Rechercher
Rechercher

Campus - ENTRETIEN

À la tête de la LAU, le Dr Chaouki Abdallah redéfinit les priorités de l’enseignement supérieur

Nommé en octobre 2024, le nouveau président s’attaque à un double défi : garantir l’excellence académique et diversifier les sources de financement.

À la tête de la LAU, le Dr Chaouki Abdallah redéfinit les priorités de l’enseignement supérieur

Le Dr Chaouki Abdallah, nouveau président de l’Université libano-américaine (LAU). Photo LAU

Lorsqu’il énumère les difficultés auxquelles font face les universités libanaises, le Dr Chaouki Abdallah, nouveau président de l’Université libano-américaine (LAU), admet que « le coût de l’éducation est de plus en plus élevé », en précisant que « cette augmentation n’est pas uniquement due aux salaires (du corps enseignant et administratif, NDLR) ».

« Il y a des exigences aujourd’hui qui n’existaient pas il y a 30 ans. À l’époque, il n’était pas nécessaire d’obtenir autant d’homologations pour certifier notre enseignement à l’étranger, ni de mettre en œuvre une stratégie marketing élaborée pour présenter l’université, ni d’engager des conseillers pour les étudiants. Sans parler de la hausse des coûts liés aux infrastructures et à la consommation de fuel, qui ont fortement grimpé ces dernières années. » En relevant le problème de l’augmentation des frais de scolarité universitaires, le Dr Abdallah affirme que dans d’autres pays, la plupart des universités font payer ces coûts aux étudiants qui en ont les moyens. « Aujourd’hui, seulement 20 % de nos étudiants paient la totalité des droits universitaires, qui s’élève à environ 22 000 $ par an. 80 % bénéficient d’aides financières : certains reçoivent une réduction de 20 %, d’autres plus, selon leur situation financière. En moyenne, ces aides réduisent les frais à moins de la moitié du montant initial.

Malheureusement, après une forte diminution récente d’une aide extérieure, nous avons dû prendre le relais, car nous refusons qu’un étudiant soit privé d’éducation par manque de financement. »

Le président de la LAU a compris que, pour maintenir la même qualité d’enseignement, il est urgent d’établir de nouvelles stratégies en diversifiant les sources de revenus afin de diminuer les coûts. Parmi ces stratégies, il compte augmenter le nombre d’étudiants étrangers au Liban, développer l’esprit entrepreneurial chez les jeunes diplômés pour les encourager à investir dans le pays, optimiser les moyens humains et matériels de l’université grâce notamment à l’intelligence artificielle (IA) et mobiliser le capital humain que représentent les anciens étudiants brillant à l’étranger. Autant de mesures qu’il a lancées pour ses années de gouvernance à venir.

Attirer les étudiants étrangers et encourager les jeunes Libanais à investir dans leur pays

De moins en moins d’étudiants étrangers choisissent le Liban pour entreprendre leurs études, vu la situation difficile que traverse le pays. « Un manque à gagner pour l’université », déplore le président de la LAU, vu que ce sont ces personnes qui peuvent payer le montant total de la scolarité. « Aujourd’hui, les étudiants étrangers représentent 12 % des effectifs de la LAU, une proportion modeste. Il est donc essentiel d’augmenter ce nombre d’étudiants de 10 %. » Conscient toutefois que l’université ne peut recevoir un nombre plus élevé d’étudiants étrangers, la LAU a lancé un campus au cœur même de Manhattan, à New York, « le seul du Moyen-Orient qui a été accrédité et reconnu par le département de l’Éducation de l’État de New York et qui octroie des diplômes de licence et des MBA adaptés aux besoins du marché », relève fièrement le président de la LAU. « À partir de septembre 2026, nous souhaitons ainsi donner l’opportunité aux étudiants libanais qui débutent leurs études au Liban, la possibilité de poursuivre leur année ou leur semestre à New York, puis d’enchaîner avec un stage aux États-Unis. »

Évoquant le second aspect de son plan stratégique, le Dr Abdallah souligne l’urgence d’augmenter le nombre de start-up et de jeunes entreprises au Liban afin de dynamiser l’économie nationale. Selon lui, il est impératif de développer chez les étudiants un esprit entrepreneurial qui les incitera à lancer, ici même au Liban, leur propre start-up ou projet répondant à un besoin concret.

