui terminera l’an prochain ses études de génie, et Leila, 21 ans, étudiante en archéologie. Quant à la mère de José Zaglul, elle a aujourd’hui 86 ans et continue à réunir la famille pour des déjeuners du dimanche au menu toujours libanais. Le plat le plus savouré du président de la Earth University, la « loubié bi zeit » (haricots verts à l’huile).
L’histoire de la diaspora libanaise dit qu’il y a un Libanais sous chaque étoile… Et il en est aussi un qui œuvre pour le devenir de la terre entière. Il se nomme José Zaglul et, depuis 1989, il est le président de la Earth University, (ou université de la terre », dont il est aussi l’un des fondateurs ), qui se trouve au...