
L’agenda de la visite est clair : Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui a été reçu mercredi à Baabda par son homologue libanais, Joseph Aoun, et jeudi par le président du Parlement, Nabih Berry, est au Liban pour parler des camps palestiniens, des droits des réfugiés qui y vivent et, surtout, de leur désarmement. Officiellement, l’office de l’ONU chargé des réfugiés palestiniens (Unrwa) reconnaît et fournit ses services à 12 camps répartis dans tout le Liban. Si l’armée libanaise n’a pas le droit d’y entrer en vertu d’un accord signé en 1969, elle contrôle l’accès à ces zones surpeuplées dont la sécurité est assurée par différentes factions palestiniennes. Certaines de ces factions restent lourdement armées et des milices palestiniennes présentes au Liban-Sud sont accusées d’avoir tiré en mars des projectiles sur Israël, provoquant des ripostes meurtrières. Des suspects avaient d’ailleurs été remis à l’armée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, à l’entrée du plus grand camp du Liban, Aïn el-Héloué, situé en lisière de Saïda.
Depuis le début de son mandat, le président Joseph Aoun a annoncé la volonté de l’État libanais d’imposer son monopole sur les armes présentes au Liban, en référence à l’arsenal du Hezbollah, lourdement affaibli par la dernière guerre contre Israël, mais aussi les armes palestiniennes dans les camps. Mercredi, les présidents Aoun et Abbas ont affirmé dans un communiqué conjoint que « l’ère des armes échappant à l’autorité de l’État libanais est révolue », sans pour autant présenter de mécanisme et de calendrier clair pour ce désarmement. Mais le processus avait déjà commencé en décembre avec des groupes comme le FPLP-CG (Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général), milice qui était soutenue par le régime Assad tombé le 8 décembre 2024 et qui a remis à l’armée libanaise le contrôle de plusieurs de ses bases dans la plaine de la Békaa et au sud de Beyrouth.

La question des armes palestiniennes au Liban a été à l’origine de vives tensions depuis la fin des années 1960, avant de déboucher sur la guerre civile de 1975-1990. Durant ce conflit, le camp de Tall el-Zaatar, qui relevait de l’Unrwa jusqu’en 1969, a notamment été le théâtre de massacres et de batailles entre l’Organisation de libération de la Palestine et des milices chrétiennes en 1976. Le camp, qui se trouvait en banlieue chrétienne de Beyrouth et qui comptait environ 30 000 personnes, a été démantelé après le massacre. En 1982, après l’évacuation des combattants de l’OLP du Liban vers la Tunisie, en pleine invasion israélienne, des massacres dans les camps de Sabra et Chatila perpétrés par des milices chrétiennes sous la supervision de l’armée israélienne avaient provoqué un tollé international. Plus récemment, le camp de Nahr el-Bared au Liban-Nord a été détruit et désarmé en 2007, à la suite de combats entre l’armée libanaise et le groupe islamiste Fateh el-Islam qui avait déclenché une attaque contre les militaires libanais. Le camp, reconstruit depuis, a été désarmé et ses entrées et sorties sont contrôlées par l’armée libanaise. Les camps de Dbayé (au nord de Beyrouth) et de Mar Élias (dans le cœur de Beyrouth) ne sont également pas armés. Celui de Chatila, s’il ne compte pas de factions armées, est régulièrement le théâtre d’affrontements liés notamment au narcotrafic.
Nous vous proposons ci-dessous un aperçu des 12 camps palestiniens au Liban, du sud au nord du pays.





calculette en main, ils seraient juste 114 000 refugies dans les camps ? et les autres sont ou ?
09 h 53, le 23 mai 2025