« Nous investissons et éduquons nos jeunes, qui, une fois lancés dans le monde du travail, se heurtent souvent à un marché local saturé ou à des salaires si bas qu’ils se voient contraints de quitter le pays, souvent malgré eux. Ces jeunes mettent tout leur savoir et leurs compétences au service de pays étrangers. Et cela est déplorable », insiste-t-il.

« Aujourd’hui, c’est notre rôle à nous, universités, de les aider à réussir en développant cette confiance entrepreneuriale, en leur fournissant tous les outils nécessaires : apprendre à bien identifier une problématique ou une idée innovante à fort potentiel, élaborer un business plan solide incluant une analyse de marché, choisir une équipe motivée pour porter le projet, et surtout, savoir présenter efficacement leur idée pour convaincre les investisseurs de sa viabilité. Même sans garantie de succès, ces jeunes acquerront une nouvelle manière d’aborder le monde du travail, parfois au sein même des entreprises où ils seront amenés à travailler », affirme encore le Dr Abdallah.

Utiliser l’IA en interne et en externe pour réduire les coûts

« L’intelligence artificielle (IA) offre aujourd’hui un véritable atout, qui permet une gestion plus précise des ressources humaines et matérielles, améliorant leur efficacité opérationnelle tout en réduisant leurs coûts », relève le président de la LAU. « Il est donc impératif d’optimiser ces ressources et d’en faire usage, non seulement en interne, au sein même de l’université, mais également à l’extérieur, en proposant les ressources technologiques et le savoir de nos experts, qui maîtrisent tous ces outils. Ils pourront fournir des conseils ou proposer des projets à certaines organisations ou entreprises qui cherchent à optimiser leurs ressources ou à digitaliser leurs données, à l’instar du gouvernement ou de certains ministères, par exemple, ou encore des compagnies qui profiteront ainsi de l’expertise de nos conseillers. »

Relevant par ailleurs que « la plus importante ressource que possède chaque université est ce capital humain que forment tous ces anciens diplômés », le président de la LAU affirme qu’aujourd’hui, « ces alumni représentent une richesse et un atout considérable pour tous les étudiants ». « Nous payons des experts étrangers pour venir donner des conseils ou des conférences à nos étudiants, alors que nous formons et diplômons chaque année des centaines de jeunes qui sont aujourd’hui à la tête de très grosses entreprises », martèle-t-il fermement.

« Ces alumni ont une expérience précieuse à partager. Leurs connaissances et leur expertise peuvent inspirer les élèves actuels et les aider à mieux comprendre les opportunités qui s’offrent à eux. Ils pourront également leur offrir des conseils sur le choix de leurs études supérieures, dans la recherche d’emploi ou encore pour le développement de leur carrière », estime-t-il.

Ces derniers sont souvent présents dans divers secteurs professionnels et géographiques, « ce qui peut être particulièrement bénéfique pour les étudiants qui cherchent des opportunités de stage, d’emploi ou des conseils », poursuit-il. « Ce sont donc eux que je voudrais solliciter aujourd’hui et les inviter à partager leurs parcours professionnels et leurs réussites, à travers des rencontres, des conférences ou des activités de networking, parce qu’ils sont une vraie richesse pour tous nos jeunes futurs diplômés, leur facilitant leur insertion professionnelle dans un marché de plus en plus compétitif. »


Lorsqu’il énumère les difficultés auxquelles font face les universités libanaises, le Dr Chaouki Abdallah, nouveau président de l’Université libano-américaine (LAU), admet que « le coût de l’éducation est de plus en plus élevé », en précisant que « cette augmentation n’est pas uniquement due aux salaires (du corps enseignant et administratif, NDLR) ».« Il y a des exigences aujourd’hui qui n’existaient pas il y a 30 ans. À l’époque, il n’était pas nécessaire d’obtenir autant d’homologations pour certifier notre enseignement à l’étranger, ni de mettre en œuvre une stratégie marketing élaborée pour présenter l’université, ni d’engager des conseillers pour les étudiants. Sans parler de la hausse des coûts liés aux infrastructures et à la consommation de fuel,...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut