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Monde - Témoignages

« Les manifestations sont marginales » : Ces Libano-Turcs qui soutiennent Erdogan

Plusieurs milliers de Libanais vivent en Turquie où d’importantes manifestations contre le président ont lieu depuis le 19 mars.

« Les manifestations sont marginales » : Ces Libano-Turcs qui soutiennent Erdogan

Les résidents d’un immeuble regardent par la fenêtre alors que des étudiants défilent le long d'une rue lors d’un rassemblement en soutien à l’arrestation du maire d’Istanbul, dans cette même ville, le 25 mars 2025. Angelos Tzortzinis/AFP

À interroger des Libanais vivant en Turquie, si certains craignent d’évoquer l’opposition au président turc, Recep Tayyip Erdogan, visé par des manifestations inédites depuis celle de Gezi en 2013, après l’arrestation pour « corruption » le 19 mars du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure de proue de la première force d’opposition turque, le Parti républicain du peuple (CHP), d’autres ne cachent pas leur soutien au « Reis ».

C’est ce deuxième groupe qui serait majoritaire au sein de la communauté libanaise vivant en Turquie, forte de « quelques milliers » de personnes, estime Joe Hammoura, chercheur à l’Institut du Moyen-Orient pour la Recherche et les Études Stratégiques (MEIRSS), alors qu’Ankara entretient des liens étroits avec de nombreuses associations au Liban-Nord, rappelle notre correspondant dans la région, Michel Hallak.

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« La grande majorité des quartiers d’Istanbul continuent de vivre leur routine habituelle, dans le calme, à l’instar de mon quartier de Başakşehir » minimise le Libano-Turc Ali Bekraki, chef du service de chirurgie d’urgence du plus grand hôpital public d’Istanbul, venu vivre en Turquie en 1988.

« Le seul impérialisme est celui des États-Unis »

« Les manifestations sont marginales » abonde à son tour son frère Wassim Bekraki, pédiatre, vivant près du Palais de Justice où M. Imamoglu a été interrogé dimanche. « À l’exception de Fatih, Şişli, et Beşiktaş, il n’y a aucune forme de manifestation dans les 36 autres districts d’Istanbul ; et les manifestations n’ont lieu que dans quatre des 81 provinces turques : Istanbul, Ankara, en particulier à l’Université Technique du Moyen-Orient connue pour son orientation de gauche, Izmir, et Trabzon qui est la ville d’origine d’Imamoglu », précise-t-il sachant qu’Istanbul, Ankara et Izmir sont les trois plus grandes villes du pays. Un décompte de l’AFP dénombrait toutefois mardi soir des manifestations dans au moins 55 des 81 provinces du pays depuis le début de la contestation.

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Wassim Bekraki réfute en outre l’idée d’un tournant autocratique du président Erdogan, au pouvoir de manière quasi ininterrompue depuis 2002, arguant notamment d’une « police maintenant la sécurité et empêchant uniquement le dépassement des limites » face aux manifestations qui ont cours depuis une semaine. Pourtant, plus de 1 400 personnes ont été arrêtées dans ce cadre, dont sept journalistes.

« En tant que Libanais, nous savons ce que c’est de vivre sous une dictature, comme c’était le cas avec l’ancien régime syrien (des Assad) » qui a exercé une tutelle sur le Liban de 1990 à 2005, fait valoir le pédiatre. « Le seul impérialisme qui existe aujourd’hui dans le monde est celui des États-Unis » lance à son tour Ali Bekraki, en réponse aux accusations de vues impérialistes de la Turquie, notamment sur la Syrie. Certains experts estiment que le président Erdogan profite d’un contexte régional et international favorable qui lui éviterait des sanctions face à la répression de l’opposition et de la contestation dans la rue.

Une proximité religieuse 

Le principal facteur expliquant le soutien de Libano-Turcs au gouvernement d’Erdogan est d’ordre religieux, estime Joe Hammoura que L’Orient-Le Jour a contacté. Les Libanais vivant en Turquie sont majoritairement sunnites, en provenance de Tripoli, Denniyé (Liban-Nord), Saïda et Beyrouth, précise-t-il. « Certains considèrent la Turquie comme un partenaire culturel et historique en raison de la longue présence de l’Empire ottoman dans la région (pendant quatre siècles) », ou seraient sensibles au « soutien affiché d’Erdogan aux « causes sunnites » (opposition au régime d’Assad, soutien à la cause palestinienne, opposition à l’influence iranienne, etc.) » explique le chercheur libanais.

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Joe Hammoura note également que des « hommes d’affaires et étudiants peuvent soutenir le gouvernement actuel pour des raisons économiques et non nécessairement idéologiques », telles les « Libanais bénéficiant d’une bourse d’études accordé par l’État turc ou impliqués dans les affaires et le commerce ».

C’est le cas par exemple de Mohamed Khodr, médecin venu en Turquie en 2001 pour des raisons professionnelles. Il ne s’estime aujourd’hui d’aucun bord politique, mais loue la Turquie d’Erdogan « entre 2002 et 2013 (années durant lesquelles M. Erdogan était Premier ministre, NDLR), où l’État garantissait véritablement l’accès à l’éducation, une prospérité économique (après une grave crise économique en 2001), la justice et les libertés ». Plus réservé aujourd’hui par rapport à la situation socio-économique en Turquie, il explique toutefois ne pas avoir l’intention de rentrer au Liban.

L’Orient-Le Jour a tenté de joindre d’autres Libanais vivant en Turquie, mais plusieurs d’entre eux ont refusé de commenter les derniers développements. « Mes amis et proches turcs ont très peur, ils n’osent même pas parler au téléphone », témoigne ainsi Vicky, une Libanaise qui fait des va-et-vient depuis quatre ans entre Istanbul et Beyrouth et qui travaille dans le domaine de l’éducation pour une ONG syrienne basée en Turquie.

À interroger des Libanais vivant en Turquie, si certains craignent d’évoquer l’opposition au président turc, Recep Tayyip Erdogan, visé par des manifestations inédites depuis celle de Gezi en 2013, après l’arrestation pour « corruption » le 19 mars du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, figure de proue de la première force d’opposition turque, le Parti républicain du peuple (CHP), d’autres ne cachent pas leur soutien au « Reis ».C’est ce deuxième groupe qui serait majoritaire au sein de la communauté libanaise vivant en Turquie, forte de « quelques milliers » de personnes, estime Joe Hammoura, chercheur à l’Institut du Moyen-Orient pour la Recherche et les Études Stratégiques (MEIRSS), alors qu’Ankara entretient des liens étroits avec de nombreuses associations au Liban-Nord, rappelle notre...
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