Rechercher
Rechercher

Économie - Présidentielle au Liban

Le secteur privé optimiste après l'élection et le discours de Joseph Aoun

L'Association des banques du Liban a attendu le lendemain de l'élection pour publier un communiqué exprimant ses attentes. Le RDCL, l'Association des industriels et les syndicats d'agriculteurs avaient, eux, réagi le jour même.

Le secteur privé optimiste après l'élection et le discours de Joseph Aoun

Le nouveau chef de l’État libanais prononçant son discours, entouré par le président du Parlement, Nabih Berry (à droite), et le vice-président du Parlement, le député Élias Bou Saab, le 9 janvier 2025. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour

« On peut évidemment dire mabrouk au Liban. » Ces mots, prononcés par le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek, résument l’ambiance au sortir d’une séance parlementaire qui a mis fin à plus de deux ans de vide présidentiel, aboutissant à l’élection de Joseph Aoun à la présidence libanaise.

Les représentants du secteur privé, contactés par L’Orient-Le Jour, ont tous affiché leur optimisme face à ce dénouement, qui intervient après cinq ans de crise sans précédent et plusieurs mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, interrompue par l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu le 27 novembre dernier.

Plus encore que l’élection, c’est le discours prononcé par le nouvel occupant du palais de Baabda lors de son investiture qui a suscité l’enthousiasme du secteur privé. Le nouveau chef de l’État a promis « une nouvelle ère » aux Libanais, avec un projet visant à « changer de vision politique en matière de protection des frontières, de politiques économiques et de conception de l’État », pour ne citer que ces éléments. Contactés, les Organismes économiques, l’une des principales organisations patronales du pays, n’ont pas souhaité commenter l’élection à chaud. 

Lire aussi

Ruée sur la livre libanaise dans le sillage de la présidentielle

L'Association des banques

Muette le jour de l'élection, l’Association des banques du Liban (ABL) a, elle, réagi dans la matinée de vendredi dans un communiqué qui adresse  à Joseph Aoun « ainsi qu'au peuple libanais » ses «plus chaleureuses félicitations». L’ABL décrit l’élection comme une « étape importante (…) qui apporte l'espoir d'un avenir meilleur pour le Liban et rétablit la confiance de la communauté internationale dans notre pays bien-aimé ».

L'ABL applaudit également au discours prononcé par M. Aoun lors de son investiture, le qualifiant «d’engagement clair à réformer l'administration et les finances publiques, à lutter contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et le trafic de drogue, ainsi qu'à consolider l'indépendance et l'intégrité du système judiciaire». « Ces engagements sont essentiels pour répondre aux raisons qui ont conduit à l'inclusion du Liban sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) », affirme l’Association.

En octobre dernier, le Liban a été réintégré à la liste des pays sous surveillance de cette organisation de référence pour la conformité bancaire et la lutte contre la criminalité financière dans le monde.

L'Association a également exprimé son appréciation pour l'empressement du nouveau président à vouloir traiter la question de la restitution des dépôts bloqués par les restrictions illégalement mises en place par le secteur bancaire depuis 2019 « de manière équitable » et sa volonté d'assumer ses responsabilités avec la Banque du Liban et l'État libanais « d'une manière qui préserve les droits des déposants ».

L'ABL semble ici appeler Joseph Aoun à soutenir tout plan de résolution bancaire et de restitution des dépôts conforme à son approche, souhaitant faire porter l'essentiel de l'addition de cette opération à l'État, alors que le Fonds monétaire international considère que la « hiérarchie des responsabilités » doit être respectée.

L'ABL conclut son communiqué en espérant que l'élection soit le point de départ d'un effort «national» qui permette à l'État de « retrouver son prestige », au pays de redevenir un « centre financier » régional et aux banques, paralysées par la crise depuis 2019, de retrouver leur rôle dans le financement de l'économie productive.

Lire aussi

Le Liban peut-il profiter d'une éventuelle relance de l'économie syrienne ?

Le RDCL et l'ACB

Le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL), Nicolas BouKhater, a rebondi sur cette idée en indiquant que l’élection de Joseph Aoun à la présidence libanaise « marque un tournant décisif dans l’histoire contemporaine (et) une nouvelle page d’espoir » pour le pays.

« Sa vision axée sur la réforme structurelle, l’indépendance de la justice, la décentralisation administrative, la lutte contre la corruption, le contrôle et la délimitation des frontières, l’ouverture envers les pays arabes et la restauration de la souveraineté nationale offre une opportunité inédite de rétablir la confiance entre les citoyens résidents, non résidents, le secteur privé légal et leurs institutions », a-t-il déclaré. « C’est un moment de responsabilité et d’action, où tous les Libanais sont appelés à s’unir autour de ce projet commun : redonner à notre pays sa dignité, sa souveraineté, sa prospérité et son rôle historique », a-t-il ajouté.

