On ne sent vraiment pas le temps passer ! La dernière dérouillée israélienne, agrémentée d’attaques meurtrières et de dynamitages de maisons et d’immeubles, a amené dans la foulée un enturbanné aussi bistre que sinistre, qui s’invite régulièrement le soir dans les chaumières. Fanatique, petit et chétif : y en a vraiment qui exagèrent ! D’ailleurs, même modéré, grand et robuste, faudrait une sacrée dose de baryum pour le rendre comestible.
Depuis la vaporisation de son maître à penser dont il était la première gâchette, Naïm Kassem, promu entre-temps première barbe du Hezbollah, sème régulièrement le bonheur dans les familles, leur promettant des frivolités guerrières à tiroirs, assorties de moulins à prières qu’il fait tourner à plein régime. Bref, un homme de peu qui rêve de regarder passer les missiles et respire la joie de mourir.
Maintenant que le tour- opérateur promis pour Jérusalem a foiré, le vieux birbe ne raccroche plus jamais et, conformément à la loi de la pesanteur, ouvre la bouche plus facilement qu’il ne la ferme. Pourtant, il n’a plus que la transmission télé souterraine à se mettre sous la dent, mais à une cadence telle qu’il finira bien un jour par s’affranchir du petit écran pour migrer vers le fer à repasser, l’aspirateur ou le frigo, d’où l’on pourra entendre sa voix rien qu’en branchant ces appareils désormais connectés.
Quand il lui arrivait jadis de s’adresser à ses pileux, il n’était pas rare de voir certains d’entre eux regarder discrètement leur montre pour vérifier qu’elle ne s’était pas arrêtée. Et au terme de son verbiage qui prenait une dizaine de minutes, ils avaient l’impression d’avoir perdu toute une journée. D’ailleurs, en l’écoutant pérorer, on a envie de rappeler la réaction de Louis-Ferdinand Céline devant l’œuvre d’un peintre abstrait : « Il fait des choses qu’on ne lui demande pas. »
Le brave Naïm a une idée fixe qui ne le lâche jamais : débiter des Hébreux en tranches fines et les balancer à la mer. S’il n’a pas encore vu les dizaines de milliers de morts au Liban-Sud, dans la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, les villages rayés de la carte et leurs habitants jetés sur les routes, c’est qu’il faut absolument qu’il consulte d’urgence un ophtalmo. Y en avait bien un excellent à Damas, mais dommage qu’il ait mal tourné puisqu’il a dégringolé de président de la république à réfugié quémandeur chez Vladimir, ce fils de Poutine.
Celui dont les propos ont fini par rendre le député Mohammad Raad presque sympathique a aussi un autre dada : barrer la voie à toute ingérence de l’Occident décadent dans nos affaires. Depuis l’interdiction d’atterrir à Beyrouth signifiée aux avions iraniens, il voit déjà des escadrilles de tapis de prière persans foncer sur nos geôliers français ou américains.
Hochets dérisoires qu’il agite devant une population exsangue qui s’attend au pire. Mais quand le pire arrive, celle-ci se rend compte finalement qu’il n’est jamais pire que le pire qui le suivra. « Téhéran, reviens ! Les Libanais sont devenus fous. »
gabynasr@lorientlejour.com
À propos de tour operator, assez drôle de se dire que Jérusalem c'est pas un patelin qu'on visite comme n'importe quel autre c'est à dire avant tout avec un visa pour le pays puis en bus, en tram ou à trotinette, ah non, uniquement sabre au clair! Jérusalem, ça se conquiert mon bon monsieur !
08 h 01, le 22 février 2025