
Détonation effectuée par l’armée israélienne à Houla, au Liban-Sud, le 23 janvier 2025. Photo envoyée au correspondant de L’OLJ par des habitants
À l’approche de la date butoir fixée par l’accord de cessez-le-feu au 26 janvier pour le retrait israélien, le Hezbollah a lancé, dans un communiqué jeudi, un avertissement à l’État hébreu et la communauté internationale. Condamnant « une violation continue de la souveraineté libanaise à laquelle l’État doit répondre », le parti chiite a abordé « certaines fuites évoquant un report du retrait ou une prolongation de la présence de l’ennemi en territoire libanais ». Il a donc affirmé que les acteurs impliqués dans la mise en œuvre de l’accord devraient travailler pour « garantir le retrait total et le déploiement de l’armée libanaise jusqu’au dernier centimètre du territoire libanais et le retour rapide des populations dans leurs villages, et non céder à aucune excuse ou prétexte pour prolonger l’occupation ». « Que chacun, notamment les autorités politiques libanaises, agisse efficacement et suive les derniers jours avant l’échéance », a-t-il ajouté, appelant le gouvernement à faire pression sur la communauté internationale pour empêcher Israël de prolonger sa présence au Sud. « Nous n’accepterons aucune violation de l’accord, ni aucun manquement aux engagements, ni aucune tentative d’y échapper sous des prétextes fallacieux, ajoute le communiqué. Nous appelons à un respect strict de l’accord sans aucune concession. »
Dans ce contexte, le président du Parlement, Nabih Berry, a rencontré le chef du comité de surveillance du cessez-le-feu, le général américain Jasper Jeffers, en présence de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Lisa Johnson, à Beyrouth, pour examiner la situation et discuter du retrait d’Israël et de ses violations, a rapporté l’Agence nationale d’information.
Côté israélien, le porte-parole du gouvernement David Mercer a déclaré jeudi aux journalistes que, bien qu’Israël constate des « mouvements positifs » où l’armée libanaise et la Force des Nations unies au Liban (Finul) ont remplacé le Hezbollah, « nous avons également clairement indiqué que ces mouvements n’ont pas été assez rapides, et qu’il reste encore beaucoup à faire », a-t-il dit, cité par Reuters. Il n’a pas répondu directement aux questions concernant une éventuelle demande d’extension de l’accord de la part d’Israël, ni précisé si les forces israéliennes resteraient au Liban après la date limite de 60 jours. L’ambassadeur israélien aux États-Unis, Michael Herzog, a ainsi déclaré jeudi qu’Israël est en discussion avec l’administration Trump pour prolonger la présence de l’armée israélienne dans le sud du Liban au-delà de la date limite de dimanche, « afin de permettre à l’armée libanaise de se déployer réellement et de remplir son rôle selon l’accord ». « La nouvelle administration comprend nos besoins sécuritaires et notre position, et je crois que nous parviendrons à un accord sur cette question », a-t-il ajouté.
Les violations israéliennes persistent
Sur le terrain, l’armée israélienne a poursuivi ses destructions au Sud jeudi. Dans la matinée, les troupes israéliennes ont mis le feu à une maison dans le quartier oriental du village de Qantara, dans le caza de Marjeyoun, démoli des bâtiments dans des zones agricoles du secteur de Maysset à Wazzani, dans ce même caza, et effectué de grandes détonations à Meis el-Jabal et Kfar Kila plus tard dans la journée. En matinée, l’armée israélienne a également fait sauter tous les parcs de plaisance construits sur les rives du fleuve Wazzani, ont indiqué des habitants et témoins de la région. Une opération qui a duré plus d’une heure, selon eux. Plus de 11 parcs sont construits sur les rives du fleuve Wazzani, à proximité de la frontière libano-israélienne. Dans l’après-midi, dans le village de Houla (Marjeyoun), Israël a piégé des installations liées au projet hydraulique connu sous l’appellation « Canal 800 » avec des explosifs et les a détruites. Tout au long de la guerre, d’octobre 2023 à novembre 2024, Israël a ciblé des infrastructures nécessaires à l’approvisionnement en eau des habitants du sud du Liban, coupant l’accès à l’eau de dizaines de villages.
La Finul a, elle, déclaré à L’Orient-Le Jour jeudi que deux soldats du contingent finlandais avaient été « légèrement blessés » la veille par une « explosion probablement liée à une démolition contrôlée près de Markaba (Marjeyoun) ». « En plus de ces blessures, un véhicule de l’ONU a été gravement endommagé », a déclaré le porte-parole de la force onusienne, Andrea Tenenti, réitérant « l’importance pour les parties de garantir la sécurité et la sûreté du personnel et des locaux de l’ONU ».
Israël a pour sa part affirmé, par l’intermédiaire de son porte-parole arabophone Avichay Adraee, que ses forces avaient confisqué et détruit des armes appartenant au Hezbollah dans le sud du Liban, bien qu’il n’ait pas précisé quand cela s’était produit. Selon lui, les forces de la 7e brigade, commandée par la division de Galilée (91), « ont trouvé de grandes quantités d’armes, y compris des roquettes Kornet, des bombes et des fusils Kalachnikov », toutes confisquées ou détruites. « Les troupes ont également trouvé plusieurs routes de tunnels souterrains utilisées comme abris et sites de stockage d’armes pour... le Hezbollah », a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur X.
Des habitants attendent de revenir
Jeudi, les habitants de Khiam (Marjeyoun) sont arrivés au point de contrôle de l’armée libanaise à l’entrée nord de leur ville, en route pour revenir chez eux après le retrait de l’armée israélienne. À Naqoura (Tyr), les habitants ont également été autorisés à revenir, mais uniquement pendant quatre heures, sous la supervision de l’armée libanaise, et seulement pour inspecter leurs propriétés, a indiqué le maire de Naqoura, Abbas Awada. Celui-ci a expliqué que cette période de quatre heures visait à préparer les conditions pour un retour approprié, qui n’ont pas encore été remplies. Les habitants de Naqoura attendent une décision finale de l’État libanais concernant leur retour, a précisé le maire. Plusieurs véhicules de l’armée libanaise ont été stationnés à l’entrée de Aïta al-Chaab, dans le caza de Bint Jbeil.
Enfin, les équipes de recherche et de sauvetage de la Défense civile ont retrouvé deux autres corps sous les décombres à Khiam, où elles travaillent depuis plus d’un mois pour retrouver des dizaines d’habitants portés disparus et tués lors des bombardements israéliens. Depuis leur entrée dans les zones évacuées par l’armée israélienne, accompagnées par l’armée libanaise, les équipes de secours ont découvert des dizaines de corps, qui ont été envoyés dans des hôpitaux locaux pour des tests ADN.
Il se trouve que ça n’est plus le HB qui décide du retrait ou de l’expansion des troupes israéliennes qu’ils insisté lourdement à les inviter en croyant pouvoir les chasser par un simple cessez-le-feu. Les règles ont changé et les voilà devant leur incapacité à concrétiser leur fantasme de rester les seuls décideurs de leur sort comme celui de notre pays. Fini terminé.
13 h 26, le 24 janvier 2025