Quatre concerts à Byblos ou comment survivre à un été libanais

Un festival qui rétropédale, un autre qui démarre… Un chassé-croisé devenu malheureusement courant au pays du Cèdre. Tandis que le comité du Festival de Beiteddine annonçait avec regret l’annulation de son édition prévue en juillet, « en raison des circonstances régionales », celui de Byblos dévoilait enfin l’affiche de ses concerts, prévus durant la première semaine d’août.

C’est au complexe Eddé Sands, en présence de la ministre du Tourisme, Laura Lahoud – qui a souligné l’importance de Byblos, « terre d’histoire et cité du verbe », et remercié chaleureusement les membres du comité pour leur détermination et leur résilience – qu’a été dévoilée la programmation du festival de la cité côtière.

Le président du comité, Me Raphaël Sfeir, était entouré du Dr Joseph Chami, président de la municipalité de Jbeil, ainsi que de Joe Harb et Pierre Abi Saab, respectivement à la tête des agences de production et d’événementiel In Action Live et 8e Art, qui ont collaboré à la mise sur pied des quatre concerts de cet été – « auxquels pourrait s’ajouter la surprise d’un cinquième ». Tous ont insisté sur leur volonté de maintenir en vie ce festival qui les anime depuis plus de deux décennies.

« Pour la 23e année consécutive, et malgré les circonstances difficiles, nous avons tenu à maintenir cette édition, avec l’espoir que l’été sera malgré tout prometteur », a déclaré Me Raphaël Sfeir. « Chaque année, nous nous engageons sur cette voie semée d’embûches, et chaque année, nous affrontons les mêmes risques liés à l’instabilité de la situation », a-t-il souligné, avant d’admettre que cette mission devient de plus en plus difficile à assumer. D’autant que, malgré le soutien du ministère du Tourisme, les subventions de l’État se sont réduites comme peau de chagrin. « Heureusement, nous avons pu obtenir l’appui de quelques sponsors, tels que la CMA CGM, Dar al-Handassah, Eddé Sands, Comin Insurance, Promomedia et Event Technology, entre autres. »

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S’adressant à la ministre Laura el-Khazen Lahoud, il a exprimé le souhait qu’elle parvienne, par ses efforts, à faire voter au Parlement une loi visant à alléger les taxes et impôts perçus sur les festivals, qui représentent près de 40 % du prix des billets. « Ces derniers oscilleront entre 30 et 100 dollars pour les plus chers », a précisé Me Sfeir à L’Orient-Le Jour.

Alors, qui sont les 4 artistes à l’affiche de Byblos  cet été ?

Mardi 5 août : Guy Manoukian

Guy Manoukian. DR

Est-il encore nécessaire de présenter ce compositeur, pianiste et producteur libano-arménien, habitué des grands festivals de l’été ? 45 ans au compteur et presque autant d’années au piano (il s’y est mis dès l’âge de 5 ans), Guy Manoukian est connu pour sa fusion de mélodies orientales traditionnelles avec des rythmes et des arrangements contemporains. Musicien inspiré, et pianiste au jeu dynamique (sans doute son côté sportif d’ex-basketteur professionnel), il a collaboré avec des artistes internationaux comme Wyclef Jean et les Gipsy Kings. Celui qui s’est produit dans quelques-unes des plus fameuses salles de concert à travers le monde, notamment à Londres, à Los Angeles, à l’Opéra de Sydney, de Dubaï et du Caire, Singapour ainsi qu’à l'Olympia à Paris, ne rate pas une occasion de revenir vers son fidèle public libanais. En février dernier, il entamait depuis le Casino du Liban sa toute première tournée mondiale. Une série de concerts à travers lesquels il a fait découvrir, au-delà du crossover moderne qui le caractérise, sa nouvelle orientation pop aux vibrations électro et disco-funk. On s’attend à la même performance à Byblos. D’autant qu’on le sait, la passion que déploie Manoukian sur scène est contagieuse.

