Ruée sur la livre libanaise dans le sillage de la présidentielle

« Depuis mercredi après-midi, mon téléphone n’arrête pas de sonner. J’ai deux fois plus de personnes qui m’appellent pour changer des dollars contre des livres libanaises que le jour d’avant », indique Élie*, employé dans un bureau de change. « Cette forte affluence continue encore jusqu’à maintenant », poursuit-il jeudi, en parallèle de la séance parlementaire pour l’élection d’un nouveau président libanais.

Comme lui, de nombreux bureaux de change ont connu mercredi une ruée d’individus venus effectuer de telles transactions, misant sur le fait que la monnaie nationale s’appréciera suite à l’élection d’un nouveau président de la République, après plus de deux ans de vacance, comme l’ont montré des images prises à Tripoli (Liban-Nord) et dans la banlieue sud de Beyrouth, et circulant sur les réseaux sociaux.

« Rumeurs ridicules »

Des images qui évoquent le cœur de la crise monétaire, lorsque la livre dégringolait de jour en jour, pour perdre jusqu’à 98 % de sa valeur, entre l’été 2019 et mars 2023, avant de se stabiliser autour de 89 500 LL/1 USD à partir d’août 2023. Mais cette fois, ce sont des anticipations inverses qui ont poussé les Libanais vers les guichets : cela « a commencé avec des rumeurs ridicules concernant l’appréciation de la livre », souligne de son côté un banquier, « mais je ne pense pas que ce sera le cas ». Car à moins d’un changement dans la politique du gouverneur par intérim de la banque centrale, Wassim Manssouri, le taux de change devrait rester stable, dans la poursuite de la politique monétaire menée depuis le départ de Riad Salamé à l’été 2023. D’ailleurs, même si cette appréciation a lieu, les prix en dollars resteront fixes mais les marchands ne baisseront pas leur équivalent en livres », continue le banquier.

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Si L’Orient-Le Jour n’était pas en mesure de vérifier les quantités de dollars échangés contre des livres libanaises mercredi et jeudi, ces volumes n’ont pour l’instant pas eu d’impact sur le taux de change. « La fourchette est toujours comprise entre 89 000 et 89 700 livres pour un dollar, en fonction de si la personne achète ou vend », précise l’employé du bureau de change. C’était toujours le cas jeudi en début de soirée après l’annonce de l’élection du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, à la magistrature suprême.

Par ailleurs, cet épisode a lieu à peine quelques jours après que les milieux bancaires et financiers ont assisté à de fortes turbulences sur le marché des taux d’intérêt sur les dépôts en livres libanaises, avec des taux atteignant les 45 %, avant de connaître une correction ces derniers jours après une amélioration relative des liquidités disponibles sur le marché.

* Le prénom a été modifié.