
Un immeuble moderne dans le quartier de Sodeco à Beyrouth, le 3 juillet 2024. Photo d'illustration Philippe Hage Boutros
L’indice des directeurs d’achats libanais (PMI) a une nouvelle fois surpris en affichant une progression contenue en juin, après avoir reculé d’un petit dixième de point en mai, dans une conjoncture laissant peu de place à l’optimisme. Un sursaut fragile, intervenu malgré une nouvelle séquence de bombardements israéliens dans la banlieue sud de Beyrouth et le déclenchement, par Israël, d’une guerre contre l’Iran qui a duré douze jours, avec l’impact bien connu sur le tourisme et le transport aérien au Moyen-Orient.
Avec trois dixièmes de plus cette fois, le PMI publié chaque mois par Blominvest atteint 49,2 points, signe que la détérioration de l’activité ressentie par le secteur privé s’est atténuée par rapport au mois de mai, et que ce sentiment se rapproche du point d’équilibre de 50 points, au-dessus duquel l’indice refléterait une croissance de cette même activité.
Ce qui est, en revanche, moins rassurant, c’est qu’il s’agit du quatrième mois consécutif où le PMI flotte en dessous de la barre des 50 points, comme le souligne Fadi Osseiran, directeur général de Blominvest, dans un commentaire publié avec la nouvelle édition de l’indice. « L’escalade du conflit entre l’Iran et Israël a entraîné un recul des ventes auprès des clients et des annulations, ce qui a pesé sur l’activité commerciale. Par ailleurs, les prix d’achat supportés par les entreprises ont augmenté au rythme le plus rapide depuis huit mois, ces hausses ayant été répercutées sur leurs clients », détaille M. Osseiran.
Hausse des principaux sous-indices
Encore plus inquiétant, l’indice mesurant le sentiment général des acteurs du secteur privé concernant les perspectives de production dans les 12 mois à venir s’est nettement détérioré par rapport à mai.
Cet indice, publié en annexe du PMI, a brutalement chuté, passant de 55,3 points en mai à 23,7 points en juin, et retrouvant un niveau qu’il avait connu lors des périodes les plus marquées par les incidents de ces dernières années, notamment depuis les premiers mois de la guerre de Gaza. Cet indice était descendu encore plus bas, flirtant avec la barre de zéro, dans le sillage du défaut libanais sur le remboursement des eurobonds. Fadi Osseiran explique le résultat de cet indice par le fait que 53 % des répondants anticipent une baisse de l’activité au cours des 12 prochains mois. En d'autres termes, le secteur privé ne voit pas au-delà d'une saison estivale qu'il essaye de sauver depuis que le cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, entré en vigueur le 24 juin, a convaincu une partie des voyageurs qui comptaient venir au Liban de faire le déplacement. La majorité des directeurs des achats interrogés ne semblent pas non plus croire, pour l’instant, qu’un accord entre le Liban et le Fonds monétaire international soit possible, accord qui permettrait de financer la mise en œuvre de réformes susceptibles de sortir le pays de la crise qu’il traverse depuis fin 2019.
Parmi les autres enseignements notables, le sous-indice mesurant la production a progressé de 0,7 point pour atteindre 48 points, celui des nouvelles commandes n’a pris qu’un dixième pour atteindre 48,3 points, et enfin celui des nouvelles commandes destinées à l’exportation a gagné 3 dixièmes, à 47,7 points.
Publié par Blominvest, le PMI évalue l’état de la conjoncture économique à partir de sondages menés auprès des directeurs d’achat de 400 entreprises locales, selon un modèle et une méthodologie validés à l'international. Si la valeur de l'indice est inférieure à 50 points, cela signifie qu'il reflète un ralentissement de l’activité économique et des perspectives peu favorables ; à l’inverse, un score supérieur à 50 traduit une tendance opposée, indiquant une expansion de l'activité. Si la valeur du PMI augmente d'un mois sur l'autre, cela signifie que les acteurs estiment que leur perception de la conjoncture s'est améliorée sur cette période.