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Politique - Liban

« Nous entrons dans une nouvelle phase » : Kassem entérine la mue du Hezbollah

Dans son premier entretien sur al-Manar, le chef du Hezbollah reconnaît l'ouverture d'une enquête interne pour déterminer les causes des « failles sécuritaires » au sein du parti durant la guerre.

« Nous entrons dans une nouvelle phase » : Kassem entérine la mue du Hezbollah

Image de l'entretien accordé par le secrétaire général du Hezbollah à al-Manar, la chaîne du parti, dimanche 9 mars. Photo al-Manar.

« Ce qui a changé (…) c’est que nous entrons dans une nouvelle phase, sans aucun doute. Mais cette phase ne signifie pas un changement de principes, seulement une évolution des méthodes » a expliqué Naïm Kassem, le secrétaire général du Hezbollah, lors du premier entretien depuis sa prise de fonction le 29 octobre dernier, accordé à la chaîne du Hezbollah al-Manar dimanche soir.

Dans la continuité de son discours prononcé lors des funérailles populaires de son prédécesseur Hassan Nasrallah le 23 février, Naïm Kassem a continué à poser les jalons du Hezbollah politique, insistant notamment sur le rôle des autorités libanaises dans la lutte contre l'occupation israélienne et au niveau de la reconstruction. Il a appelé « ceux qui ne sont pas réalistes (à) remettre les pieds sur terre ».

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« Nous ne voulions pas de cette guerre » 

« Nous n’avons pas négocié en position de faiblesse, mais nous ne voulions pas de cette guerre. (…) Ainsi, lorsque l’ennemi israélien a proposé un cessez-le-feu dans le cadre de la résolution 1701 (du Conseil de sécurité de l'ONU, ndlr), nous n’avons pas eu d’objection » a expliqué Naïm Kassem, tandis que Hassan Nasrallah n’avait eu de cesse durant ces discours de lier la fin du « front de soutien » à Gaza ouvert par le parti chiite le 8 octobre à « l’arrêt de l’agression israélienne » dans l’enclave. Le cessez-le-feu au Liban est entré en vigueur le 27 novembre, après deux mois de guerre ouverte et violente entre le Hezbollah et Israël, tandis que la première phase de la trêve, fragile, à Gaza a été instaurée le 19 janvier. 

« Nous avons étudié les points de l’accord, et dans l’ensemble, ils étaient acceptables et restaient dans le cadre de la 1701. C’est pour cela que nous avons accepté le cessez-le-feu et que nous avons considéré que c’était désormais à l’État libanais d’en assumer la responsabilité. » a expliqué Naïm Kassem, qui regrette qu’ « Israël multiplie les violations, en prétendant qu’il affrontait toujours la Résistance et que celle-ci n’avait pas respecté l’accord ». Israël bombarde régulièrement le Liban-Sud et la Békaa depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, tuant près de 100 libanais depuis le 27 novembre. Dans ce cadre le secrétaire général du Hezbollah s’en est pris au général américain Jasper Jeffers, à la tête du comité de surveillance du cessez-le-feu. « Le problème, c’est que le président du comité de supervision est « le voleur qui joue au gardien ». C’est un Américain, et donc il facilite les choses pour Israël. » a-t-il ainsi accusé.

« C’est Israël qui ne permet pas à l’armée libanaise de se déployer » au Liban-Sud a également accusé Naïm Kassem, qui précise que « cinq fois, il est clairement indiqué que le cadre de cet accord repose (uniquement) sur le sud du Litani » et que le Hezbollah a, à ce titre, respecté l’accord en retirant ses forces de cette partie du pays.

