
Des incendies, de la fumée toxique et des voitures de pompiers. Photo-montage Jaimee Haddad
L’index des incendies est plus élevé que la normale de saison mardi et mercredi, en raison de vents forts de khamsin qui soufflent sur le Liban. Ces vents secs, chauds et chargés de poussière devront atteindre 80 kilomètres/heure selon Jocelyne Abou Farès, cheffe de la division prévisionniste à Météo-Liban. « La végétation est déjà un peu sèche et tout facteur favorisant le déclenchement d’un incendie peut s’avérer décisif », explique-t-elle à L’Orient-Le Jour.
Selon le bulletin quotidien de Météo-Liban, les températures oscillent entre 15 et 30 degrés mardi et devront passer à 22 et 35 degrés mercredi, ce qui représente une progression rapide d’un jour à l’autre. Le taux d’humidité sera également bas durant ces deux jours, qui verront des vents forts accompagnés de poussière.
Conditions météo alarmantes ?
Ces conditions contribuent à hausser l’index des incendies, sans que cela ne soit particulièrement alarmant, souligne Georges Mitri, directeur du programme « Terre et ressources naturelles » à l’Institut de l’environnement de l’Université de Balamand. « On est encore proche de la saison d’hiver et des pluies les plus récentes, la végétation garde une bonne dose d’humidité, ce qui freine une éventuelle progression d’un incendie », nous dit-il.
Les précautions sont cependant d’usage. « Les conditions météorologiques peuvent favoriser le déclenchement d’un incendie si les facteurs y sont, mais en cette saison il suffit d’une intervention précoce pour limiter les ravages du feu et le circonscrire », poursuit-il. L’expert note cependant « l’absence de moyens humains et financiers qui continue de freiner notre capacité à lutter contre les incendies au Liban ». Pour Jocelyne Abou Farès, « il faut être très vigilant ces deux jours, et ne pas mener des actions qui pourraient mettre l’environnement en danger, tel que jeter des mégots sur des herbes sèches en bordures de routes par exemple ».
La Défense civile avait déjà alerté lundi sur les risques d’incendies et appelé à la vigilance, notamment « l’usage de feux d’artifice et l’allumage de feux dans les conteneurs à ordures, en raison du risque d’incendies difficilement maîtrisables dans les conditions météorologiques prévues ». L’organisation a rappelé que « tout acte entraînant l’allumage de feux, qu’il soit volontaire ou dû à la négligence, sera considéré comme une infraction grave et un crime environnemental, passible de poursuites judiciaires », en coordination avec les autorités sécuritaires et judiciaires compétentes.
Pour tout renseignement ou pour appeler les pompiers en cas de départ de feu, la Défense civile rappelle qu’il faut composer le 125, et transmettre des photos et des informations précises concernant le lieu de l’incident via l’application WhatsApp au 70/192693, afin de permettre une intervention rapide et ciblée des équipes de secours.
Météo capricieuse
Si les deux experts s’accordent à dire que cette saison n’est pas la plus dangereuse en matière d’incendies, Georges Mitri prévient que la saison problématique commence en juillet, « quand la végétation souffre déjà de sécheresse, et jusqu’à la fin de l’été au moins ». Pour Jocelyne Abou Farès, cette saison des incendies peut s’étendre jusqu’à l’automne. « C’est là que les incendies dévastateurs et difficiles à contrôler surviennent », explique Georges Mitri.
Vigilance donc, d’ici à jeudi. Car en fin de semaine, les températures vont nettement baisser et la météo sera plus capricieuse. « Le taux d’humidité va augmenter, ce qui va faire baisser l’index des incendies », selon Georges Mitri. « Il pourrait y avoir des pluies, mais pas abondantes », souligne pour sa part Jocelyne Abou Farès.
En début de soirée mardi, le ministère de la Santé a diffusé ses recommandations. Il a ainsi appelé « les citoyens, et en particulier les personnes vulnérables, à éviter de sortir de chez eux, sauf en cas de nécessité absolue ». Ces recommandations sont notamment adressées « aux personnes âgées, aux femmes enceintes, aux enfants, ainsi qu’aux personnes souffrant de maladies chroniques, d’allergies ou d’asthme », leur conseillant de « rester confinées à domicile ».
Le ministère conseille également de « garder les fenêtres et les portes fermées pendant toute la durée de la tempête » et, en cas de sortie indispensable, de « porter un masque de protection ». Il rappelle aussi « l’importance de bien s’hydrater » et insiste sur « la nécessité de conserver les aliments au réfrigérateur ».
Enfin, le ministère attire l'attention sur le fait que « les changements climatiques dans la région, accompagnés de variations de température, créent un environnement favorable à la prolifération des insectes, notamment les mouches et moustiques. Il est donc essentiel de maintenir la propreté à l’intérieur et à l’extérieur des habitations, et d’éliminer toute eau stagnante qui pourrait favoriser la multiplication des nuisibles ».
Parmi les mesures préconisées pour lutter contre ce phénomène, les autorités citent « la création de forêts qui font office de brise-vent », alors que « la désertification affecte 39 % » de la superficie totale du pays, selon l’ONU. Avec AFP
23 h 59, le 23 avril 2025