Israël « met en danger » le cessez-le-feu à Gaza, a déclaré samedi un haut responsable politique du Hamas dans un entretien avec l'AFP, alors que les négociations sur la deuxième phase de la trêve n'ont pas encore débuté.

Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas et ancien ministre de la Santé du gouvernement de Gaza, a mis en garde contre un possible effondrement de l'accord, tout en réaffirmant que le mouvement islamiste palestinien ne souhaitait pas reprendre la guerre contre Israël, déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023.

Samedi, la cinquième vague de libération d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens a eu lieu, à mi-parcours environ de la première phase de la trêve, qui a commencé le 19 janvier pour six semaines.

Vous affirmez que le Hamas reste engagé dans les négociations pour prolonger la trêve, mais y a-t-il encore une possibilité que la guerre reprenne ?

Bassem Naïm: Ce que nous constatons, c'est un retard et un manque d'engagement dans la mise en œuvre de la première phase, ainsi qu'une tentative de créer un environnement politique, diplomatique et médiatique destiné à faire pression sur les négociateurs palestiniens avant l'entrée dans la deuxième phase.

Cela met clairement l'accord en danger et pourrait mener à son arrêt ou son effondrement. Un retour à la guerre n'est ni notre souhait ni notre décision. Mais si une partie choisit de reprendre les hostilités, le peuple palestinien, qui a souffert pendant quinze mois et a la résistance dans son coeur, sera prêt à répondre de manière appropriée.

Lire aussi

En Syrie, les coulisses d’un changement de régime

Les négociations pour la deuxième phase de la trêve devaient commencer cette semaine à Doha. Quand auront-elles lieu ?

Bassem Naïm: Nous nous attendions à ce que les discussions pour la deuxième phase commencent (...) lundi dernier. Nous sommes toujours prêts à partir. Mais l'occupation (israélienne) retarde (...) jusqu'à présent, je n'ai pas de date spécifique pour le début du processus de négociation. Elles pourraient reprendre dans les jours qui viennent.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a parlé de normaliser les relations avec l'Arabie saoudite. Quelle est votre réponse ?

Bassem Naïm: Nous les appelons à ne pas normaliser. Nous appelons tous les pays arabes, tant ceux qui ont déjà normalisé que ceux qui envisagent de le faire, à se rétracter car cette entité (Israël) qui a usurpé la terre palestinienne il y a 76 ans, représente une menace pour toute la région, pas seulement pour les Palestiniens. C'est la cause de la plupart des problèmes de la région, et nous les appelons tous à arrêter cette normalisation ou toute nouvelle étape vers la normalisation.

Quelle est votre réaction au projet du président américain Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza et de déplacer ses habitants vers d'autres pays ?

Bassem Naïm: Forcer deux millions de Palestiniens à quitter leur patrie, quelle qu'en soit la raison, est un crime contre l'humanité et un acte de nettoyage ethnique. Tous les pays arabes, sans exception, ainsi que de nombreux États musulmans et d'autres nations à travers le monde, ont pris une position claire rejetant cette offre (...) parce que le peuple palestinien refusera de partir. Et aucun Etat n'est prêt ou disposé à les recevoir.