

Chère lectrice, cher lecteur,
Nisrine a pu remettre les pieds dans son village du Liban-Sud il y a quelques jours. Lundi après-midi, elle s’est posée sur une chaise en plastique devant sa maison rendue inhabitable par les bombardements israéliens. Et elle a fumé son narguilé. « Je ne m’attendais pas à autant de destruction », a-t-elle lâché. Moi non plus.
Depuis plus d’un an, l’on regardait les villages dans la bande frontalière subir une campagne de bombardements intenses par l’armée israélienne. Puis il y a eu l’invasion terrestre et le dynamitage des maisons par les soldats israéliens. Tout cela, l’équipe de l’Actu – ce service de L’Orient-Le Jour qui dort à peine - le rapportait dans le module « En direct », grâce aux précieuses infos de notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah.
L’on regardait tout cela, l’on s’attendait à un niveau élevé de destructions bien sûr, mais la réalité est bien pire. Le Sud n’est plus qu’un champ de ruines. Dans cet autre Liban, les habitants découvrent leur maison pulvérisée, comptent les morts et se demandent ce que leur réserve l’avenir. Je me le demande aussi, sur le chemin du retour vers ma partie du Liban. Là-bas, les bars et restaurants sont à nouveau pleins à craquer, on s’autorise à revivre et espérer - autant que possible - depuis l’arrivée du duo Salam-Aoun à la tête de l’État. Espérer qu’un jour, du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, l’on ne parle plus de « l’autre » Liban.
Lyana Alameddine, Reporter

Voici ma sélection d'articles pour cette semaine :


« Il était temps ! » : le déploiement de l’armée libanaise au Liban-Sud accueilli à bras ouverts
Malgré une certaine colère contre la troupe au lendemain du premier jour de retour au Liban-Sud, marqué par la mort de 22 personnes par des tirs israéliens, des habitants des villages libérés expriment leur joie face à l’affirmation tardive de la souveraineté libanaise. Reportage


Khiam, au Liban-Sud, est une localité dévastée. Les bombardements israéliens, intenses pendant les mois qui ont marqué le pic de la guerre avec le Hezbollah, c’est-à-dire entre septembre et novembre 2024, ont détruit une grande partie de cette bourgade située à quatre kilomètres de la frontière. Les traces de la guerre ne se réduisent pas aux ruines. Elles sont aussi partout dans deux villas encore à peu près debout. L’on y trouve des équipements militaires, laissés au pied d’un canapé crasseux, des produits hygiéniques, quelques denrées alimentaires. L’on y trouve, aussi, des dizaines de graffitis et messages laissés sur les murs d’un salon, d’une salle de bain, d’une chambre à coucher, par les soldats israéliens qui ont occupé la localité pendant près de six semaines. Diaporama


À Aïta el-Chaab, le retour coûte que coûte
Un chemin cabossé orné de bâtisses éventrées, des véhicules traversant en enfilade, drapeaux du Hezbollah aux fenêtres, smartphones filmant la scène : les habitants de Aïta el-Chaab au Liban-Sud, village déserté depuis le début du conflit le 8 octobre 2023, foulent enfin leur terre. Reportage


Dans la Békaa, la peur des réfugiés syriens pro-Assad face à l’inversion de l’histoire
Pris en main par le Hezbollah ou par des associations iraniennes et irakiennes, des dizaines de milliers de Syriens ayant fui après la chute du régime auraient trouvé refuge à Baalbeck et Nabi Chit. Reportage


Pourquoi le caza de Marjeyoun au Liban-Sud est stratégique pour Israël
C’est dans le caza de Marjeyoun que l’armée israélienne a manœuvré sans relâche à partir de mi-décembre, essentiellement à Meis-el Jabal, Khiam et Kfar Kila, y dynamitant bâtiments et infrastructures pendant plus de dix jours. Un caza dans lequel se trouveraient les principales « positions stratégiques clés », selon des experts militaires interrogés, au sein desquelles l’armée israélienne voulait se maintenir malgré les termes de l'accord conclu entre les deux belligérants. Explications


Après les chiites, Salam face au nœud chrétien
Nawaf Salam n’est pas au bout de ses peines. Après avoir réussi à aplanir dans une large mesure l’obstacle chiite, sans toutefois le franchir définitivement, le Premier ministre désigné doit encore défaire le nœud chrétien qui risque de retarder la mise en place de son équipe. Explications


À Riyad, Ahmad el-Chareh entend construire la nouvelle Syrie
Pour son premier voyage officiel, le président syrien par intérim a choisi l’Arabie saoudite, espérant profiter de son influence pour stabiliser son pays et faire lever les sanctions. Décryptage