Les présidents grec, Kyriakos Mitsotakis (g.), libanais, Joseph Aoun, français, Emmanuel Macron, et chypriote, Nikos Christodoulidès, lors d'une conférence de presse commune après une réunion sur la Méditerranée orientale, à l'Élysée, le 28 mars 2025. Photo AFP / SARAH MEYSSONNIER
Le président libanais, Joseph Aoun, a été reçu vendredi matin à l'Élysée par son homologue français, Emmanuel Macron. Les deux chefs d'État se sont entretenus en visioconférence, annoncée précédemment, avec le président syrien par intérim Ahmad el-Chareh, rapporte la présidence libanaise sur X.
S'en est suivi une réunion à cinq avec les dirigeants chypriote et grec, selon la même source. Il s’agit d’un entretien sur la Méditerranée orientale, pour aborder les « défis liés à la sûreté maritime » et « l'impact que l'environnement régional peut avoir sur la sécurité », avait expliqué la présidence française à l’AFP hier.
La réunion tripartite entre les présidents libanais, syrien et français devait, elle, évoquer « la sécurité à la frontière syro-libanaise », où des « tensions ont donné lieu à des affrontements », avait affirmé l’Élysée, alors que les ministres libanais et syrien de la Défense ont conclu jeudi à Djeddah un accord sur la frontière commune aux deux pays, soulignant l'importance de « faire face aux menaces sécuritaires et militaires » qui pèsent sur elle. L’information avait été rapporté vendredi matin par l'agence de presse officielle saoudienne.
La question des réfugiés
Outre la question des frappes israéliennes sur la banlieue-sud de Beyrouth vendredi, Joseph Aoun et Emmanuel Macron ont rapportés des éléments des autres dossiers abordés pendant leurs entretiens au cours d’une conférence de presse commune à l’Élysée et dont le contenu a été rapporté par le compte X de la présidence libanaise.
Sur la question de réfugiés, le président Aoun a jugé nécessaire que la Syrie et le Liban coopèrent pour trouver une « solution rapide » et que le Liban aura besoin de « l'aide française » pour leur permettre « de vivre dans la dignité ». « Environ 400 000 Syriens déplacés ont besoin d'un plan de financement international pour retourner dans leur pays » a également souligné le chef de l'Etat, rappelant que le Liban avait « le pourcentage le plus élevé de personnes déplacées et de réfugiés ». Une situation qui dure depuis le début de la guerre qui a éclaté en Syrie en 2011 et qui a été aggravée par la crise économique et financière qui a éclaté en 2019, a encore rappelé Joseph Aoun.
Le président français Emmanuel Macron s'est, lui, dit prêt à recevoir Ahmad el-Chareh si le gouvernement syrien s'engageait à s'ouvrir à toute la société civile et à assurer la sécurité pour permettre un retour des réfugiés syriens. « Un gouvernement qui prenne en compte toutes les composantes de la société civile syrienne, la lutte très claire et ferme contre le terrorisme et le retour des réfugiés sont trois éléments sur lesquels la transition sera jugée », a déclaré M. Macron. « En fonction des évolutions des prochaines semaines, nous sommes tout à fait prêts à poursuivre ce dialogue et à recevoir le président de la transition. Les prochaines semaines seront déterminantes pour vérifier cela. Mais les discussions que nous avons eues jusqu'alors sont tout à fait positives », a-t-il ajouté.
Le président Aoun a de son côté remercié la France pour son soutien au Liban et assuré que les dirigeants libanais avaient besoin de l’aide française pour « construire un État et étendre son contrôle, récupérer les territoires occupés, et pouvoir évoluer dans un voisinage stable et une région pacifique ». « Pour mettre fin aux guerres, il faut un ordre mondial fondé sur des valeurs et des principes » a-t-il encore déclaré, selon la transcription des temps forts du discours publiées sur le réseau X.
Entretien à cinq sur la Méditerranée orientale
M. Aoun était arrivé dans la matinée en France, via l'aéroport du Bourget, pour son premier voyage officiel en Occident depuis son élection en janvier. Il s'était déjà rendu en Arabie saoudite. Pour cette visite, le chef de l'État est accompagné du ministre des Affaires étrangères Joe Raggi, ainsi que de l'ambassadeur par intérim du Liban en France Ziad Taan.
Emmanuel Macron et Joseph Aoun avaient prévu d’évoquer dans leurs discussions les « difficultés » et « défis » qui se dressent au Liban, selon l'Élysée. Ils doivent aussi discuter de la « conférence de reconstruction » du Liban avec les donateurs internationaux, que le président français s'était engagé à organiser mais dont la date n'a pas encore été annoncée.
Au cours de ses entretiens bilatéraux, Joseph Aoun a souligné la détermination du Liban à mener les réformes demandées par le Fonds monétaire international à qui le pays a effectué une nouvelle demande d’assistance financière. Il a estimé que cette volonté s’était traduite par une première étape importante, avec la nomination de Karim Souhaid à la tête de la Banque du Liban et la validation d’un projet de loi visant à lever le secret bancaire.
L'entourage de M. Macron voit dans la visite du président libanais une marque de reconnaissance pour « l'amitié et le soutien indéfectible de la France au Liban ». Son élection et la formation d'un gouvernement dirigé par le réformiste Nawaf Salam ont mis fin au blocage politique qui durait depuis plus de deux ans.
Les nouveaux dirigeants ont maintenant la tâche ardue de mener les réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer les fonds nécessaires afin de sortir le pays de la crise économique qui dure depuis plus de cinq ans. Et ils doivent superviser le processus de désarmement du Hezbollah, en vertu de l'accord qui a mis fin à la guerre meurtrière entre la formation pro-iranienne et Israël, dont le Liban est sorti exsangue fin novembre.
Le président libanais avait affirmé mercredi, en recevant l'émissaire spécial français pour le Liban Jean-Yves Le Drian, qu'il était « déterminé avec le gouvernement à surmonter les difficultés auxquelles pourrait être confronté le processus de réforme dans les domaines économique, bancaire, financier et judiciaire ».
Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise économique inédite imputée par une grande partie de la population à la mauvaise gestion, la corruption, la négligence et l'inertie de la classe dirigeante qui est en place depuis des décennies.
La France de Macron est véritablement aux côtés du Liban, même si les attaques du 7 Octobre 2023 avaient traumatisé et choqué la société française. Le poids diplomatique et même financier de la France, ne peut qu'être bénéfique pour la paix et la prospérité tant attendue d'un Liban meurtri depuis de longues années.
10 h 14, le 29 mars 2025