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Économie - Cabinet Salam

« Les bonnes personnes au bon moment » : le secteur privé salue le nouveau gouvernement mais reste vigilant

Les représentants que « L’Orient-Le Jour » a contactés louent les qualités de la nouvelle équipe mise en place, mais rappellent que le travail ne fait que commencer. 

«  Les bonnes personnes au bon moment » : le secteur privé salue le nouveau  gouvernement mais reste vigilant

Vue d’ensemble de Beyrouth. Photo prise le 20 novembre 2024. Philippe Hage Boutros/L'Orient-Le Jour

Quelque peu rasséréné par la tournure prise par les événement depuis l’élection de Joseph Aoun le 9 janvier, le secteur privé a plutôt accueilli favorablement la formation du nouveau gouvernement par Nawaf Salam.

Les représentants que L’Orient-Le Jour a contactés louent les qualités de la nouvelle équipe mise en place, mais rappellent que le travail ne fait que commencer. Certains d’entre eux craignent déjà une désillusion. L’Association des banques du Liban avait, elle, déjà réagi dimanche, en espérant voir le nouvel exécutif lancer des réformes permettant au pays de « retrouver sa place » régionale dans le domaine financier qu’il a perdu avec la crise de 2019.

Organismes économiques

« Le patronat loue la rapidité avec laquelle le gouvernement a été formé, contrastant avec les précédents exécutifs », lance d’emblée Nicolas Chammas, secrétaire général des Organismes économiques, une organisation patronale. Il se souvient notamment qu’en 2018, « l’équivalent de 4 milliards de dollars de dépôts en livres libanaises avaient été convertis en dollars pendant les huit mois qu’avait pris la formation du gouvernement de Saad Hariri », ce qui avait contribué à fragiliser la situation financière du pays un an avant le début de la crise.

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Concernant la composition du gouvernement, Nicolas Chammas se réjouit qu’« il n’y ait pas de personnalités provocatrices et qu’il se dégage de la nouvelle équipe un climat de confiance, de solidarité et de productivité ». Et d’ajouter : « On note la présence de figures influentes sur les plans local, régional et international, avec, le plus souvent, la bonne personne affectée aux bons portefeuilles ».

Il émet toutefois deux réserves : d’une part, le fait que les organismes économiques n’aient pas été consultés pour les portefeuilles économiques et sociaux en amont,« ce qui est dommage, car leur point de vue aurait été enrichissant » ; d’autre part, le fait qu’un certain « air de populisme entoure certains nouveaux membres » de l’exécutif, et qu’il espère que cela ne viendra pas affecter le travail du gouvernement ni porter ombrage au régime libéral libanais. « Notre a priori est favorable, mais le maçon sera jugé au pied du mur », conclut-il.

Mouvement international des chefs d’entreprise libanais

« Nous étions dans le cauchemar de la guerre et de la destruction, et nous sommes désormais sur un alignement des planètes presque parfait au niveau local, régional et international », estime le patron du Midel, Fouad Zmokhol. Il relève que le président Aoun est « plus ou moins accepté par tout le monde », que le Premier ministre est « compétent » et que le gouvernement est « majoritairement composé de spécialistes », des « figures intègres et dynamiques, dont une grande partie a déjà fait ses preuves ».

« C’est très positif, mais nous restons réalistes : le changement ne sera ni rapide ni facile, et les grands dossiers, à commencer par le budget et la résolution de la crise bancaire, restent à traiter », avertit-il cependant. Au-delà de la nécessité d’assainir la gestion du pays, il considère que le véritable enjeu des réformes que le gouvernement devra lancer est de rétablir l’attractivité du pays vis-à-vis des investisseurs étrangers à un moment où d’autres pays comme la Syrie sont revenus dans la course, avec la chute du régime de Bachar el-Assad. « Il faut être prêt à une véritable course pour attirer les investissements étrangers, car les mêmes fonds vont être redistribués », note-t-il.

Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais

Le président du RDCL, Nicolas Boukather, salue lui aussi « la formation d’un gouvernement, qui intègre des personnalités qualifiées et expérimentées ». Il considère que « cette nouvelle équipe marque une rupture avec les principes des accords passés, qui n’ont été qu’un outil de blocage empêchant toute réforme politique, judiciaire, financière et économique ».

