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Santé - Santé

Ces recommandations de l'OMS pour lutter contre le tabagisme au Liban

L’augmentation des taxes sur le tabac, dans un Liban où le prix des cigarettes figure parmi les plus bas au monde, serait un levier dissuasif pour les fumeurs.

Ces recommandations de l'OMS pour lutter contre le tabagisme au Liban

Photo d'illustration. Kenzo Tribouillard / AFP

Dans un Liban où plus de 34 % de sa population est tabagique, soit un des plus hauts taux du monde, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), liée à l'ONU, a émis une série de mesures et recommandations qui permettraient, selon elle, d'empêcher « jusqu'à 40 000 décès prématurés dans les 15 années à venir ». 

Ces recommandations, si elles sont appliquées, pourraient également permettre au Liban « d'éviter plus de 400 millions de dollars de pertes économiques ». En effet, une étude de cas sur l'investissement dans la lutte antitabac -dont les résultats ont été annoncés à Beyrouth lundi par le ministère de la Santé avec l'OMS et le PNUD, le principal organisme des Nations unies pour le développement international- indique que le coût du tabagisme s'élève de 140 millions de dollars par an, soit 1,9 % du PIB libanais, selon un communiqué parvenu à L'Orient-Le-Jour.

Ce chiffre inclut d'importantes dépenses en matière de santé, des pertes de productivité et des impacts majeurs sur le développement humain. Pour y faire face, l'OMS a rappelé une série de mesures de lutte antitabac qu'elle conseille aux autorités libanaises d'appliquer.

Augmenter les taxes sur le tabac

Parmi les mesures essentielles proposées par l'OMS, l'augmentation significative des taxes sur le tabac figure en tête de liste. Cette hausse des prix agirait à la fois comme un levier dissuasif pour les fumeurs, d'autant plus qu'au Liban les prix des cigarettes sont parmi les plus bas au monde.

Alors que cette mesure offrirait également une solution pour renflouer les caisses de l'État, l'un des arguments souvent avancés pour justifier l'absence d'une telle augmentation est le risque de favoriser la contrebande, ce qui nuirait aux recettes publiques.

En 2024, le Conseil constitutionnel avait suspendu l'application de l'article 83 du budget qui prévoyait une hausse des taxes sur le tabac importé, ainsi que sur les cigarettes électroniques.

Le Dr Ghazi Zaatari, spécialiste du tabac auprès de l’OMS, dans un entretien accordé à notre publication en 2024, avait précisé que chaque dollar ajouté au prix d’un paquet de cigarettes entraînerait une réduction de la consommation de 6 à 7 %.

Espaces publics et lieux de travail non-fumeurs

Une autre initiative consiste à créer des espaces publics et des lieux de travail entièrement non-fumeurs, afin d’éliminer l’exposition passive aux fumées du tabac. Bien que l'article 4 de la loi 174, adoptée au Liban en août 2011 par le Parlement, stipule l’interdiction de fumer dans les lieux publics clos, elle est enfreinte ou appliquée de manière aléatoire. 

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Parmi les autres mesures figurent l'imposition d'avertissements sur les risques pour la santé de la consommation de tabac, ainsi que l’adoption d’un emballage neutre pour ces produits, dépourvu de tout élément distinctif de marque.

Actuellement, les paquets de cigarettes et de tombac pour les narguilés ne comportent qu’un avertissement minimal et discret : « Ce produit est nocif pour la santé et entraîne une addiction. »

Sensibiliser les jeunes

L'OMS propose également de sensibiliser le public sur les enjeux de la lutte antitabac, notamment les risques liés à la consommation et au tabagisme passif, la dépendance et les avantages du sevrage.