Vendredi 8 août : Lost Frequencies

Il est, paraît-il, l’un des trois artistes belges, avec Stromae et Angèle, les plus connus du moment. Et, malgré ses petites lunettes rondes d’intello, l’un des DJs les plus influents de sa génération.

Lost Frequencies, de son vrai nom Félix De Laet, est un DJ, compositeur et producteur belge de musique Dance/électronique. Il s’est fait connaître en 2014, par son remix du single Are You With Me du chanteur Easton Corbin qui atteint la première place de nombreux hit-parades nationaux en Europe et dépassé le milliard de streams. Depuis, il s’est lancé dans la composition. En près de 10 ans, il a déjà trois albums à son actif, dont Less Is More en 2016 et All Stand Together, en 2024 dont le titre phare Where Are You Now cartonne.

Connu pour son style unique qui mélange des éléments de house, deep house, et pop, cet artiste qui sait créer une atmosphère captivante dans ses concerts « est toujours en quête, confiait-il dans une interview, de sons uniques et de rythmes oubliés ou méconnus ». Également engagé dans des projets écologiques, ce DJ habitué de Tomorrowland, le plus grand festival de musique électronique du monde, utilise sa notoriété pour sensibiliser à des causes importantes. Comme le développement durable, la protection de la biodiversité et des océans, la réduction des déchets… À écouter à plus d’un titre.

Samedi 9 août : Slimane

Slimane lors du concours de l'Eurovision en 2024. Photo DR

Vous aimez la chanson française contemporaine ? Vous avez envie d’entendre des milliers de Je t’aime, autant de La vie est belle, et des Mon amour à n'en plus finir (trois de ses plus grands succès) ? Vous serez servi avec Slimane (Nebchi). Vainqueur de la saison 5 de The Voice : la plus belle voix, ce chanteur français d’origine algérienne est l’un des artistes les plus en vogue du moment dans l’Hexagone. Depuis son premier album  À bout de rêves sorti en 2017 et ses titres marquants comme Paname, il connaît un immense succès. Sa puissance vocale et ses mélodies accrocheuses à la croisée des genres – mélange de pop, de variété et des sonorités urbaines – séduisent un large public.

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Celui qui à 12 ans s'est découvert une passion pour le chant en s’inscrivant dans une chorale gospel en région parisienne, est désormais à 35 ans un auteur-compositeur et interprète accompli, qui, parallèlement à ses propres tubes, écrit pour beaucoup d’artistes. Ses textes tout en émotion et ses refrains entraînants lui valent d’être considéré par certains comme un artiste de la lignée des Jean-Jacques Goldman et Patrick Bruel. Avec son dernier album Essentials, Slimane qui a représenté la France à l’Eurovision en 2024 a également remporté le prix de l'artiste masculin francophone de l'année aux NRJ Music Awards cette année-là.

Dimanche 10 août : Naïka

Naïka, l'exotique interprète de « Belle, belle ». Photo DR

Sans doute plus connue au Liban en tant que compagne du fameux musicien palestinien Saint-Levant que pour ses propres chansons, la Belle, Belle ! (titre de l’une de ses chansons) brune française d’origine haïtienne a quand même quelques tubes, comme One Plus One, qui passent en boucle sur les ondes radio… Et dans les stations balnéaires, où sa musique chaloupée (aux influences afro-caribéennes) et ses chansons multilingues diffusent comme un parfum d’exotisme. Née à Miami, il y a 27 ans, Naïka a grandi dans différents pays. Ce qui a contribué à façonner son identité et sa musique « world pop ». Un mélange de sonorités pop, soul, R&B et de rythmes du monde sur lesquelles elle pose des paroles (qu’elle écrit elle-même) en anglais, en français et en créole haïtien. Des langues qu’elle mélange dans un même titre parfois. Et des chansons dans lesquelles on peut déceler une thématique féministe et sociale. Si l'on y prête bien l’oreille…