
Fadl Chaker, chanteur libanais salafiste. Photo tirée de son compte X
Le Syndicat des artistes syriens a décerné, jeudi, le titre de « membre honoraire » à Fadl Chaker, chanteur libanais devenu salafiste et impliqué, aux côtés d'Ahmad el-Assir, dans des affrontements meurtriers contre l'armée libanaise en 2013. Sa participation « honoraire » lui a été attribuée en reconnaissance de sa « carrière artistique remarquable », et de son « engagement humanitaire en faveur de la cause du peuple syrien », selon un communiqué du syndicat.
L'acteur syrien Mazen al-Natour, président du syndicat, a publié une photo de cette décision sur Instagram, remerciant « tous ceux qui se sont tenus du côté de la vérité et ne sont pas tombés dans le piège des tentations » de l'ancien régime de Bachar el-Assad.
Assez actif sur les réseaux sociaux, Fadl Chaker avait exprimé sa grande joie lors de la chute du régime Assad le 8 décembre 2024 par une alliance menée par le groupe islamiste radical Hay'at Tahrir el-Cham (HTC). C'est le début de la révolution en Syrie, en 2011, qui avait marqué la rupture pour Fadl Chaker avec sa carrière dans la musique. Il s'était mis alors à penser, après cette date, que chanter était interdit par l'Islam et s'était rapproché du mouvement salafiste mené par le cheikh Assir. Les militants anti-Assad mettaient souvent en ligne des vidéos montrant Chaker interprétant des chants religieux en l'honneur des rebelles syriens.
De son vrai nom Fadl Chmandar, M. Chaker avait été condamné en décembre 2020 par contumace à un total de 22 ans de prison avec travaux forcés, et avait été dépourvu de ses droits civils par le Tribunal militaire. L'ancien crooner adoré dans le monde arabe était le compagnon de route du cheikh Ahmad el-Assir, arrêté puis condamné à mort pour les affrontements de Abra. Les combats dans cette ville de la banlieue de Saïda, entre des islamistes menés par le cheikh Assir et l'armée libanaise, avaient fait dix-huit tués du côté des militaires, et onze côté miliciens.
Le Syndicat des artistes syriens a également intégré à titre honoraire la chanteuse syrienne Assala Nasri, connue sous le nom de scène Assala, qui se faisait régulièrement remarquer pour ses positions franches et agressives à l'égard du régime de Bachar el-Assad, et le musicien syro-américain Malek Jandali. Après la chute du régime, Jandali avait confié à la presse américaine être dans un état de « choc et de joie » de voir tomber Assad après « 54 ans de dictature brutale ».