« Nous attendons avec attention le contenu de la déclaration ministérielle ainsi que le vote de confiance, en espérant qu’ils s’appuieront fidèlement sur le discours d’investiture présidentielle », poursuit le chef du RDCL. « Il est désormais temps pour tous – le gouvernement, le Parlement, le secteur privé et la société civile – de travailler main dans la main, sans préjugés, et de se retrousser les manches pour exécuter les réformes tant attendues », enchaîne-t-il encore, ajoutant que l’objectif est de « libérer pleinement l’énorme potentiel du secteur privé, mobiliser la diaspora et attirer les investissements ainsi que le soutien de la communauté internationale, qui attend des actes, pas des paroles ». « Le temps imparti au gouvernement jusqu’aux prochaines élections parlementaires (en mai 2026) est extrêmement court. Le populisme risque de freiner ces réformes, et c’est là que réside l’enjeu : faire primer l’intérêt collectif sur les intérêts particuliers. »

Association des industriels libanais

Le chef de l’AIL, Salim Zeeny, considère que la composition du nouveau gouvernement est satisfaisante, tout en reconnaissant qu’il était difficile de constituer une équipe qui convienne à tout le monde. « La différence avec ce qui se passait avant est néanmoins nette », insiste-t-il. « Je ne vais pas donner de noms, mais je pense que, pour certains postes, nous avons les bonnes personnes au bon moment », poursuit-il. Il relève toutefois que certains ministres ont hérité de portefeuilles dans des domaines avec lesquels ils ont eu peu de contacts au cours de leur carrière. « Mais au vu de leurs parcours, ce sont de bons gestionnaires qui ont fait leurs preuves », ajoute-t-il. « Nous sommes optimistes. Le plus important à ce stade, c’est qu’ils s’entendent et se mettent au travail. S’ils en ont la volonté, ils pourront accomplir en six mois ce que d’autres n’ont pas fait en vingt ans », conclut enfin Salim Zeeny, en réponse à la question du temps imparti à cet exécutif avant les prochaines législatives.

Association des agriculteurs

L’un des principaux représentants du secteur primaire Antoine Hoyek, s’est montré le plus pessimiste. « Je reste sur ma faim. Malgré les changements au niveau de la forme, c’est le même mécanisme de répartition politique qui domine sur le fond », se désole le président de l’AA. « C’est un gouvernement politique, même si cela est moins prononcé qu’auparavant. Et les partis n’œuvrent pas pour l’intérêt général, mais pour servir leurs intérêts », lâche-t-il, avant d’ajouter qu’il espère être démenti, car « les défis sont nombreux, et il faut que les membres de ce nouveau gouvernement en prennent la mesure ».

Quelque peu rasséréné par la tournure prise par les événement depuis l’élection de Joseph Aoun le 9 janvier, le secteur privé a plutôt accueilli favorablement la formation du nouveau gouvernement par Nawaf Salam.Les représentants que L’Orient-Le Jour a contactés louent les qualités de la nouvelle équipe mise en place, mais rappellent que le travail ne fait que commencer. Certains...
commentaires (1)

Il faut déjà supprimer le droit au racket des nouveaux investisseurs pratiqué par Berry pendant des décennies, et qui était un frein pour la prospérité de notre pays. Tout le monde savait et personne n’osait le dire à commencer par nos médias qui étaient sous le contrôle, la menace et et le merci des usurpateurs. Maintenant les la vues devraient se délier et toute personne qui a subi ses outrances devraient l’attaquer en justice pour abus de pouvoir, vol et corruption.

Sissi zayyat

11 h 56, le 12 février 2025

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Commentaires (1)

  • Il faut déjà supprimer le droit au racket des nouveaux investisseurs pratiqué par Berry pendant des décennies, et qui était un frein pour la prospérité de notre pays. Tout le monde savait et personne n’osait le dire à commencer par nos médias qui étaient sous le contrôle, la menace et et le merci des usurpateurs. Maintenant les la vues devraient se délier et toute personne qui a subi ses outrances devraient l’attaquer en justice pour abus de pouvoir, vol et corruption.

    Sissi zayyat

    11 h 56, le 12 février 2025

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