Une cinquantaine de Libanais habitant Montréal ont ainsi fait les frais du nouveau conflit qui a momentanément privé Beyrouth de son aéroport international. Le hasard a voulu que, cet après-midi du 6 mai, l’avion reliant Montréal à Paris ait décollé à 21 heures au lieu de 17 heures. Les passagers sont restés bloqués à bord pour des raisons techniques. Sur ce vol AF345, Georges et Micheline Ghossoub, rencontrés à Nice à défaut de nous retrouver au Liban, nous décrivent leurs péripéties :
« Ce jour-là, nous arrivons à Paris avec trois heures de retard, le pilote ayant pu rattraper une petite heure, racontent-ils. Mais le premier vol pour Beyrouth était déjà parti, et le second attendait notre arrivée pour décoller. Nous étions une cinquantaine de Libanais du Canada à monter rapidement dans l’avion, rejoignant d’autres venant parfois de destinations aussi éloignées que les États-Unis ou le Brésil. Nous savions qu’une grève allait avoir lieu au Liban, mais qu’elle se terminerait vers 15h. »
Une fois au-dessus de Chypre, le commandant du vol Air France prévient les passagers de l’impossibilité d’atterrir à Beyrouth et fait aussitôt demi-tour. « Il y a eu des protestations spontanées, mais nous nous sommes résignés à cette situation exceptionnelle, poursuivent-ils. Nous sommes donc retournés en France et avons passé la nuit dans un hôtel parisien aux frais de la compagnie, épuisés par 18 heures de voyage ! »
Signalons que l’avion MEA du troisième vol Paris-Beyrouth, parti en ce mercredi 7 mai trois heures après le précédent, avait réussi à se poser à l’aéroport. Mais les personnes venant accueillir les passagers n’ont pu les attendre que près de deux kilomètres plus loin, en raison de la fermeture des routes. La plupart des voyageurs ont dû traverser les routes coupées à pied, traînant leurs bagages sur les chariots de l’aéroport qu’ils ont laissés sur place.
Une fois de plus, le pays partait à l’aventure, avec des milliers de Libanais coincés provisoirement aux quatre coins du monde, espérant que la raison reprenne le dessus dans un Liban qu’ils n’abandonneront pas facilement, malgré tout.