Interrogé par la journaliste d’al-Manar sur les déclarations du président de la République, Joseph Aoun, qui devant une délégation iranienne a affirmé que le Liban « est fatigué de la guerre des autres sur son territoire », M. Kassem a rejeté ces propos. « Notre guerre n’est pas celle des autres, a-t-il martelé. Ceux qui sont morts sont libanais, ceux qui ont été bombardés sont Libanais et notre cause est la libération du territoire libanais. »

Brèches sécuritaires au sein du Hezbollah

Emboîtant le pas à l’ancien député de Tyr Nawaf Mouassoui, Naïm Kassem a reconnu « des brèches sécuritaires et certaines failles » au sein du parti pendant la guerre, ainsi que l’établissement d’une enquête pour en « analyser les causes ». Il s’est notamment longuement attardé sur les « dix jours extrêmes difficiles, de chaos » entre l’assassinat de Hassan Nasrallah le 27 septembre et son second discours après l'élimination de son prédécesseur, le 8 octobre : « le commandement a été visé, les centres de commandement détruits, les communications interrompues, et plusieurs cadres sont tombés en martyrs » a-il ainsi confié. Jeudi soir, le Hezbollah avait publié une vidéo de quatre minutes rendant hommage à des dizaines de cadres du parti tués par Israël.

« Nous avons payé un prix élevé, oui, nous avons beaucoup donné, mais la résistance est toujours là » a soutenu Naïm Kassem. Il a en outre expliqué que le parti avait « décidé de ne viser que des cibles militaires » en Israël pour ne pas offrir un « prétexte à l’ennemi (israélien) pour intensifier encore davantage ses attaques contre nos populations ». Si le parti affirme n'avoir tiré que sur des cibles militaires, plusieurs civils israéliens ont été tués par ses tirs d'obus de mortier et de drones. Une dizaine d'enfants avaient notamment été tués à Majdel Chams, sur le plateau du Golan syrien occupé, dans un tir d'obus, attribué au Hezbollah par l'armée israélienne, ce que le mouvement avait nié. Cette frappe avait provoqué une riposte qui avait tué Fouad Chokr, un haut commandant du parti, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Par ailleurs, les funérailles de Hassan Nasrallah le 23 février, qui ont vu affluer des centaines de milliers de personnes aux abords de la Cité sportive, traduisent selon lui la ferveur inchangée du « public de la résistance ». 

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« Nous voulons bâtir un État juste » 

La mue qu’opère le Hezbollah, du moins dans les propos de son secrétaire général, s’est particulièrement révélée dans la deuxième partie de l’entretien, s’attardant sur le rôle du parti sur la scène interne. « Nous voulons bâtir un État juste et efficace, capable de répondre aux besoins du peuple. Notre engagement dans les élections législatives, notre participation au gouvernement, aux élections municipales, visent à représenter le peuple » a expliqué Naïm Kassem.

L’étonnement a semblé gagner la présentatrice Manar Sabbagh : « Permettez-moi de préciser une idée. Certains pourraient comprendre vos propos (...) comme si vous prépariez l’abandon du côté militaire et de vos armes, pour vous concentrer uniquement sur l’action politique ». Naïm Kassem alors répondu que le Hezbollah entre « dans une nouvelle phase, sans aucun doute », sans que celle-ci ne « signifie un changement de principes, seulement une évolution des méthodes ».

« Parmi ces nouvelles équations sur lesquelles nous travaillons actuellement, il y a celle de donner à l'État la pleine opportunité d'agir politiquement, afin de prouver au monde entier qu'Israël ne se retire que sous la contrainte de la force et qu'il ne comprend que le langage des armes. » a ainsi expliqué Naïm Kassem, précisant que « nous ne répondrons pas systématiquement à chaque frappe israélienne comme nous le faisions auparavant. ». « Tout ce que je veux dire aux gens, c'est : attendez un peu, soyez patients avec nous (…) dans ce moment précis, nous devons patienter un peu pour voir où mènera l’accord » a insisté le secrétaire général du parti. « Si l’on nous dit que l’État suffira à faire face à l’ennemi israélien, qu’ils nous montrent ce qu’ils sont capables de faire contre lui ! Nous n’avons aucun problème à ce qu’ils prennent en charge cette mission » a-t-il encore déclaré.

