
Les habitants du village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, fument des narguilés devant une barrière ornée de drapeaux du Hezbollah, bloquant l’accès à leur village, à Bourj al-Moulouk, le 27 janvier 2025. / Photo AFP/ Rabih Daher.
Le Hezbollah aurait mis en place un « réseau secret » à travers le nord de l’Allemagne, comprenant mosquées, groupes de scoutisme et centres culturels, soutient le média d’État émirati The National dans un article publié le 3 février. Sans en préciser la durée, le quotidien souligne que l’enquête s’est appuyée sur des rapports judiciaires non publiés ou de services de renseignement, des correspondances officielles, des publications en ligne, ainsi que des entretiens.
Le quotidien émirati étaye son propos par la mention de faits déjà bien connus et documentés, s’étant déroulés ces deux dernières années. Il revient ainsi sur les arrestations par les autorités allemandes de membres présumés du Hezbollah- Hassan M. en mai 2023, Fadel Z. en juillet 2024 et Fadel R. en décembre 2024- pour des activités au compte du parti chiite dans les régions d’Hanovre ou Brême (financement d’associations, soutien à des interventions de prédicateurs proches du parti ou achat de composants de drones).
Hassan M. a été arrêté après que les enquêteurs ont trouvé « un morceau de papier » dans sa salle de bain, prouvant qu'il était « au cœur du réseau » et qu'il rendait des comptes directement à Hassan Nasrallah, qui « supervisait de près » le réseau.
Les arrestations de Hassan M. et des « deux Fadel » comme les nomme The National, ont permis de porter un coup dur au réseau du Hezbollah en Allemagne, « après que les services de renseignement l'aient « surveillé, mais échoué à le limiter pendant des années ».
Un des facteurs ayant permis le coup de filet des enquêteurs allemands serait le début de la guerre de Gaza, en octobre 2023, et l'implication du parti chiite, qui ont « poussé les autorités à agir ».
Le média revient également sur la présence d’un groupe scout al-Mustafa, dans le Centre islamique al-Mustafa à Berlin, lié à l’Iran, ainsi que sur des perquisitions opérées en juillet 2024 dans « 53 » propriétés appartenant au « Centre islamique de Hambourg » dans tout le pays. À ce moment-là, la ministre de l'Intérieur allemande Nancy Faeser avait accusé le centre de diffuser une idéologie extrémiste « dirigée contre la dignité humaine, contre les droits des femmes, contre une justice indépendante et contre notre Etat démocratique », et de « propager un antisémitisme agressif ».
Ces organisations agissaient comme « un réseau » pour les partisans du Hezbollah en Allemagne, « en l'absence d'une structure nationale ».
« Nous ne sommes pas actifs en Allemagne »
Les relations entre l’Allemagne et le Hezbollah n’ont cessé de se dégrader depuis le 30 avril 2020, lorsque l’Allemagne proclamait l’interdiction totale sur le territoire allemand des activités du parti chiite, longtemps réclamée par les Etats-Unis et Israël. Ce jour-là, l’Allemagne classait le Hezbollah comme une « organisation terroriste », n’opérant plus de distinction entre l’aile militaire et l’aile politique du parti, qui échappait, pour la majorité des pays européens, à cette mise à l’index.
Le jour-même, « plusieurs actions de police étaient menées dans diverses régions » d’Allemagne selon le ministère allemand de l’Intérieur. Etaient visées, des mosquées à Berlin, Brême et Münster ainsi qu'un « centre pour émigrés libanais » à Dortmund, avaient rapporté à l’époque les médias allemands Spiegel et Bild.
L’ancien chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, déclarait alors, quatre jours plus tard, le 4 mai 2020, que cette décision « politique (reflète) une soumission à la volonté américaine et vise à satisfaire Israël », assurant que « lorsque nous disons que nous ne sommes pas actifs en Allemagne, nous sommes sincères à 100% ».
Malgré ces coups portés au Hezbollah, les organisations visées par les enquêteurs allemands n'ont « pas encore complètement disparu », selon le média émirati.
Et selon un ancien analyste du FBI ayant écrit un livre sur le mouvement chiite, Matthew Levitt, cité dans The National, les activités de ces organisations du parti chiite dans le monde, notamment le recrutement d'adhérents, la diffusion des idées du parti et les collectes de fonds, « offrent au Hezbollah une bouée de sauvetage à l'heure où il a subi un effondrement humiliant au Liban ».
Ah oui on avait oublié d'antagoniser l'Allemagne... merci en avance de nous tous, pour nous enfoncer encore plus dans la poisse
09 h 06, le 08 février 2025