
Le Premier ministre libanais désigné, Nawaf Salam (d), reçu par le Président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné, le 17 janvier 2025. Photo Hassan Ibrahim/Compte Flickr du Parlement
Au lendemain des consultations parlementaires non-contraignantes, le Premier ministre désigné Nawaf Salam estime être en mesure de pouvoir composer bientôt son gouvernement. C'est en tout cas ce qu'il a laissé entendre en sortant d'une réunion à Baabda avec le chef de l'État nouvellement élu Joseph Aoun, au terme d'une journée au cours de laquelle il a aussi rencontré le président du Parlement Nabih Berry, ainsi que le président français Emmanuel Macron, de passage à Beyrouth.
« J’ai informé le président Aoun des résultats des consultations avec les groupes parlementaires. L’ambiance est plus que positive, et le processus de formation du gouvernement progresse dans la bonne direction. J’annoncerai bientôt les noms des ministres du nouveau cabinet », a déclaré M. Salam après sa réunion à Baabda. « Nous connaîtrons la position du président de la Chambre , sur le gouvernement une fois la composition finalisée », a-t-il ajouté, cité dans un communiqué publié par Baabda.
S'agissant de son échange avec le président français qu'il aurait rencontré à la Résidence des Pins à Beyrouth selon plusieurs témoins présents pour une réception organisée sur place, M. Salam a affirmé avoir insisté auprès de lui « pour que le retrait israélien soit immédiat et sans délai ».
« La communauté internationale doit faire pression »
« Tout retard menace la stabilité du pays, a-t-il poursuivi. Toute la communauté internationale doit faire pression en ce sens. » Selon le communiqué de Baabda, Nawaf Salam a assuré qu'il formulerait la même demande au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, qui a lui aussi entamé jeudi soir une visite de deux jours au Liban. Les deux hommes se sont déjà rencontrés vendredi, selon Nawaf Salam, et doivent en principe se retrouver samedi, à en croire l'agenda fourni par l'ONU en amont de la visite de M. Guterres.
M. Salam, avait été reçu dans la matinée par le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné après deux journées de consultations parlementaires, boudées par le tandem chiite Hezbollah-Amal. À l’issue de la réunion, le Premier ministre désigné a affirmé que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, « les consultations parlementaires ne se sont pas terminées hier (jeudi), puisque je les ai complétées aujourd’hui », ajoutant qu’ « il n’y a pas d’autre choix que l’entente ». Pour sa part, M. Berry a qualifié de « prometteuse » sa rencontre avec Nawaf Salam.
Redressement rapide
Au sujet du résultat des consultations, M. Salam a insisté sur le fait que « tous les groupes parlementaires s’accordent à dire que le pays a besoin d'un redressement rapide et qu’il faut œuvrer à le sauver, une tâche à laquelle je m’engage ».
« Je travaillerai 24 heures sur 24 au sauvetage du pays, et ne permettrai aucun atermoiement ni échec dans la formation du gouvernement », a-t-il ajouté. « Je me suis entendu avec M. Berry sur la nécessité de s’appuyer sur la constitution et sur l’accord de Taëf », a également dit M. Salam, qui a assuré qu’il n’y aurait « aucune distribution de portefeuilles ni de désignation de ministre avant la coordination et l’accord du président Joseph Aoun ».
Interrogé à Baabda sur le fait de savoir si le tandem chiite Amal-Hezbollah allait être inclus dans le gouvernement, Nawaf Salam a simplement répondu qu'il avait besoin de temps. A une autre question lui demandant si le processus de formation du nouvel exécutif devant remplacer celui de Nagib Mikati, démissionnaire depuis mai 2022, avait pris du retard, il a répondu qu'il venait d'être nommé et souligné que la formation des précédents gouvernements avait l'habitude de prendre « 7, 11 ou 12 mois ». Avant de conclure : « Il ne sera pas en retard (...) je travaillerai 24 heures sur 24, cela signifie qu'il y aura un projet de formation du gouvernement dès que possible »
M. Salam avait terminé jeudi sa deuxième journée de consultations parlementaires non-contraignantes en vue de former un gouvernement - si on exclut la rencontre avec Nabih Berry, qui est le chef du mouvement chiite Amal. Cette réunion avait été annoncée mercredi, après l’abstention des députés chiites.
Selon nos informations, c'est de cette réunion que dépend largement le futur cabinet. Lors de l'entretien, les deux dirigeants devaient plancher longuement sur les critiques chiites générées par les consultations parlementaires contraignantes de lundi dernier, qui avaient débouché sur la nomination de M. Salam sans aucune voix des représentants de la communauté chiite.
Enfin, s'exprimant à Baabda sur son échange avec le président français, le Premier ministre désigné a indiqué que le pays comptait sur le soutien de la France, non seulement à travers la conférence internationale pour la reconstruction annoncée dans la journée par Emmanuel Macron, mais aussi pour relancer les projets inclus dans la conférence CEDRE, une précédente rencontre de soutien organisée en avril 2018 à Paris sous le gouvernement de Saad Hariri. Au cours de conférence, 11 milliards de dollars d'engagements avaient été pris par les organisations et pays donateurs. Ces fonds n'ont jamais été débloqués, les réformes demandées en échange aux dirigeants libanais n'ayant jamais été mises en place.
Il faut se préparer à une grande déception. Nawaf Salam avait dit ne pas vouloir, reproduire les erreurs du passé, Or, il semble user exactement de la même méthode que ses prédécesseurs. Le Liban a besoin d’un pouvoir fort, de gens compétents, honnêtes et qui placent le Liban avant tout. On dirait qu’au contraire, on s’achemineencore vers un gouvernement dit "d’union nationale", c-à-dire où tous les partis sont représentés, chacun tirant à soi la couverture et où la seule entente pourra se faire, éventuellement, sur la couleur de la nappe qui recouvre la table se la salle de réunion.
08 h 46, le 19 janvier 2025