
Une voiture de police à Beyrouth. Photo d’illustration AFP
Une source au sein des Forces de sécurité intérieure a démenti mardi à L’Orient-Le Jour qu’un homme accusé d’avoir violemment séquestré et battu deux femmes, dont une qu’il a tenté de brûler, a été libéré, comme l’affirmait la veille l’association féministe Charika wa Laken. Alors que, sur les réseaux sociaux, l’ONG affirme également que l’agresseur présumé serait membre des « Soldats du Seigneur », un groupuscule chrétien d’extrême droite, la source sécuritaire a indiqué que rien ne permettait jusqu’à présent d’étayer cette appartenance.
Il y a une dizaine de jours, les FSI avaient annoncé que deux femmes séquestrées dans la localité de New Rawda, dans la banlieue est de Beyrouth, avaient été libérées par la police le 18 avril et que leur ravisseur présumé, T.F., un Libanais de 29 ans, avait été arrêté. L’homme est accusé d’avoir retenu contre leur gré dans son appartement, pendant deux jours, ces deux victimes, une Libanaise et une femme sans papiers. « Le suspect a versé de l’essence sur l’une des femmes pour tenter de la brûler. Il a battu la seconde avec un bâton », indique le communiqué de la police qui souligne que « des dispositions légales ont été prises » à l’encontre de l’agresseur présumé.
Dans un communiqué publié lundi, l’association féministe Charika wa Laken affirme qu’une des victimes « a enduré six jours pénibles de séquestration, de sévices physiques et de torture », selon les FSI. « Ses cheveux ont été rasés, elle a été aspergée d’essence et brûlée », poursuit l’association.
Cette dernière affirme que l’homme a fini par être libéré à la suite d’« ingérences politiques et financières », en citant explicitement le PDG de la SGBL, Antoun Sehnaoui, dont elle évoque les liens avec les « Soldats du Seigneur », ce que l'intéressé a toujours démenti. Dans un communiqué, l'avocate de M. Sehnaoui, Me Cynthia Ephrem, a déclaré que ce dernier « condamne avec la plus grande fermeté l’agression dont ont été victimes les deux femmes, et appelle les forces de sécurité et la justice compétente à prendre les mesures les plus sévères contre le criminel et à lui infliger les peines les plus lourdes ». Elle souligne aussi que M. Sehnaoui « affirme n'avoir aucun lien avec le criminel » en question et ajoute que « les campagnes suspectes diffusées ces derniers jours sont orchestrées par des parties (...) qui cherchent à exploiter cette horrible affaire à des fins politiques », sans citer nommément ces dernières.
L’agresseur « armé en permanence »
La victime, dont l’agression est commentée par Charika wa Laken, « avait déjà porté plainte contre son agresseur pour violences », affirme l’ONG. « Il l’a attirée chez lui, prétendant qu’ils allaient résoudre leur différend. Cependant, elle a disparu pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’elle parvienne à atteindre le balcon de la maison et à appeler des voisins à l’aide », poursuit le collectif.
Dans leur communiqué, les FSI disent avoir retrouvé des armes, de la drogue, de fausses plaques d’immatriculation, un treillis militaire, un couteau et un bâton chez l’agresseur présumé. Ce dernier était armé en permanence et a des antécédents judiciaires, indique la police.
Une troisième femme, une Libanaise de 23 ans qui se trouvait dans l’appartement au moment des perquisitions, a été arrêtée pour usage de drogue. L’accusé « a avoué avoir été en relation avec les deux femmes (séquestrées). Il a admis avoir versé de l’essence et tenté de brûler l’une d’elles et avoir battu la seconde. Il a admis les avoir kidnappées et séquestrées », indiquent les FSI qui précisent que les deux victimes ont été libérées et hospitalisées.
Selon le média en ligne Megaphone News, une des deux victimes est toujours hospitalisée. Sa sœur, s’exprimant sur la chaîne al-Jadeed, a indiqué qu’au moins trois autres femmes avaient été maltraitées par le suspect, qui aurait déjà été arrêté pour des faits similaires il y a quelques mois.
Les données concernant les cas de violence basée sur le genre au Liban sont éparses pour l’année 2024, en raison du conflit entre le Hezbollah et Israël, qui a déplacé une grande partie de la population, notamment du Sud, de la Békaa et de la banlieue sud de Beyrouth, ce qui a interrompu les services de lutte contre ce type de violences pendant plusieurs mois, relevait dans son rapport annuel le Système de gestion de données sur les violences basées sur le genre, qui regroupe plusieurs agences de l’ONU. La perturbation de ces services a entraîné une diminution de 38 % des signalement de tels incidents au niveau national. Il a par contre été confirmé dans ce même rapport que, conformément aux tendances mondiales et nationales des années précédentes, en 2024, les femmes et les filles continueront de constituer la majorité des victimes (98 %) de la violence liée au genre, avec une majorité de victimes parmi les « groupes marginalisés, à savoir les personnes handicapées, les réfugiés et migrants, les personnes souffrant de diverses formes d’orientation sexuelle et de discrimination raciale et les enfants non accompagnés ». Selon des chiffres fournis mardi à L’OLJ par l’ONG Amel, 31 % ont subi des agressions physiques, 30 % font état d’abus psychologique et émotionnel, 18 % ont été victimes de mariages forcés et 11 % ont subi des agressions sexuelles.
Si ces voyous ont déjà été condamnés pour des faits similaires, que faisaient ils en liberté? La sanction devrait être à la hauteur de leur crime et aucune clémence pour ses lâches qui s’en prennent à des femmes parce que armés et protégés par leurs semblables. Les responsables de ce groupuscule devraient eux aussi être jugés et le groupuscule interdit sous peine de sévères sanctions POINT
14 h 19, le 30 avril 2025