Beyrouth est à l’heure du jeûne, de la prière et de l’aumône. Beyrouth est à genoux, en recueillement. Elle lève les yeux vers le ciel, elle se purifie. Invincible, irrésistible, elle prie pour retrouver une harmonie intérieure, pour se soustraire aux agitations du monde, pour s’accorder au souffle divin. Elle est à l’heure du ramadan et du carême, une ascèse qui ne l’enferme pas, mais qui la libère.
Beyrouth vit une métamorphose profonde. Elle tente de se rapprocher de l’Éternel, pour accepter d’être transformée par son amour infini. Dans ce face-à-face avec l’absolu, elle prend conscience de sa fragilité, mais aussi de sa vocation transcendante, distinguée et éminente. Elle comprend que l’essence de son être ne réside pas dans l’accumulation des plaisirs imminents et éphémères, mais dans une communion intime avec le Créateur. Elle marche vers la lumière éternelle.
Beyrouth invite au temps de la miséricorde divine. Elle rappelle que nul n’est enfermé dans ses fautes, que l’amour de Dieu dépasse toute errance, et que chaque regret est une porte ouverte vers une reviviscence, un pardon, une renaissance.
Le sacrifice auquel Beyrouth appelle n’a rien d’une privation aride : il est une dépossession féconde, un abandon volontaire des fardeaux superflus qui encombrent son cœur. À travers ce dépouillement, son âme devient sensible à la parole divine, apte à accueillir la lumière qui éclaire les ténèbres. Beyrouth est porteuse d’un commun message, un même élan spirituel, un appel universel à l’élévation de l’âme et à la purification du cœur. Elle nous invite à un voyage intérieur fait de soumission, d’amour et de prosternation. Elle enseigne l’humilité par l’abstinence, la solidarité par l’aumône. Elle nous emmène vers l’essentiel, la proximité avec Dieu. Elle inculque l’empathie envers les plus démunis, la générosité envers les affaiblis, prônant ainsi une prise de conscience sociale et une solidarité accrue. Elle est une quête intérieure visant à rapprocher le croyant de Dieu et à renforcer son engagement envers les valeurs de la chrétienté et l’islam.
Beyrouth se veut un symbole de l’épreuve, un emblème de la purification et de la conversion des cœurs. Beyrouth revient à Dieu bercée par un temps de grâce, d’absolution et de rémission. Elle nous apprend que ramadan et carême sont avant tout un itinéraire de transformation intérieure, une sollicitation à se détourner du péché et à embrasser pleinement l’amour divin. Elle clame le cantique de la conversion où musulmans et chrétiens sont appelés à imiter Dieu dans son humilité et son amour. Elle les interpelle à obéir au Tout-Puissant, à se dépouiller de tout ce qui les éloigne de l’Éternel. Grâce et pardon se mettent ainsi à la table de Beyrouth pour mieux s’accorder au souffle divin, pour redécouvrir ensemble le fructueux, l’indispensable et le précieux. Dans un monde où la superficialité et la consommation effrénée nous distraient de notre véritable essence, Beyrouth veut nous rappeler qu’en ces temps de jeûne et de prière, l’homme ne se nourrit pas seulement de pain, mais aussi de la parole divine. C’est une doctrine de sobriété et de gratitude, des périodes de liberté, où le superflu est abandonné pour laisser place à l’essentiel : la présence de Dieu en nous.
Beyrouth nous enseigne que loin d’être une épreuve, le ramadan et le carême sont une invitation à l’embrasement intérieur, à une rencontre renouvelée avec le divin. Ce dépouillement volontaire n’appauvrit pas, il enrichit. Il ne prive pas, il comble. À travers ces pratiques, l’âme devient plus réceptive à la lumière divine, plus apte à entendre la voix du Créateur dans le silence du monde. Ramadan et carême ne sont pas des prescriptions isolées à des communautés distinctes, mais des manifestations d’une même quête : celle de l’absolu, de la transcendance, de l’amour inconditionnel.
Car au-delà des rites et des traditions, il est un message universel : celui de l’unité dans la foi. Le Dieu de l’islam, du christianisme est un Dieu d’amour. Ainsi, notre parcours commun devrait mener non pas à la division, mais à la fraternité, à une voie vers l’autre, à un appel à reconnaître en chaque être humain un frère en humanité, car Dieu est unité.
Dans un monde fracturé par les conflits et les préjugés, ramadan et carême rappellent que nous sommes tous en quête d’une même vérité, d’une même lumière. La véritable foi n’oppose pas, elle rassemble. Elle n’opprime pas, elle élève. Elle ne sépare pas, elle unit. Elle ne détruit pas, elle construit, elle n’empoisonne pas, elle guérit, elle ne se renferme pas, elle resplendit !
Et c’est à travers l’amour de Dieu que le pardon et la conversion sont des chemins vers la réconciliation, des ponts entre les âmes, des appels à dépasser nos différences pour nous retrouver dans l’essentiel. Dans un monde fracturé par les conflits, les incompréhensions et les préjugés, ramadan et carême conviennent que nous sommes tous en quête d’un même absolu, d’une même lumière.
Beyrouth a compris que, le Dieu du christianisme et de l’islam est un Dieu d’amour, et c’est à travers cet amour que le pardon et la conversion deviennent des chemins vers la réconciliation.
C’est ainsi que Beyrouth devient une promesse. La promesse d’un cœur purifié, d’un regard illuminé, d’une vie transfigurée par la grâce de Dieu. La promesse d’une humanité qui retrouve son unité dans l’amour du Créateur, un seul Dieu tout-puissant !
Et Beyrouth chante au rythme du mouazzen et des cloches des églises, Beyrouth danse le sama avec les derviches !
Et Beyrouth renaît !
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