
Des dégâts engendrées par l'incendie sur les hauteurs de Kobeyate, au Liban-Nord, le 30 juin 2025. Photo obtenue par Michel Hallak
Plus de vingt hectares de terres sont partis en fumée sur les hauteurs de Kobeyate dans un important incendie qui s'était déclaré dimanche soir dans la région, et qui a repris lundi en fin d'après-midi après avoir été maîtrisé dans la matinée, selon une évaluation préliminaire effectuée par Georges Mitri, directeur du programme sur les terres et les ressources naturelles à l’Université de Balamand, cité par notre correspondant au Liban-Nord Michel Hallak.
Après une nuit de lutte contre le feu, les pompiers, des volontaires et un hélicoptère de l'armée sont finalement parvenus à le maîtriser lundi matin. Les flammes s'étaient déclarées dans la zone dite de « Maqal el-Baghel », sur les hauteurs de Kobeyate et s'étaient propagées très rapidement en raison des vents violents. Le feu avait atteint au cours des dernières heures la réserve naturelle de « Bathat el-Chouh » et se rapprochait des habitations. Les dégâts environnementaux sont importants, selon les informations de notre correspondant, qui fait état de la perte de « milliers d'arbres », notamment des pins et sapins. La lutte contre les flammes s'est faite au départ avec les moyens du bord, les camions de pompiers ne parvenant pas à atteindre la zone en feu, avant qu'un hélicoptère de l'armée ne soit mobilisé à l'aube.
En fin d'après-midi, le feu a repris dans la région de « Bathat el-Chouh » sous l'effet du vent, selon notre correspondant. Des pompiers ont été déployés afin de le contrôler.
Dans son évaluation préliminaire, Georges Mitri a estimé que l'incendie a « touché plus de 20 hectares dans une zone où la capacité de la végétation à se reconstituer après l'incendie est très limitée en raison de la nature du site et de ses conditions climatiques et environnementales ».
Dans la foulée de l'incendie, la municipalité de Kobeyate a déposé une plainte auprès de la Cour d'appel du Liban-Nord qui a ouvert une enquête. Un expert a été désigné pour rédiger un rapport scientifique complet expliquant les causes de l'incendie et ses répercussions environnementales sur la région. Un soutien logistique a également été assuré aux équipes de pompiers déployés sur le terrain. Une équipe de surveillance sur le terrain a aussi été formée afin d'assurer un suivi permanent du site de l'incendie, dans le but de prévenir sa réactivation.
« Renforcer les mesures préventives »
La ministre de l'Environnement, Tamara el-Zein, a inspecté en début d'après-midi le site de l'incendie et a été informée de l'étendue des dégâts environnementaux. Elle a dans ce cadre souligné la nécessité « de renforcer les mesures préventives et d'intensifier les préparatifs pour répondre rapidement à de telles catastrophes », saluant le dévouement des pompiers, de la Défense civile, de l'armée et des volontaires locaux. Elle a aussi appelé à demander des comptes « à ceux qui commettent des crimes contre l'environnement », notant que « la prévention reste la clé pour faire face à ces catastrophes ». « Cette année est marquée par une saison sèche inhabituelle en raison de la faible quantité de précipitations, ce qui augmente la probabilité d'incendies similaires et nécessite de renforcer les mesures préventives et d'accroître la sensibilisation à l'environnement », a-t-elle ajouté.
La vitesse du vent en cause
Commentant l'incendie, le président du Conseil de l’environnement de Kobeyate, Antoine Daher, a rappelé que le lieu où il s'était déclaré avait déjà connu quatre départs de feu au cours des cinq derniers jours, « qui avaient pu être éteints », mais que la « catastrophe » de dimanche soir était due à la vitesse du vent.
M. Daher a en outre salué les efforts déployés par les équipes de la Défense civile, l’armée, les habitants de Kobeyate et les militants environnementaux de l’association de protection de l’environnement « Les sentiers du Akkar » (Darb Akkar). Des jeunes de la région, notamment des Guides, ont distribué des sandwiches et des bouteilles d'eau aux volontaires et pompiers.
Depuis fin mars, le ministre de l’Agriculture Nizar Hani a décrété l’état d’urgence pour la sauvegarde des forêts du Liban, menacées notamment par le changement climatique, les incendies récurrents ou encore l’abattage illégal et massif d’arbres. Une des mesures prises en ce sens est la mobilisation des forces de l'ordre dans les secteurs où sont abattus régulièrement des arbres.
En avril déjà, Greenpeace avait estimé que les récents incendies observés au Liban, avant même le début de l'été, étaient « un indicateur alarmant de l'aggravation des effets du changement climatique dans la région.