
Plaques d'or. Photo val-eric-go/Bigstock
La valeur des réserves d’or du Liban s’est appréciée de 1 milliard de dollars sur la seconde quinzaine de janvier, pour atteindre 25,7 milliards de dollars , selon les derniers chiffres publiés par la Banque Du Liban (BDL). Et comparée à leur valeur fin 2019, la hausse est d’environ 70 %, relève M. Nassib Ghobril, directeur du département de recherches de Byblos Bank.
Cela aurait un impact positif sur la balance des paiements du Liban alors que la méthode pour calculer cette dernière a été modifiée en janvier 2024 et inclut désormais l’or sous les réserves étrangères de la BDL, l’une des composantes de cet agrégat.
Cette hausse est notamment due à l'augmentation du cours de l’or sur le marché mondial, qui atteint vendredi un record de 2 880,23 dollars l’once (environ 31 g), avant de retomber à 2 860,71 dollars à 19h30 selon Reuters. Le cours gravitait aux alentours de 2 640 en début février, et a augmenté de 5 % depuis l'investiture du président Donald Trump le 20 janvier. À titre de comparaison, l’or valait 1 519 dollars l’once à la clôture fin décembre 2019, soulignant une augmentation de 88 % au cours des six dernières années. L’incertitude économique globale pousse les investisseurs à se tourner vers l’or, considéré comme une valeur refuge, alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine s’intensifient suite à la décision de Trump d’imposer des taxes douanières supplémentaires de 10 % sur les importations chinoises à la riposte de la Chine qui a suivi.
Avec 286 tonnes d’or (soit 9,2 millions d’onces), le Liban détient le deuxième plus grand stock de la région, dont 40 % sont déposés aux États-Unis. « Nous ne pouvons pas simplement nous asseoir et regarder la valeur de ces réserves d'or augmenter sans avoir un débat sérieux sur la manière dont le Liban pourrait en bénéficier », déclare Nassib Ghobril.
Vendre où ne pas vendre ?
« Le débat autour de la vente de l’or du Liban reste tabou », réagit Jean Riachi, PDG de I&C Bank. Mais il estime que « l’or devrait être liquidé en partie et l’argent utilisé pour rembourser les déposants. Pour les besoins de la politique monétaire, une banque centrale a besoin de réserves nettes comprises entre trois et six mois d’importations, soit dans le cas du Liban un maximum de 10 milliards de dollars. Or entre l’or et les liquidités la BDL dispose de plus de 35 milliards de réserves ». Et d'ajouter : « Outre qu’il y a un devoir moral de rembourser les déposants, l’effet sur l’économie serait positif.»
Le débat sur la vente de toute ou partie des réserves d’or de la Banque du Liban remonte aux débuts de la crise financière, de nombreuses voix, au sein du mouvement de contestation ou parmi des économistes, s’étant élevéee contre cette possibilité. L’économiste , ancien ministre du Travail et des Télécommunications Charbel Nahas avait par exemple déclaré à L’Orient-Le Jour en avril 2024 que « ce serait criminel de confier aux politiciens qui gouvernent le pays aujourd’hui une telle ressource et d’espérer qu’elle ait un impact positif sur l’économie nationale ». S’il n’était pas techniquement opposé à la vente de l’or pour aider l’économie nationale, il exprimait en revanche son opposition à la vente de la « seule richesse » du pays au profit de la classe politique actuelle. « Je ne suggère pas de le donner à l'État pour qu'il le dépense. Au contraire, je pense qu'il devrait être utilisé pour rembourser les déposants, car les gens gèrent mieux leur propre argent que les politiciens », rebondit Jean Riachi.
Nassib Ghobril, de son côté, propose une alternative qui n’implique pas la vente de l’or. « Nous pourrions mettre en garantie une partie de l’or, disons pour une valeur de 3 à 4 milliards de dollars, afin d’obtenir des liquidités et de les utiliser pour des priorités et projets préalablement évalués. Mais nous devons faire attention à l’utilisation de cet argent, et il doit créer de la valeur pour l’économie. »
Que ce soit en vendant une partie ou en le mettant en garantie, il doit être utilisé pour remboursé les déposants...!!!
09 h 40, le 10 février 2025