
Des gilets de protection de journalistes à l'intérieur d'une voiture détruite sur le site d'une frappe israélienne à Hasbaya, au sud du Liban, le 25 octobre 2024. Ali Hankiri/AFP
À l'occasion de la Journée des martyrs de la presse, le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que d'autres parties, ont rendu hommage aux sacrifices des professionnels tués et se sont engagés à défendre les valeurs pour lesquelles ils sont morts.
L'Ordre des rédacteurs libanais a commémoré la Journée des martyrs devant la statue des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth, mardi, en présence de journalistes et de professionnels des médias. Le ministre de l'Information Paul Morcos a prononcé un discours dans lequel il a appelé tout le monde « à réfléchir et à travailler à la renaissance du journalisme et à la victoire de nos martyrs ».
« Aujourd'hui, nous honorons les collègues qui ont couvert la guerre d'Israël contre le Liban et l'ont documentée fidèlement, certains d'entre eux ont sacrifié leur vie, d'autres portent leurs blessures comme des médailles de fierté », a de son côté affirmé le président de l'Ordre des rédacteurs Joseph Kosseifi. « Israël était et est toujours un ennemi, et nous sommes à l'affût de ses crimes », a-t-il poursuivi. Il a également souligné que « la liberté de la presse et des médias est une ligne rouge », estimant qu'une « nouvelle loi sur les médias est indispensable ». « Toute tentative d'assiéger, de mettre à l'écart ou de contourner le rôle des syndicats établi par la loi ne passera pas », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président du syndicat des journalistes, présidée par Aouni el-Kaaki, a appelé les journalistes à « s'accrocher à leurs valeurs et à leur conscience ». « Vous êtes parmi ceux qui n'ont pas peur de la vérité. Restez fermes, la victoire est à vous », a-t-il lancé. De son côté, le chef adjoint du syndicat des photographes de la presse libanaise, le photographe Karim Hajj, représentant le président de l'organisme, Ali Allouche, actuellement à l'étranger, a honoré « les sacrifices des femmes et des hommes qui ont porté la plume et l'appareil photo avec sincérité ».
À la fin de la commémoration, des certificats d'appréciation ont été distribués aux professionnels des médias et aux journalistes qui ont participé à la couverture de la guerre israélienne contre le Liban, et les journalistes blessés ont reçu la médaille du journaliste blessé décernée par l'Ordre des rédacteurs.
Aoun et Salam saluent le courage des journalistes
Plusieurs responsables et parties ont également honoré la mémoire des journalistes tués. Dans un communiqué, le chef de l'Etat a souligné que « de nombreux journalistes sont tombés en martyrs, notamment durant la guerre israélienne contre le Liban, alors qu'ils accomplissaient leur devoir professionnel avec honnêteté et honneur ». Il a également précisé que « ni les obus ni les raids ne les ont dissuadés de rapporter la vérité telle qu'elle est, de sorte qu'ils ont été les ambassadeurs du pays auprès du monde dans les circonstances les plus sombres et les plus difficiles ». Pour le président, les martyrs de la presse « sont le symbole d'une parole libre qui ne plie pas devant l'injustice et l'agression, et le symbole de la solide volonté libanaise qui refuse de se soumettre ». Il a ainsi indiqué que « leurs sacrifices resteront un phare qui illuminera le chemin de la liberté et de la dignité pour tous les Libanais ».
Joseph Aoun a aussi noté que « le meilleur honneur à rendre à nos martyrs est de préserver notre unité nationale et la cohésion de notre tissu social, et d'œuvrer avec diligence à la construction d'un pays digne de leurs sacrifices, un pays fort et invincible qui protège son peuple et préserve sa dignité ». « Nous promettons à nos honorables martyrs, y compris les martyrs de la presse libanaise, de rester fidèles à la cause pour laquelle ils ont été martyrisés, la cause d'un Liban libre, souverain et indépendant. Nous leur promettons de continuer à lutter pour le Liban dont ils ont rêvé, le Liban de la justice, de l'égalité et de la dignité », a conclu le chef de l'État.
Selon les chiffres du centre SKeyes pour la liberté des médias et de la culture, douze journalistes travaillant pour le compte de médias locaux et internationaux ont été tués durant la guerre qui a opposé le Hezbollah à Israël, tandis qu’au moins 21 autres ont été blessés. Trois de ces derniers ont été atteints en janvier 2025, près de deux mois après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, alors qu’ils couvraient le retour d’habitants du Liban-Sud à Maroun el-Ras (Bint Jbeil) et Houla (Marjeyoun).
« Établir des garanties »
De son côté, le chef du gouvernement Nawaf Salam a écrit sur X que les martyrs de la presse « ont été une voix retentissante pour la liberté et la dignité face à l'oppression et à la tyrannie ». « Nous nous inclinons avec respect devant leurs âmes qui se sont levées pour défendre la vérité et la justice », a-t-il poursuivi, estimant qu'il est de notre responsabilité « de rendre justice à leur héritage et à l'avenir dont ils rêvaient ». « L'encre de leur plume dessine encore pour nous le chemin de l'État souverain, juste et fort que nous nous efforçons de construire, en l'honneur de leur sang et pour notre protection et celle de nos enfants », a conclu M. Salam.
Pour la même occasion, le Club de la presse a souligné qu'il est temps que le personnel médiatique « reçoive l'appréciation et les droits qu'ils méritent à différents niveaux, ainsi que les soins et la protection qui lui assurent la liberté d'expression sans incitation ni intimidation». « À la lumière des promesses de la nouvelle ère, il est nécessaire d'établir des garanties que les journalistes ne seront pas poursuivis pénalement, de fournir les conditions nécessaires à une vie digne avec tous les droits et avantages qui y sont associés, en plus de la poursuite sérieuse de tous ceux qui ont agressé des journalistes, que ce soit par l'assassinat, le meurtre ou toute autre forme de violence », a ajouté le Club.
La France « attachée à la liberté de la presse »
L'ambassade de France au Liban a pour sa part publié un communiqué sur X dans lequel elle a rendu « hommage aux journalistes morts au service d'une presse libre et indépendante ». « La France réaffirme son attachement à la liberté de la presse et à l'accès à l'information, essentiels dans toute société démocratique », a-t-elle indiqué.
Enfin, l'uléma chiite Ali Fadlallah a souligné dans un communiqué relayé par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) « les sacrifices des professionnels de médias et journalistes » et salué « tous les professionnels de médias qui ont brandi la bannière de la liberté d'expression et ont fait de grands efforts et sacrifices, servant de messagers de la vérité ».
Pour la première fois depuis 30 ans, le mot "Martyr" est prononcé à bon escient. Il aura suffi de taper au coeur de la termitière pour que cela change.
15 h 07, le 06 mai 2025