Tout le bleu du ciel, film diffusé sur TF1 et Netflix lundi dernier, est l’adaptation d’un roman phénomène, qui a rapidement fait d’une parfaite inconnue, Mélissa Da Costa, la numéro un du roman en France.

Plus d’un million d’exemplaires, au Livre de poche, se sont vendus de ce long récit (plus de 800 pages) d’un voyage sur les routes des Pyrénées de deux jeunes gens unis par le hasard d’une petite annonce.

À l’écran, Émile, « jeune homme condamné par une forme d’Alzheimer précoce », est incarné par Hugo Becker, et Joanne par Camille Lou, déjà associés dans la série Je te promets.

À la réalisation, Maurice Barthélémy, révélé par l’humour déjanté des Robins des bois, ne force pas les effets pour montrer l’alchimie naissante entre les deux personnages.

Étonnant parcours que celui de cette œuvre, partie de rien, à savoir les premiers essais d’écriture d’une lycéenne de la région de Mâcon, issue d’un milieu modeste.

Rôle de gendarme

« Quand j’ai commencé ce roman, j’avais 17 ans. Et je voulais écrire une belle histoire d’amour autour du voyage, une ode à la liberté », disait Mélissa Da Costa lors de la présentation du film à la presse.

Elle l’achève à 27 ans, et faute de mieux, s’auto-édite sur Amazon, sous le titre Recherche compagnon de voyage pour ultime escapade. Le roman est repéré par un petit éditeur qui n’existe plus aujourd’hui, Carnets Nord, et qui le publie sous son nouveau titre en 2019. Puis repris en poche en 2020.

Mélissa Da Costa, à 30 ans, vend alors les droits d’adaptation à une boîte de production, En voiture Simone. « C’est difficile à croire aujourd’hui, mais à l’époque peu de monde s’intéressait à mon livre », se souvient-elle.

Comment anticiper le succès foudroyant de Tout le bleu du ciel, porté par le bouche-à-oreille, et sa jolie couverture, où un van Volkswagen miniature émerge de l’herbe ?

« Quand je l’écris, je ne pense même pas à une publication », confie l’autrice.

Quelques années plus tard, la voilà à jouer le rôle d’une gendarme dans le film. « C’était drôle. Passer au maquillage, à la coiffure... Les nombreuses prises qu’on a dû faire... Ça m’a beaucoup amusée. »

Passer les frontières

Maurice Barthélémy est à côté d’elle lors de cette scène, où ils contrôlent les papiers du véhicule.

« Je voulais retrouver le van qu’il y avait sur la couverture », raconte-t-il. Le pari de reprendre le même modèle, un Combi orange, a valu quelques ennuis mécaniques sur le tournage. Mais il parlera aux nombreux fans de cette surdouée.

Pour la deuxième année consécutive, Mélissa Da Costa a été en 2024 la meilleure vendeuse de livres en France. Elle a écoulé près de 1,2 million de romans sur l’année, contre 1,1 million pour Guillaume Musso.

Être aussi lue, générer de longues files d’attente à chaque rencontre avec le public, se voir présenter de multiples projets d’adaptation de ses fictions, « tout ça relevait du fantasme, qu’on peut se jouer quand on commence à écrire », souligne la romancière.

Prochaine étape : passer les frontières. Tout le bleu du ciel a connu, rapporte cette mère de deux jeunes enfants, « un succès fulgurant dès sa sortie aux Pays-Bas, où je n’étais absolument pas connue. En Italie il marche bien... Je suis allée fin novembre et début décembre au Canada, en me disant que ça allait être plus cool qu’en France. Ça ne l’a pas été tant que ça : il y avait une communauté de lecteurs qui m’attendaient ».

Netflix ne prévoit de diffuser le film qu’en France au départ. Mais il pourrait le proposer dans d’autres pays ensuite.

Hugues HONORÉ/AFP