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« Jusqu’à présent, la manière dont les choses ont été gérées nous a permis d’élire un président de la République par consensus, nous sommes entrés au gouvernement en coopération avec les autres parties. Ce sont deux étapes considérées comme positives face aux défis. Nous devons poursuivre dans cette voie », a-t-il estimé, se félicitant du contact « chaleureux » avec le président de la République et faisant part d’une volonté de coopérer avec le Premier ministre. 

« Maintenant, nous voulons construire ensemble notre pays, nous voulons qu’il soit fort, nous voulons reconstruire ce que l’ennemi israélien a détruit, nous voulons résoudre la crise économique et sociale, restaurer l’intégrité du système judiciaire, restituer l’argent des déposants, combattre la corruption. Ce sont tous des axes sur lesquels nous voulons travailler. » a-t-il assuré. Dans ce cadre, Naïm Kassem a expliqué qu’il incombe à l’Etat de financer la reconstruction des zones détruites par la guerre contre Israël. Face à l'étonnement de la présentatrice sur cette « nouvelle approche », le dignitaire chiite a expliqué que son parti « viendrait en aide à l’Etat, au besoin ».

Interrogé enfin sur les événements en cours en Syrie, où le Hezbollah a combattu aux côtés du régime Assad pendant la guerre civile syrienne, Naïm Kassem a expliqué que le « tableau » était encore « flou » : « Je ne peux pas dire si la Syrie va réussir à se stabiliser ou sombrer dans le chaos. Nous espérons qu’elle retrouvera sa stabilité, que ses différentes forces parviendront à s’entendre et à construire un État fort. ».

« Ce qui a changé (…) c’est que nous entrons dans une nouvelle phase, sans aucun doute. Mais cette phase ne signifie pas un changement de principes, seulement une évolution des méthodes » a expliqué Naïm Kassem, le secrétaire général du Hezbollah, lors du premier entretien depuis sa prise de fonction le 29 octobre dernier, accordé à la chaîne du Hezbollah al-Manar dimanche soir.Dans la continuité de son discours prononcé lors des funérailles populaires de son prédécesseur Hassan Nasrallah le 23 février, Naïm Kassem a continué à poser les jalons du Hezbollah politique, insistant notamment sur le rôle des autorités libanaises dans la lutte contre l'occupation israélienne et au niveau de la reconstruction. Il a appelé « ceux qui ne sont pas réalistes (à) remettre les pieds sur terre ». ...
commentaires (10)

Qassem ment quand il prétend se mettre sous les ailes de l’état et cherche à préserver ce qui lui reste d’armement car son parti a des mauvaises intentions. Nous savons comment ils opèrent, nous l’avons vécu en 1982-83, en 2000 et en 2006. Une nouvelle pour ce monsieur, cette fois la récré est terminé, si le hezbollah ne se conforme pas à la constitution les chiites du hezbollah en pâtiront gravement et le résultat pourrait être jusqu'à leur exil définitif. Aucuns Libanais ne les regretteront.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

12 h 13, le 11 mars 2025

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Commentaires (10)

  • Qassem ment quand il prétend se mettre sous les ailes de l’état et cherche à préserver ce qui lui reste d’armement car son parti a des mauvaises intentions. Nous savons comment ils opèrent, nous l’avons vécu en 1982-83, en 2000 et en 2006. Une nouvelle pour ce monsieur, cette fois la récré est terminé, si le hezbollah ne se conforme pas à la constitution les chiites du hezbollah en pâtiront gravement et le résultat pourrait être jusqu'à leur exil définitif. Aucuns Libanais ne les regretteront.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 13, le 11 mars 2025

  • Le Liban n’a pas et ne doit pas avoir de problèmes avec ses deux voisins. Toute guerre entre n’importe quel pays arabe ou autre n’est pas la nôtre. Qassem cherche délibérément à travers son discours à faire croire à ceux qui restent dans son giron que le Liban est toujours sous tutelle Iranienne. Il n’est plus sous aucune tutelle mais il est meurtri, a perdu sa crédibilité et doit se reconstruire en faisant la paix sinon au moins un armistice même avec Israël. Il est temps de mettre les points sur les i avec la Syrie et Israël et repartir à zéro vers un avenir plus serein.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 13, le 11 mars 2025

