Vous avez lancé la première attaque, mais c’est nous qui avons envoyé la dernière salve. C’est par cette phrase qui se veut très explicite que les Iraniens ont résumé les 12 jours de la guerre entre l’Iran et Israël, qui devait prendre fin, selon Donald Trump, mardi à 7 heures du matin. Ce serait d’ailleurs la raison pour laquelle, à 6h45, les Iraniens ont lancé une dernière série de missiles vers Israël, en particulier vers Bir el-Sabeh (Beersheba), faisant plusieurs morts. Les missiles sont sans doute arrivés à destination après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, mais les Iraniens considèrent qu’ils n’ont pas violé celui-ci.
Ce n’est évidemment pas l’avis des Israéliens, qui ont répondu à cette attaque en frappant deux radars en Iran. Pourtant, la plupart des milieux diplomatiques arabes et occidentaux estiment malgré tout que la confrontation entre l’Iran et Israël est en train d’être circonscrite, et même si le cessez-le-feu n’est pas totalement respecté, elle devrait se transformer en « conflit de basse intensité ». Mais quelle pourrait être la suite des événements ?
Jusqu’à présent, le président américain Donald Trump a visiblement réussi son pari, imposant un cessez-le-feu qui, de l’avis des deux parties concernées, n’a pas été vraiment discuté avec elles. Pourquoi Donald Trump a-t-il décidé au bout d’une dizaine de jours de l’éclatement de ce conflit direct inédit entre l’Iran et Israël qu’il était temps d’y mettre fin ? Les avis sont partagés sur la question. Pour Trump et son équipe, la plus grande partie de la mission à laquelle était destinée cette confrontation est remplie, à savoir la destruction du programme nucléaire iranien, grâce bien sûr aux frappes américaines sur les trois sites principaux en Iran, Fordo, Ispahan et Natanz. Par contre, pour les Iraniens et leurs alliés, c’est tout simplement parce que les Israéliens ne peuvent pas supporter une longue confrontation comme celle qui a commencé il y a 12 jours. Ils auraient d’ailleurs envoyé des messages clairs aux Iraniens et à Trump pour y mettre fin. Comme les parties impliquées dans ce conflit ne font pas preuve d’une grande transparence, il est difficile d’affirmer quelle version devrait être retenue et de dresser un bilan clair des résultats de cette confrontation. Ce qui est sûr, c’est que le flou qui entoure justement les résultats permet à chacune d’entre elles de se présenter comme victorieuse.
Si l’objectif de cette guerre était de détruire le programme nucléaire iranien, on peut dire que celui-ci a reçu un coup très dur. Mais est-il totalement détruit ? Les Iraniens affirment avoir déplacé la plus grande partie de l’uranium enrichi en dehors des sites pris pour cible par les Israéliens, et en dépit des assassinats de nombreux spécialistes iraniens de l’énergie nucléaire, le savoir-faire est préservé. Selon les Iraniens, le programme aurait donc été retardé, non détruit.
Même argumentation aussi pour la destruction des missiles balistiques. L’Iran affirme à ce sujet qu’il en possède encore une quantité importante et il a donc encore la possibilité d’en lancer.
Enfin, s’il s’agit de renverser le régime de la République islamique, comme l’avait laissé entendre dans un tweet Donald Trump lui-même et comme l’avaient pratiquement annoncé les Israéliens en parlant d’assassiner l’ayatollah Khamenei, là aussi, l’objectif n’a pas été atteint. Le régime est encore en place. Et plus encore, face à la possibilité de sa mort, le guide suprême Khamenei a donné une partie de ses prérogatives aux gardiens de la révolution, qui constituent un État dans l’État et qui représentent l’aile dure du régime. De plus, plusieurs observateurs iraniens expliquent que la menace israélienne et américaine contre la République islamique a provoqué un élan national populaire iranien autour du régime. Au point que les déclarations du fils du chah d’Iran sur son éventuel retour au pouvoir n’ont suscité, en Iran et même au sein de la diaspora iranienne, aucun enthousiasme concret.
Mais cela ne signifie pas pour autant que le régime iranien se sent aujourd’hui rassuré et assuré de rester au pouvoir pour les décennies à venir. Au contraire. Des sources iraniennes au Liban, généralement bien informées, laissent entendre que le régime craint que la guerre sécuritaire prenne le relais des bombardements ciblés. Selon ces sources, les Israéliens et en particulier Benjamin Netanyahu souhaiteraient réellement renverser le régime de la République islamique pour s’assurer de l’abandon définitif de la cause palestinienne, l’Iran étant actuellement le dernier État d’une puissance considérable à la soutenir. En effet, dès son arrivée au pouvoir en 1979, ce régime avait fait du soutien à la cause palestinienne la clé de voûte de sa politique régionale et internationale. Très rapidement, à partir du début des années 1980, il a commencé à soutenir les mouvements de « résistance » contre Israël, au Liban, chez les Palestiniens et au sein des États arabes en général. Au cours des quatre dernières décennies, les Israéliens ont bien essayé de combattre ces mouvements, mais ils sont arrivés à la conclusion que le plus sage serait d’en finir avec le régime qui les soutient et se tient derrière eux, à savoir la République islamique d’Iran. C’est pourquoi, après avoir affaibli militairement le régime à travers les frappes aériennes, il faudrait maintenant le laisser imploser de l’intérieur en soutenant directement ou non les groupes d’opposition et en alimentant la grogne populaire aiguisée par la crise économique interne. D’ailleurs, ces derniers temps, les médias iraniens rapportent régulièrement l’existence de soulèvements limités dans certaines régions du pays et évoquent aussi le démantèlement de réseaux d’espionnage liés notamment au Mossad.
Selon les sources précitées, les autorités iraniennes sont conscientes de ce risque et font du démantèlement des réseaux d’espionnage et des groupes qui veulent semer le trouble à l’intérieur du pays une de leurs priorités. Les autorités iraniennes se déclarent prêtes à toutes les éventualités pour défendre le régime en place. Mais certaines parties en Iran et dans la mouvance iranienne estiment que le renversement du régime des mollahs n’est pas vraiment une priorité américaine. Selon ces parties, ce n’est pas tant à cause de la dernière déclaration de Donald Trump, qui peut changer d’avis, comme il l’a déjà fait ces derniers temps, mais plutôt parce que le régime iranien actuel conviendrait aux Américains. Ces derniers l’utilisent pour faire peur aux États du Golfe et pour leur vendre ainsi leur protection. Par contre, ce serait une nécessité pour les Israéliens, mais ceux-ci n’ont pas forcément les moyens de réaliser cet objectif.
Toujours est-il que pour le régime iranien, la vigilance doit être de mise, et si aujourd’hui une étape dangereuse a été surmontée avec un minimum de dégâts, le danger n’est pas écarté. C’est une guerre sous une autre forme qui pourrait prendre le relais.
Faut pas oublier que Israel a ouvert une autostrade aerienne entre Tel Aviv et lÍran. Songer un peu, 1200 raids aeriens et 600 ravitaillement en plein vol, et AUCUN avion n'a ete abattu ou un pilote perdu. Cést par cette autoroute que les B2 US sont passes
23 h 02, le 25 juin 2025