Des policiers lors d'une perquisition dans la « Mosquée bleue », abritant le Centre islamique de Hambourg, lors de raids à travers l'Allemagne pour des liens présumés avec le groupe Hezbollah, dans le nord de l'Allemagne, le 16 novembre 2023. Axel Heimken / AFP
La tension monte entre Téhéran et Berlin: après l'interdiction mercredi du « Centre islamique de Hambourg », accusé d'être une courroie du pouvoir iranien et de soutenir le Hezbollah, l'Iran a convoqué l'ambassadeur allemand.
Mercredi à l'aube, le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a lancé une vaste opération contre ce centre et ses organisations affiliées dans tout le pays, en raison de leurs liens présumés avec l'Iran. Ces dernières années, les appels s'étaient multipliés pour leur fermeture.
Dans la métropole du nord de l'Allemagne, des forces de police ont barré l'entrée de l'importante mosquée chiite Imam Ali, connue sous le nom de « Mosquée bleue » et propriété du « Centre islamique de Hambourg » (IZH).
Le ministère allemand de l'Intérieur a justifié l'interdiction en accusant la structure « d'extrémisme islamiste » et de poursuivre « des objectifs anti-constitutionnels ». Des perquisitions ont été menées mercredi matin dans « 53 » propriétés lui appartenant dans tout le pays.
« Nid d'espions »
Ce centre diffuse une idéologie extrémiste « dirigée contre la dignité humaine, contre les droits des femmes, contre une justice indépendante et contre notre Etat démocratique », a dénoncé la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser. En outre, il soutient, avec ces organisations affiliées, « les terroristes du Hezbollah et propage un antisémitisme agressif », a-t-elle dit.
Active dans toute l'Allemagne, la structure agit en « tant que représentant direct du +Guide de la Révolution+ iranien », affirme Berlin.
Au printemps dernier, le coprésident des Verts allemands, Omid Nouripour, d'origine iranienne, avait qualifié l'IZH « de plus important nid d'espions du régime iranien en Allemagne », l'accusant de surveiller les opposants en exil.
Fondé par des immigrés iraniens en 1953, le Centre islamique de Hambourg était déjà dans le collimateur des services de renseignement allemand depuis plusieurs années. Il possède des représentations à Berlin, Munich, Francfort notamment.
Après l'attaque contre Israël du mouvement islamiste Hamas, dont le Hezbollah pro-iranien est un allié, le 7 octobre 2023, les députés du Bundestag avaient renouvelé leurs appels à fermer l'IZH.
« Soupçons confirmés »
De vastes perquisitions avaient été menées en novembre 2023. Le matériel saisi a permis de « confirmer les soupçons » des autorités allemandes, explique encore la ministre de l'Intérieur. « Nous n'agissons pas contre une religion », précise Mme Faeser.
« Nous faisons clairement la distinction entre les islamistes, contre lesquels nous agissons avec fermeté, et les nombreux musulmans qui font partie de notre pays et vivent leur foi. La pratique pacifique de la foi et de la religion chiites n'est expressément pas concernée par notre interdiction », ajoute-t-elle.
Le centre « veut donner l'impression d'être une institution tolérante et purement religieuse, sans aucun projet ou lien politique. En réalité, l'enquête montre clairement qu'(il) n'agit pas seulement sur le plan religieux », écrit le ministère de l'Intérieur.
En tant que « représentant du +Guide suprême de la révolution+ iranien, il applique de manière conséquente et catégorique les directives politiques pour l'exportation de la +révolution islamique+ », selon la même source. Ses activités « montrent qu'il soutient et encourage la dimension militaire et politique du soi-disant +axe de la résistance+ (alliance politique et militaire entre l'Iran, la Syrie, des milices armées pro-Iran au Moyen-Orient, ndlr), en particulier l'alliance avec le groupe Hezbollah ».
Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, parmi lesquels les Etats-Unis, ceux de l'Union européenne, le Royaume-Uni et une majorité des Etats membres de la Ligue arabe.
En Allemagne, sa branche politique a longtemps été autorisée, avant d'être interdite en 2020. Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec Israël, qui font craindre une guerre à plus grande échelle.
C'est déjà en Allemagne qu'avait été arrêtée la semaine dernière une personne soupçonnée d'appartenir à un réseau fournissant au Hezbollah des pièces pour construire des drones kamikazes, qui auraient été utilisés dans des attaques contre le nord d'Israël. Trois autres suspects de ce réseaux avaient été appréhendés, eux, en Espagne.
Et pourquoi leur donne-t’on l’autorisation de construire autant de lieux de culte alors qu’ils ne sont pas drastiquement contrôlés. D’ailleurs, l’Europe est minée par la présence massive de musulmans extrémistes
20 h 03, le 24 juillet 2024