
Le Pr André Mégarbané avec les Drs Éliane Choueiry et Cybel Mehawej. Photo LAU
Il s’agit d’une première : l’équipe du département de génétique humaine de la faculté de médecine Gilbert et Rose-Marie Chagoury à l’Université libano-américaine (LAU) a identifié une maladie génétique rare liée au gène SH3GL1. Cette pathologie correspond à une forme d’immunodéficience primaire causée par une déficience de la protéine endophiline A2 codée par ce gène et affectant la production d’anticorps chez les patients atteints.
Dirigée par le Pr André Mégarbané, doyen adjoint pour la recherche et directeur du département de génétique humaine à la faculté de médecine Gilbert et Rose-Marie Chagoury de la LAU, avec les Drs Cybel Mehawej et Éliane Choueiry, professeures associées à la faculté de médecine Gilbert et Rose-Marie Chagoury, l’étude a fait l’objet d’une publication au mois de novembre dans le prestigieux Journal of Clinical Immunology.
Cofinancée par le President’s Intramural Research Fund (PIRF) et la bourse Jeunes Talents L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, cette étude permettrait aux chercheurs d’approfondir la compréhension du rôle de la protéine endophiline A2 dans la réponse humorale, ainsi que des mécanismes pathologiques et physiologiques encore méconnus. Elle pourrait conduire « au développement de nouvelles thérapies », comme l’explique la Dr Cybel Mehawej. Cette avancée permettrait également à terme aux cliniciens de diagnostiquer cette pathologie avec plus de précision, d’intervenir plus tôt et d’améliorer la prise en charge des patients pour éviter les complications liées à la maladie.
Par ailleurs, l’identification de la cause génétique de la maladie permettrait aux patients de bénéficier bien évidemment d’un conseil plus adéquat et, par conséquent, de prendre des décisions éclairées quant à leur santé.
Au Liban, 200 000 personnes souffrent de maladie orpheline et rare
Au Liban, on estime qu’environ 200 000 personnes souffrent de maladie orpheline et rare, souvent en raison de la consanguinité et du mariage entre apparentés, tient encore à rappeler l’enseignante-chercheuse.
Tout a commencé lorsqu’un patient de 14 ans suspecté d’avoir un déficit immunitaire primaire rare et inexpliqué a été référé au département par son médecin, la Dr Roula Farah. « Le patient présentait des symptômes qui suggéraient une réponse immunitaire anormale, mais les tests génétiques standard n’avaient pas donné de résultats concluants car la cause génétique de son état n’avait pas encore été identifiée », indique la Dr Mehawej. « En effet, nous n’avons pas détecté ce que nous appelons des mutations, altérations ou des variations génétiques dans les gènes connus comme étant impliqués dans des déficits immunitaires. C’est alors qu’on s’est dit qu’il doit y avoir une nouvelle cause génétique, parce que le patient souffrait d’infections récurrentes et recevait depuis l’âge de 6 ans ce qu’on appelle des IgIV ou des anticorps intraveineux, car son corps est incapable de les fabriquer », raconte-t-elle. Et de poursuivre : « Nous avons alors procédé à plus de recherches et avons étudié tous les gènes par les techniques de séquençage à haut débit, ce qui nous a permis d’identifier une altération candidate au niveau du gène SH3GL1. Par des tests un peu plus sophistiqués sur des prélèvements sanguins du patient, nous avons par la suite confirmé que ce que nous avons observé au niveau de l’ADN et ce qu’on a suspecté d’être potentiellement la cause de sa maladie est effectivement ce qui a causé sa maladie et donc nous avons découvert cette maladie génétique qui est une nouvelle forme de déficit immunitaire humoral, c’est-à-dire qui affecte spécifiquement la production d’anticorps. »
Faire progresser la génétique humaine
Impliqué dans plusieurs projets ambitieux, le département de recherche en génétique humaine n’en est pas à son premier exploit cette année. Antérieurement, l’équipe avait mené une étude novatrice sur le gène POLD3, un acteur-clé de la réplication et de la réparation de l’ADN, que la même équipe avait associé en 2013 à un syndrome d’immunodéficience et de surdité congénitale. Publiée dans le numéro d’octobre du European Journal of Human Genetics, l’étude est la première à établir un lien entre les variantes hétérozygotes (altérations affectant l’une des deux copies d’un gène, chacune étant héritée d’un parent) du gène POLD3 et le déclin progressif de l’audition et les troubles de l’équilibre chez les personnes âgées de plus de 40 ans.
Avec cette nouvelle percée, le département renforce sa réputation de centre de référence en génétique, tant au niveau local que régional ou international. « Cela nous ouvre des opportunités pour mettre en place davantage de collaborations », indique la Dr Mehawej, pour qui la coopération scientifique locale et internationale, la mutualisation des efforts et la complémentarité des expertises et des moyens revêtent une importance cruciale, d’autant qu’elles permettent d’avancer plus vite et plus loin. « Nous avons la chance d’être à la LAU, qui accorde une grande valeur à la recherche et s’investit beaucoup pour contribuer au savoir scientifique », a-t-elle souligné. « L’université déploie des efforts dans tous les domaines pour encourager toute la communauté académique à mener des travaux de recherche.
D’ailleurs, le classement de l’établissement en matière de recherche, la quantité et qualité des recherches scientifiques réalisées tout comme le financement apporté par le PIRF attestent de cette politique », a-t-elle encore ajouté. Engagé en faveur de l’excellence académique, l’innovation et la recherche dans le respect des valeurs éthiques, le département de génétique humaine à la LAU répond à une triple ambition : diriger des activités de recherche et contribuer à l’avancement du domaine de la génétique humaine, notamment dans le domaine de la surdité, des déficits immunitaires primaires et des malformations génétiques et neurologiques, promouvoir l’éducation génétique auprès des futurs médecins et de la communauté en sensibilisant aux troubles génétiques et à la consanguinité par le biais de séminaires et d’activités, tout comme fournir des services et des tests à prix réduits aux patients et à leurs familles, y compris le diagnostic clinique et moléculaire en plus du conseil génétique. « Nous effectuons certaines analyses en interne et nous conservons à vie les données de manière confidentielle, au cas où le patient serait amené à effectuer à nouveau des tests. On réanalyse gratuitement sans charge additionnelle. Notre objectif est de servir les patients, la communauté, la génétique et la recherche », conclut la Dr Mehawej.

Quelle joie! Quelle fierté! Pensée pour Edgar de Picciotto, philanthrope Libanais Juif qui avait soutenu financièrement la L.A.U tout en finançant aussi le National Institute of Biotechnology in the Negev. Comme la connerie, l'intelligence n'a pas de frontières, mais pas les mêmes.
05 h 59, le 04 mars 2025