Selon une enquête menée en 2020 par l'organisation Génération sans tabac, en dix ans la consommation de tabac a explosé au Liban, notamment chez les jeunes. Un jeune sur trois fume aujourd'hui, contre un sur quatre il y a une décennie. Chez les adolescents âgés de 13 à 15 ans, 40 % fument déjà, qu'il s'agisse de cigarettes ou de narguilé. L’âge auquel le tabagisme débute a également drastiquement baissé : de 13-14 ans il y a quelques années, il est désormais observé dès 11-12 ans, marquant ainsi un début particulièrement précoce de la dépendance à la nicotine.

Formation des professionnels, lutte contre le commerce illicite

L'OMS encourage, en outre, la promotion du sevrage tabagique et le traitement de la dépendance en formant les professionnels de santé qui, à leur tour, joueront un rôle-clé en prodiguant de brefs conseils pour aider le fumeur dans son arrêt. Elle préconise également le renforcement des capacités de lutte contre le commerce illicite de tabac, ainsi que la mise en œuvre de mesures visant à protéger les politiques de santé publique des intérêts commerciaux et autres influences de l'industrie du tabac.

Au cours de l'événement organisé lundi, le ministre de la Santé, Rakan Nassereldine, a indiqué que la lutte antitabac constitue non seulement une « priorité sanitaire », mais aussi un « investissement économique judicieux ». Le tabac impose « un coût exorbitant à notre système de santé, une baisse de productivité économique et un gaspillage de ressources que le Liban ne peut plus se permettre de perdre », a-t-il dit.

Le ministère n'était pas immédiatement disponible pour discuter de l'application de ces recommandations. 

Dans un Liban où plus de 34 % de sa population est tabagique, soit un des plus hauts taux du monde, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), liée à l'ONU, a émis une série de mesures et recommandations qui permettraient, selon elle, d'empêcher « jusqu'à 40 000 décès prématurés dans les 15 années à venir ». Ces recommandations, si elles sont appliquées, pourraient également permettre au Liban « d'éviter plus de 400 millions de dollars de pertes économiques ». En effet, une étude de cas sur l'investissement dans la lutte antitabac -dont les résultats ont été annoncés à Beyrouth lundi par le ministère de la Santé avec l'OMS et le PNUD, le principal organisme des Nations unies pour le développement international- indique que le coût du tabagisme s'élève de 140 millions...
commentaires (2)

Les fumeurs sont souvent agressifs si on leur dit qu'on est gêné par leur fumée. Et il faut les supporter dans les taxis-services ! Le papier de cigarettes est particulièrement nocif mais le narguilé n'en a pas et la fumée est bien filtrée par l'eau. Pour diminuer le tabagisme efficacement, il faudrait procéder autrement : interdire, avec sanction, les cigarettes dans les espaces communs fermés et permettre le narguilé dans les bars.

Fredo

22 h 12, le 28 mars 2025

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Commentaires (2)

  • Les fumeurs sont souvent agressifs si on leur dit qu'on est gêné par leur fumée. Et il faut les supporter dans les taxis-services ! Le papier de cigarettes est particulièrement nocif mais le narguilé n'en a pas et la fumée est bien filtrée par l'eau. Pour diminuer le tabagisme efficacement, il faudrait procéder autrement : interdire, avec sanction, les cigarettes dans les espaces communs fermés et permettre le narguilé dans les bars.

    Fredo

    22 h 12, le 28 mars 2025

  • C'est ridicule. Pourquoi créer un espace pour les non fumeurs? Plutôt un espace pour les fumeurs qui nous pourrissent la vie hiver comme été à polluer notre espace vital par leur égoïsme comme si nous, les non fumeurs nous empietons sur leur liberté. Les restaurateurs aussi ont une grande responsabilité car ils pensent que s'ils interdisent le narguilé les gens ne fréquenteraient plus leurs établissements, ce qui est faux. Les gens ont besoin de se retrouver aux restaurants, et le tabac est un supplément. Ça été largement prouvé en Europe où la fréquentation a augmenté après l'interdiction

    Citoyen

    21 h 01, le 28 mars 2025

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