Rechercher
Rechercher

Diaspora

Le Libanais Anisio Abraão David, président d’une école prestigieuse de samba au carnaval de Rio

Vendeur d’oranges et de bonbons puis cireur de chaussures à ses débuts
Le Brésil se distingue par un héritage métissé, indien, portugais, africain, enrichi de diverses émigrations : allemande, italienne, espagnole, libanaise, syrienne, japonaise… Danses, chansons, rythmes et langues se superposent ainsi dans un mélange culturel dominé par la coexistence. À Rio de Janeiro, berceau de la samba et fleuron de la musique brésilienne, les écoles de samba se présentent chaque année au « sambódromo », avenue spécialement conçue pour les défilés du carnaval de Rio.
Au carnaval de Rio 2008, qui vient de se dérouler du 2 au 4 février, l’école de samba « Beija-Flor » (Colibri), fondée en 1948 à Nilópolis, « municipe » de l’État de Rio de Janeiro, a été championne pour la 11e fois. Cette école a défilé avec 4 200 danseurs, qui ont présenté « Macapaba – équinoxe solaire – voyages fantastiques au milieu du monde. Ce thème mélange mythe et réalité, une découverte du Brésil à partir de la richesse naturelle de l’Amapa, État amazonien du nord du pays où passe la ligne équatoriale, et qui est pour cela appelé « milieu du monde ». Le spectacle, haut en couleur et en musique, a coûté à l’école 4 millions de dollars, et a été presque entièrement financé par son président d’honneur, Aniz Abraão David. Plus connu sous le nom de « Anisio Abraão », cet homme d’affaires brésilien d’origine libanaise est renommé au Brésil, étant l’un des grands gérants du « Jogo do Bicho », un genre de loterie utilisant les images d’animaux, très populaire dans le pays mais considéré comme un jeu clandestin par la justice brésilienne.
Les Libanais et leurs descendants sont ainsi présents partout au Brésil, même dans la plus grande festivité de ce pays et du monde entier, le carnaval de Rio. Anisio Abraão David, fils d’émigrés libanais du Akkar au Liban-Nord, est né à Nilópolis, au nord-ouest de Rio de Janeiro. Septième d’une famille de dix enfants, il a travaillé dur à ses débuts, comme vendeur d’oranges dans les stades de football, vendeur de bonbons à l’entrée des cinémas ou cireur de chaussures. Son père a ensuite ouvert un petit magasin où Anisio est devenu commerçant, puis homme d’affaires. Anisio fréquenta dès son enfance plusieurs écoles de samba, dont l’école « Beija-Flor » de sa ville natale. Sa passion pour la samba et pour sa ville révéla sa capacité à reconnaître les talents : il transforma cette école en une grande famille qui devint régulièrement championne ou vice-championne du carnaval de Rio. Le peuple l’a reconnu comme le grand créateur de la famille « Beija-Flor » et l’a élu président d’honneur.

Des députés et des préfets
Anisio a été également président, de 1985 à 1987, de la Liesa (Ligue indépendante des écoles de samba de Rio de Janeiro), organisatrice du carnaval. Son frère Farid Abraão David est le président actuel de l’école « Beija-Flor » et aussi le préfet de Nilópolis. Un autre frère, Miguel Abraão, était aussi préfet de Nilópolis, et son fils Abraão est actuellement conseiller municipal de la ville. Un autre neveu, Ricardo Abraão, était député de l’État de Rio. Un de ses cousins, Simão Sessim, préfet de Nilópolis de 1973 à 1977, est aujourd’hui député fédéral du Parti progressiste, dans son huitième mandat. Toute la famille est ainsi engagée dans la politique et la samba, marquant fortement la présence libanaise dans la région.
Cette année, les Libanais ont été aussi présents au carnaval de Rio à travers l’école « Unidos da Vila Isabel » (« Unis de la Ville Isabel »), fondée en 1946 et plusieurs fois championne, qui a choisi comme thème de défilé les « Travailleurs du Brésil », thème social qui reprend l’historique de ces Brésiliens actifs, indiens, africains et autres émigrés. Parmi ces groupes, l’école a rendu hommage aux émigrés libanais, avec 90 hommes et femmes défilant, en habits traditionnels libanais très colorés et ornés de plumes, au rythme de la samba.
La directrice brésilienne du groupe libanais, Cheila Rangel, ainsi que Sonia Madruga, peintre, Regina Dantas, historienne, et sa fille Dandara, toutes quatre libanaises de cœur, ont envoyé un message spécial au Liban et à ses habitants : « À travers le journal L’Orient-Le Jour, nous souhaitons la paix et l’harmonie entre les peuples d’Orient et beaucoup d’espoir pour 2008 à tous les Libanais et Brésiliens-Libanais résidant dans le pays du Cèdre. »
Le carnaval et la samba sont ainsi plus qu’un simple trémoussement de hanches des belles « mulatas ». C’est aussi un spectacle riche en art, en culture et en histoire, chantés et dansés par les écoles de samba. Tout le Brésil, et non seulement Rio, participe à la joie de vivre durant quatre jours et quatre nuits, aucun point de la planète ne connaissant une telle explosion populaire, qui rassemble toutes sortes de personnes sans distinction, fraternellement unies. Ainsi, le carnaval incorpore et actualise le folklore des Brésiliens et celui des émigrés, qui ont fait du Brésil leur seconde patrie.
Le Brésil se distingue par un héritage métissé, indien, portugais, africain, enrichi de diverses émigrations : allemande, italienne, espagnole, libanaise, syrienne, japonaise… Danses, chansons, rythmes et langues se superposent ainsi dans un mélange culturel dominé par la coexistence. À Rio de Janeiro, berceau de la samba...