D’une année à l’autre, on prend les mêmes bouffons et on recommence. En ce début de 2025, on n’a d’ailleurs que l’embarras du choix face à l’engeance piteuse d’une classe politique sérieusement avariée. Nos vieux birbes dégénérescents continuent de payer de leur personne et, comme pour conjurer ces temps de pénurie et de cherté, placent leurs âneries sous le signe de l’abondance.
Au milieu de ce cirque surréaliste, rien que des pros, tantôt de la prise de bec et du bourre-pif, tantôt de la repentance bidon, prétexte à embrassades puis à pelotage si affinités. Ils se castagnent ou se bécotent sur des petits riens et des grands principes. Bref, ils paradent et occupent le terrain. Pour l’heure, cette société très peu anonyme, mais à irresponsabilité illimitée dégoise à grand fracas sur des sujets aussi fondamentaux que planétaires : comment bricoler l’article 49 de la Constitution afin d’amener au Château le premier des bérets étoilés, sans risquer de morfler six ans de tronche renfrognée et d’index levé ? Peut-on s’essuyer les pieds sur la candidature du Basileus sans avoir à lui décerner une médaille pour blessure d’amour-propre ? Peut-on apaiser les démangeaisons présidentielles du Déplumé de Meerab sans susciter la jalousie de la cohorte des candidats qui bavent sur le même fauteuil ? Mystère et pédalage dans la semoule.
L’Ancêtre de Aïn el-Tiné, lui, l’a échappé belle. Il a senti tout près de l’oreille le souffle du boulet et a survécu à son compère barbu des cavernes. Le choc pour lui devait être étourdissant et le coïtus définitivement interruptus… Aujourd’hui complètement requinqué, il tire déjà des plans sur la comète. Aussi, est-il rapidement revenu à son dada de président consensuel, une espèce de fifty-fifty, moyen-moyeu-mou de l’entre-deux, mi-pastèque mi-melon, qui se fera balader par les ténors parlementaires en échange de leur voix. Puis avec les ravages de la sénilité, il nous resservira sans doute sa lubie des législatives anticipées, agrémentées d’une circonscription unique et de bulldozers chiites au diesel iranien.
À l’autre bout du sèche-linge, un autre cirque : celui de la brouettée des maronites rêvant d’un trône nommé désir. Un confetti d’hominidés qui se la jouent profil rase-moquette, mais vitupèrent à tout hasard contre les Israéliens pour faire bonne figure et pas cramer leurs chances auprès des communautés d’en face. Certains, les pauvres, se croient même obligés de passer le plumeau sur le veston d’Istiz Nabeuh à chaque fois qu’ils abordent le sujet. Lequel se sent pousser des ailes, mais continue de voler bien bas.
L’Aïeul haut perché ferait mieux de se rappeler l’adage : on ne monte pas sur le mât de cocagne quand on a un trou dans le caleçon.
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GABY NASR, FORMIDABLE ! MAIS. LE TROU EST SI BEANT DANS LE CALECON...
13 h 57, le 03 janvier 2025