
« Le rôle de l’art ne se limite pas à la seule créativité esthétique, il va bien au-delà, en construisant la conscience et en consolidant les valeurs », a déclaré Marwan Khoury dans son allocution d’ouverture, avant son concert du 15 juin, à la NDU. Photo NDU
Dans un Liban secoué depuis des années par des crises économiques, sociales, politiques et éducatives, certaines institutions ont choisi de répondre par l’action et la solidarité. C’est dans ce contexte que l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU) a lancé, il y a trois ans, une initiative remarquable : une série d’événements culturels et artistiques visant à soutenir financièrement les étudiants dans le besoin.
Le concert de fin d’année, organisé chaque été sur le campus principal de l’université à Zouk Mosbeh, est devenu l’un des symboles les plus éloquents de cet engagement. Comme l’explique le Dr Antoine Farhat, vice-recteur au développement universitaire : « Face à la multiplicité des crises il y a quelques années, et afin de maintenir la haute qualité de l’enseignement supérieur pour toutes les classes sociales, la NDU a développé plusieurs événements de collecte de fonds pour soutenir cette cause, y compris le concert de fin d’année. »
Cette initiative a vu le jour il y a trois ans, dans un climat national incertain. Le pari était audacieux, de faire appel à de grands noms de la scène musicale libanaise et arabe pour porter un message de solidarité et de confiance dans la jeunesse libanaise. Le défi s’est avéré payant. Après Majida el-Roumi, Hiba Tawaji et Oussama Rahbani, c’est Marwan Khoury qui a honoré la scène de l’université, dimanche passé, avec un concert intitulé « Pour le Liban et l’avenir de sa jeunesse », une soirée mémorable alliant émotion et espoir.
Une cause nationale, un devoir commun
La vision portée par la NDU va bien au-delà d’un simple soutien financier ponctuel. Elle incarne un engagement profond envers l’excellence académique et la justice sociale.
« La NDU contribue à une cause noble : rendre une éducation de haute qualité, attestée par l’accréditation institutionnelle et programmatique, accessible à tous. Contribuer à maintenir le Liban comme « l’Université de l’Orient » est également une noble cause nationale », rappelle le Dr Farhat.
Les artistes qui participent bénévolement à ces événements ne sont pas de simples invités, ce sont de véritables partenaires dans cette mission éducative. Leur présence transforme chaque concert en un acte de foi dans l’avenir du pays, une passerelle entre culture et engagement citoyen.
Une aide ciblée et transparente
L’ensemble des fonds récoltés est destiné à renforcer le programme d’aide financière de la NDU. Une équipe spécialisée, composée d’assistants sociaux, se charge d’analyser les dossiers des étudiants demandeurs afin de garantir une aide équitable, transparente et adaptée à chaque situation, explique le Dr Farhat, avant d’ajouter : « Ce système permet d’atteindre efficacement les étudiants les plus vulnérables, sans compromettre la qualité de l’éducation qu’ils reçoivent. »
Toutefois, cette belle aventure n’est pas sans défis. Le Liban reste un pays instable, et chaque initiative doit composer avec les aléas politiques, les incertitudes économiques et les tensions sociales.
« La situation globale au Liban est toujours un défi, d’autant plus que cette initiative est liée à la stabilité et à un environnement politique sain », admet le Dr Farhat.
Malgré cela, la ténacité de l’équipe de la NDU et la fidélité de ses partenaires permettent de relever ces défis, année après année. C’est cette persévérance collective, cette volonté inébranlable de croire en la jeunesse, qui confère à ces concerts une portée symbolique majeure, ajoute-t-il.
Le rêve ultime des organisateurs ? Que cette initiative devienne un jour obsolète, parce que les besoins auront disparu. « Mon premier espoir est que les besoins de la jeunesse et des parents libanais deviennent limités, qu’une économie plus saine se développe et que la situation financière redevienne normale, afin que nous ayons moins besoin de créer des initiatives pour aider nos jeunes. »
Mais tant que ces besoins persistent, l’initiative est appelée à grandir, à s’adapter, et à se renforcer. Des plans sont déjà en cours d’étude pour élargir le champ des événements, diversifier les formats et mobiliser encore plus de partenaires.