
L'employée de la Bank Audi avec qui Mohammad Faraj a eu une altercation. Capture d'écran de la vidéo diffusée le 12 mars. Compte Tiktok/ @moeinfaraj
Un trentenaire libano-iranien, Mohammad Faraj, a vu sa demande d'ouverture de compte bancaire à la Bank Audi refusée mercredi en raison de sa nationalité iranienne, selon une vidéo qui circule en ligne et dont L'Orient-Le Jour a pu vérifier l'authenticité. La vidéo, prise par le jeune homme, a été publiée sur les réseaux sociaux et vue par des centaines de milliers de personnes.
On entend Mohammad Faraj au début de la vidéo s'adresser à une employée dans le hall de la banque, à Tyr (Liban-Sud), en lui lançant : « C’est quoi ton problème avec quelqu’un né en Iran ? Allez, dis-le moi, je filme. Tu as un problème avec toutes les personnes nées en Iran ? » Refusant de répondre et demandant que le jeune homme cesse de filmer, l'employée finit par lui rétorquer : « Il y a des sanctions sur l’Iran, un point c'est tout. » «Des sanctions sur l’Iran ? Mais l’argent vient de Djeddah (ville portuaire en Arabie saoudite, ndlr)», réplique, outré, le jeune homme.
« Mais tu as un passeport iranien ! C’est parce que tu as un passeport iranien », lui lance alors l'employée de la Bank Audi. « Avant qu’elle ne dise que c’est à cause de mon passeport iranien, elle a dit que c’était parce que j’étais né en Iran », soutient Mohammad Faraj aux personnes présentes lors de la scène.
Interrogée par L'Orient-Le Jour, la banque n'a pas souhaité faire de commentaires.
« C'est le mandat américain au Liban ! »
La séquence n’a en tout cas pas manqué de susciter des réactions sur les réseaux sociaux. Le principal intéressé a expliqué, dans plusieurs commentaires, qu’il avait présenté son passeport libanais à la banque pour effectuer les démarches nécessaires à l’ouverture d’un compte, passeport sur lequel figure son lieu de naissance en Iran, en 1991. Il travaille actuellement en Arabie saoudite, à Djeddah, et souhaite « simplement envoyer de l’argent à ses parents » vivant au Liban. À ce titre, il « ne voit pas le rapport avec le fait d’être né en Iran », « surtout qu’il est Libanais, et né de père libanais ».
« C'est le mandat américain au Liban ! La souveraineté, les soi-disant souverainistes, et ma chaussure, c'est pareil… Écoutez ce qu'elle lui dit (...) Si on continue comme ça, on va droit vers une situation qui ne plaira à personne », réagit un internaute partisan du Hezbollah. «C'est quoi cette absurdité ? Elle lui dit qu'il y a des sanctions contre l'Iran et que, pour cette raison, elle refuse de lui ouvrir un compte juste parce qu'il est né en Iran... », s'indigne Ali, un autre partisan du Hezbollah. « Si tu avais un passeport américain, ils t'auraient reçu comme un VIP (personnalité de marque, Ndlr) », se moque encore un autre internaute.
D'autres, au contraire, lui critiquent le ton véhément employé dans la vidéo. « S'il y a des sanctions, qu'est-ce que (l'employée) peut y faire ? Les employés se doivent de suivre les règles... Pourquoi est-ce difficile d'accepter les règles ? » feint de s'interroger une utilisatrice. « Tu n'as aucun droit de t'adresser à elle ainsi (...) ce sont les règles de sa banque, et les sanctions sur l'Iran ne sont pas nouvelles, pourquoi es-tu étonné ? » lance une autre.
Sanctions américaines
Interrogé par L'Orient-Le Jour, un membre du département de la conformité d'une grande banque libanaise (département chargé de veiller au respect des règles, lois et normes pour éviter les risques juridiques, financiers et réputationnels) a expliqué qu'il n'existait pas de refus a priori d'ouvrir un compte bancaire pour un Libanais né dans un autre pays.
Cependant, dans le cas spécifique de l'Iran, il est demandé si la personne possède un passeport iranien, ce qui constituerait une « raison de refus en raison du contexte actuel », marqué par le « refus américain de transfert d'argent de l'Iran au Liban », selon la source. Selon cette même source, cette mesure a été renforcée avec la crise économique de 2019, ainsi que la dernière guerre entre le Hezbollah et Israël, qui a duré plus de 13 mois.
Une telle mesure n'a jamais fait l'objet d'une déclaration publique. Cependant, les autorités libanaises saisissent régulièrement des fonds à l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) en provenance de l'Iran. Mi-février, l’interdiction d’atterrissage d’un vol de la compagnie iranienne Mahan Air en provenance de Téhéran avait suscité de vives réactions.
Les États-Unis et Israël demandent ouvertement aux Libanais de ne pas permettre au Hezbollah de reconstituer son arsenal, après une guerre qui l'a beaucoup affaibli.
Après son élection et son entrée en fonction le 20 janvier dernier, le président américain Donald Trump a rétabli sa politique dite de « pression maximale » à l'encontre de l'Iran, avec de nouvelles sanctions contre son secteur pétrolier, et menacé d'un recours à la force. Au Liban, les États-Unis jouent un rôle de plus en plus prépondérant.
le mec irano libanais , a l'evidence s'appretait a ce genre de probleme. Eh bien il le voulait il l'a bien eut !
09 h 33, le 15 mars 2025