
Plus d’une trentaine d’entreprises et des dizaines de professionnels ont pris part à la rencontre organisée le 8 mars. Photo Justine Bitar
« L’idée motrice de cet événement créé par des Libanais et pour des Libanais vivant en France est de construire un réseau solide permettant d’accompagner les étudiants et les jeunes expatriés tout au long de leur cursus universitaire et professionnel », affirme Élias Wehbé, membre de l’équipe du FELF, coorganisateur de cet événement depuis sa création en 2007. Cette plateforme d’aide communautaire permet aux jeunes participants de tisser des liens avec des professionnels confirmés, échanger avec des intervenants inspirants issus de différents horizons, découvrir l’activité industrielle d’entreprises nationales et internationales, élargir leur réseau, explorer des opportunités académiques et professionnelles, postuler à des offres de stage et d’emploi et de recevoir des conseils personnalisés de professionnels expérimentés dans une ambiance conviviale, comme l’explique encore M. Wehbé.
Plus d’une trentaine d’entreprises et des dizaines de professionnels ont pris part à cette édition, qui a réuni une centaine d’étudiants libanais de France avec des cadres évoluant dans des entreprises appartenant à différents domaines : finance, audit, management, ingénierie (mécanique, civil, informatique, télécoms…), droit, santé, biomédical, conseil, architecture, recherche, nutrition… et au cours de laquelle plus de 25 professions étaient représentées. « Comme nous l’avons constaté depuis l’an dernier, la demande des jeunes a fortement augmenté pour certains domaines relevant du génie civil, de l‘architecture, du marketing, mais aussi pour des métiers liés aux nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique (machine learning), ainsi que pour les finances appliquées à l’informatique. Nous avons donc pu répondre à cette demande cette année en augmentant le nombre d’entreprises dans ces secteurs », explique encore le responsable, qui souligne qu’à la différence des années précédentes, tous les intervenants et cadres d’entreprises ayant pris part à ce dernier événement – qu’il a coorganisé avec Chloé Abi Raad – sont des Libanais, la plupart ayant eux-mêmes été d’anciens candidats en quête d’emploi.
Les défis du monde du travail
Avec un marché français en légère difficulté depuis deux ans, les demandes d’emploi augmentent tandis que les offres se font de plus en plus rares, avec des salaires inférieurs à la moyenne, que la plupart des demandeurs d’emploi sont contraints d’accepter pour subvenir à leurs besoins, déplore Élias Wehbé. Une situation que connaît malheureusement la communauté libanaise, qui s’est beaucoup élargie en France ces trois dernières années, vu la situation économique très difficile que traverse le Liban.
« Un très grand nombre de jeunes étudiants ayant quitté le pays après la crise économique, et plus particulièrement après l’explosion du 4 août 2020, pour poursuivre leurs études universitaires en France, se sont heurtés à de grosses difficultés financières en raison du manque de transfert d’argent et du peu de liquidités dont ils pouvaient disposer », souligne-t-il. Une fois leurs diplômes en poche, ces jeunes universitaires font face aux défis du monde du travail, et plus particulièrement du marché français, et sont souvent contraints d’accepter des offres peu attrayantes pour subvenir à leurs besoins. « En parallèle, des professionnels qui avaient déjà entamé leur carrière au Liban ont eux aussi été contraints de quitter le pays. Aujourd’hui, ils se retrouvent dans l’obligation d’entreprendre de nouvelles formations pour se réinsérer sur le marché français, espérant par la suite être recrutés par les entreprises », poursuit le coorganisateur. Autres difficultés que rencontrent les étudiants à la recherche d’un emploi, ou d’un contrat à durée indéterminée (CDI) : l’obtention de permis de travail que les entreprises ne sont pas prêtes à assurer. « Mais aujourd’hui, la plupart de ces recruteurs libanais et ces cadres d’entreprises, qui étaient eux-mêmes d’anciens demandeurs d’emplois, se retrouvent de l’autre côté de la scène. Certains ont connu les mêmes difficultés et ont vécu la galère et l’angoisse que traversent ces jeunes en quête d’un emploi. Ils font de leur mieux pour partager leur expérience, aider les jeunes, les conseiller et les accompagner dans leurs premiers pas vers le monde professionnel. Souvent, ils leur proposent des stages au sein de leurs entreprises, ce qui pourrait ensuite leur permettre de décrocher un poste. »
Autre service proposé par ce forum avec des professionnels expérimentés : des conseils pour une bonne construction de CV et des lettres de motivation solides, conditions essentielles pour se démarquer et postuler à un job. Parallèlement, et toujours dans le but de faciliter l’intégration de ces jeunes dans leur pays d’accueil, le FELF a créé sur Facebook une plateforme de publication et de diffusion d’offres d’emploi et de propositions de stages, regroupant plus de 3 000 membres inscrits. « C’est cet esprit d’entraide communautaire entre Libanais, en particulier, que nous cherchons à développer à travers cet événement, devenu un rendez-vous incontournable pour les étudiants et jeunes professionnels libanais en France », conclut fièrement le responsable de ce forum.