L'Association des commerçants de Beyrouth a attendu vendredi soir pour féliciter le nouveau chef de l'État, considérant l'élection comme un « nouveau départ » pour le pays, notamment sur le plan des réformes, qu’il s’agisse de l’administration, de la justice ou de la lutte contre la corruption et le clientélisme. L’association a également assuré qu’elle mettrait « toute son énergie » à la disposition du nouveau président, dans le but de « reconstruire le pays ».

Lire aussi

Le meilleur du pire de nos députés libanais en 13 séances électorales !

Les industriels

« C’est une très bonne nouvelle pour le Liban, et cela fait longtemps que nous n’avions pas entendu un tel discours, purement patriotique, qui décrit un plan de travail pour redresser le pays », s’est réjoui, de son côté, le président de l’Association des industriels libanais, Salim Zeenni.

« En tant qu’acteur de l’économie libanaise et industriel, on ne peut qu’être positif, car tout ce que les acteurs de l’économie libanaise ont enduré a été mentionné. À l’entendre, on a l’impression qu’il a partagé cette expérience et qu’il parle en connaissance de cause. Je pense qu’on peut être optimiste, même s’il faut rester prudent jusqu’après la formation du nouveau gouvernement qui s’inscrive dans la même veine », a-t-il ajouté.

Les agriculteurs

Le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek, a évoqué pour sa part une « nouvelle étape pour le pays », considérant qu’il ne s’agissait pas tant d’une « question de personne » que d’« influence régionale ». « Je pense que cette élection s’inscrit dans la stratégie américaine qui ambitionne de rétablir la paix au Moyen-Orient. Comme en Syrie, même si les circonstances sont différentes, il y a une volonté de reconstruire un nouvel État », a-t-il poursuivi.

« Cela peut donc être le point de départ d’une nouvelle ère de développement et de croissance. Il reste bien sûr des défis – le confessionnalisme, la corruption, la présence de milices armées – que le nouveau président a annoncé vouloir relever dans son discours. Il aura le soutien de l’étranger pour y parvenir et des moyens, mais il reste à savoir mettre ces projets à exécution », a encore ajouté M. Hoyek, appelant à « profiter de ce momentum pour construire un État souverain ». « La route est ouverte, même si ceux qui veulent l’empêcher ne resteront sans doute pas les bras croisés », a-t-il conclu.

Le président de la Fédération des syndicats des agriculteurs de la Békaa, Ibrahim Tarchichi, a félicité Joseph Aoun dans un communiqué, soulignant que son élection « adresse un bon message du Liban à l’ensemble du monde arabe et international, ainsi qu’un message de réconfort pour les secteurs productifs », faisant là aussi directement référence à son discours. Il a également espéré que cette « nouvelle ère » favorise un développement de la coopération avec les pays arabes et permette de débloquer les voies d’exportation terrestres entre le Liban et le Golfe. Celles-ci ont été entravées ces dernières années, aussi bien par les décisions de certains pays arabes d’interdire l’importation de produits libanais que par les récents événements ayant provoqué un changement de régime aussi inattendu que soudain en Syrie. « La levée de l’interdiction des lignes d’exportation terrestres et le retour des convois agricoles vers les marchés du Golfe » sont essentiels, a-t-il déclaré.

« On peut évidemment dire mabrouk au Liban. » Ces mots, prononcés par le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek, résument l’ambiance au sortir d’une séance parlementaire qui a mis fin à plus de deux ans de vide présidentiel, aboutissant à l’élection de Joseph Aoun à la présidence libanaise.Les représentants du secteur privé, contactés par L’Orient-Le...
commentaires (1)

Le Liban a peut-être un nouveau président, mais il a toujours des banquiers mafieux. Quand les banques gagnent de l’argent, c’est leur argent. Quand elles perdent de l’argent, c’est notre argent. Cherchez l’erreur. En tout cas elles ne perdent rien pour attendre… leur tour viendra bien un jour…

Gros Gnon

14 h 54, le 11 janvier 2025

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Le Liban a peut-être un nouveau président, mais il a toujours des banquiers mafieux. Quand les banques gagnent de l’argent, c’est leur argent. Quand elles perdent de l’argent, c’est notre argent. Cherchez l’erreur. En tout cas elles ne perdent rien pour attendre… leur tour viendra bien un jour…

    Gros Gnon

    14 h 54, le 11 janvier 2025

Retour en haut