  • Il n’est plus possible d’accepter des entités politiques locales avec des idéologies contraires à la constitution. Tout parti dont les statuts ne sont pas conformes avec l’esprit de la constitution doit être interdit. Les partis ne peuvent plus recevoir de donations de qui que ce soit autres que de ses membres déclarés ou de l’état au prorata de leur présence au parlement. Une loi pareille empêchera la naissance de hezbollah, PSNS ou Baas a l’avenir. Ils ont trahi le pays et l’ont mis à feu et à sang au service de l’arabité, du nasserisme, du baasisme ou du Fakihisme. Basta !

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 13, le 11 mars 2025

  • Le hezbollah est celui qui a provoqué la guerre, il est donc responsable de tous les malheurs que vivent et vont vivre les chiites. C’est lui qui leur a détruit leurs maisons et leur vie en leur mentant depuis plus de 40 ans. Cette catastrophe doit lui être attribué à travers les tribunaux. Le peuple et l’état doivent se porter partie civile et réclamer des dédommagements du parti. Il faut lui saisir tous ses avoirs et juger ceux qui ont pris cette stupide décision de guerre violant les prérogatives de l’état et la constitution. Il faut établir et voter une nouvelle loi sur les partis.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 12, le 11 mars 2025

  • Qassem essaye de justifier l’impossibilité du hezbollah à remplir ses promesses et tente de sauver ce qui reste de sa base qui s’étiole petit à petit au fur et à mesure qu’elle découvre la réalité et l’étendue de la catastrophe : 39 villes et villages totalement détruits, plus de 11.000 morts et Dieu seul sait combien d’handicapés, pas de possibilité de payer de compensations ni même de reconstruire, Il a totalement abdiqué et prié Mikati de signer et accepter un cessez le cessez quels qu’en soient les clauses. Nous les connaissons tous et savons lire au moins aussi bien sinon mieux que lui.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    12 h 12, le 11 mars 2025

  • L’étonnement a semblé gagner la présentatrice Manar Sabbagh : « Permettez-moi de préciser une idée. Certains pourraient comprendre vos propos (...) comme si vous prépariez l’abandon du côté militaire et de vos armes, pour vous concentrer uniquement sur l’action politique ». QU'A DIEU NE PLAISE.... LA DAME ALLAIT PRESQUE S'EVANOUIR... HEUREUX QUE N KASSEM L'A TRANQUILISEE: NON LES ARMES ON NE LES REMETTRAIENT PAS.

    L’acidulé

    10 h 05, le 11 mars 2025

  • Il ferait bien de rejoindre l’autre petit Vizir Iznogood dans une montgolfière et nous lasser en paix.

    Tartanpion

    01 h 54, le 11 mars 2025

  • LORSQUE ON A LE TURBAN SUR TERRE ET LES PIEDS EN L,AIR, LES DEUX BOUTS DE TETES RENVERSEES, LES BOURDES SONT PROPULSEES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 35, le 10 mars 2025

  • On se demande pour quelle raison les israéliens occupent une partie de notre pays. Ça il évite d’en parler mais insiste sur la résistance qui refuse cette occupation alors que ses leaders ont tout fait pour que cela devienne possible. Il dit avoir accepté le cessez-le-feu pour arrêter cette guerre? Mais voyons, il ne fallait tout simplement pas la provoquer. Il répète qu’Israel empêche l’armée à se déployer, alors que ce sont leurs serviteurs qui lui ont bloqué les routes en prétextant vouloir regagner leurs domicile en ruines. Assez de mensonges. De notre temps il est impossible de berner son

    Sissi zayyat

    17 h 22, le 10 mars 2025

  • Incroyable. Il est devenu phalangiste ! On aura tout vu…

    Mago1

    15 h 01, le 10 mars 2025

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